Ce mercredi 18 septembre, le maire de Mana, Jean-Paul Ferreira, accompagné d'agents de la Communauté de Communes de l’Ouest Guyanais (CCOG), a présenté aux habitants de Yalimapo un dispositif innovant pour lutter contre la submersion marine : le « Water Gate ». Ce barrage souple et amovible, fourni par la société MégaSecur Europe, a été déployé sur 263 mètres le long de la plage de Yalimapo. Le village amérindien Kali'na, situé en bordure de l’océan Atlantique, est régulièrement menacé par de fortes marées qui érodent ses côtes. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
Ce système, qui sera activé en fonction des prévisions de Météo France concernant la hauteur des marées et de la houle, se veut une réponse immédiate aux risques de submersion. Dix-neuf agents des communes de Mana, Awala-Yalimapo et Saint-Laurent-du-Maroni ont été formés pour son installation et sa gestion. Si le dispositif suscite de l’intérêt, il ne lève pas pour autant toutes les inquiétudes des riverains.
Josy Joseph, membre du collectif des habitants de Yalimapo, a exprimé sa frustration face au manque de communication et une attente mitigée : « Oui et non nous, habitants de Yalimapo, qui vivons quotidiennement ici. Oui, parce qu'on voit quelque chose de concret aujourd'hui... mais non, dans le sens où on n'est pas rassuré, parce que la communication n’est venue que sept mois après que le collectif ait interpellé le maire pour avoir des solutions à plus ou moins long terme. Jusqu'à présent, nous n'avons pas été associés aux discussions avec les autorités compétentes. Cela crée une frustration ».
Pour les habitants, la submersion marine n’est qu’un des aspects des problèmes liés à l’érosion côtière, et la question d'un éventuel déplacement du village reste une préoccupation majeure. Pascal Klein, représentant de la société MégaSecur Europe, a détaillé les capacités techniques du Water Gate : « C'est une digue souple qu'on déploie en à peu près vingt minutes sur 260 mètres. Toutes les barrières sont déjà pré-attachées entre elles, donc c'est comme construire un mur de 50 cm de haut sur 250 mètres de long en quelques minutes ».
Il précise que ce dispositif est conçu pour retenir l'eau durant quelques heures, en cas de forte houle, avec l’aide de pompes pour évacuer les infiltrations éventuelles. Bien que ce dispositif soit temporaire, il est conçu pour répondre rapidement à des situations d’urgence, permettant ainsi de limiter l'impact des marées sur les habitations côtières.
De son côté, Sophie Charles, présidente de la CCOG, a souligné l’importance d’un dispositif respectueux de l’environnement. La plage de Yalimapo étant un site de ponte pour les tortues marines, il était essentiel de ne pas utiliser de constructions permanentes. « Partout ailleurs, on voit souvent des digues en dur, mais ici, nous voulions préserver cet écosystème unique. C’est la première fois que nous déployons ce dispositif, nous verrons sur le long terme s’il est efficace ».
Le Water Gate, dont le coût total s’élève à 110.000 euros, est cofinancé par l'État et la CCOG. Il pourra être utilisé dans d'autres communes de l'ouest guyanais, également confrontées à des risques d'inondation. Le déploiement à Yalimapo est prévu jusqu’au jeudi 19 septembre 2024, date à laquelle une première évaluation de son efficacité sera réalisée.
Si le Water Gate constitue une avancée technique dans la protection des zones côtières de l’Ouest Guyanais, les habitants restent en attente de solutions pérennes face à l’érosion. Pour l’heure, ce dispositif d’urgence est une réponse temporaire à la menace des marées, mais il ne saurait remplacer une réflexion globale sur la préservation des territoires et le devenir des villages côtiers.
Damien Chaillot