Le nouveau pont du Larivot, projet d'infrastructure majeure en Guyane, ne sera pas livré à la date prévue. C'est ce qu'a confirmé, ce lundi, Yvan Martin, directeur général des territoires et de la mer (DGTM). Les travaux, qui ont commencé depuis plusieurs mois, sont freinés par des difficultés techniques et géotechniques, notamment au niveau des fondations et des culées. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
Le chantier, qui vise à remplacer l'ancien pont du Larivot, rencontre des obstacles imprévus liés aux conditions du terrain, particulièrement du côté de la rive droite, où les sols vaseux compliquent la mise en place des fondations. « Il y a eu un arrêt des travaux de fondation afin d'analyser et comprendre la situation », a déclaré Yvan Martin, ajoutant que les berges vaseuses et la présence de mangroves sont des spécificités locales qui rendent ce chantier particulièrement complexe. « Si on n'arrive pas à résoudre les problèmes côté rive droite, côté Larivot, il est clair qu'on ne pourra pas lancer le tablier », a-t-il précisé.
Sur les 19 piles du futur pont, seules deux sont aujourd'hui hors d'eau, tandis que les travaux pour les autres piles sont à l'arrêt. Yvan Martin a également expliqué que les difficultés rencontrées sont liées à des écarts parfois minimes entre les études de sol préalables et la réalité observée lors de la construction, pouvant aller de quelques centimètres à plusieurs dizaines de centimètres. Des analyses supplémentaires sont en cours pour identifier les solutions techniques adéquates.
Conséquences sur les coûts et les délais
Ce retard entraîne inévitablement des surcoûts. Yvan Martin a reconnu que cette interruption prolongera les délais et occasionnera des coûts supplémentaires, notamment pour maintenir les équipements en place, comme les barges et autres moyens nautiques. « Cela coûte très cher », a-t-il admis, précisant que l'État, en tant que maître d'ouvrage, devra probablement prendre en charge une partie de ces surcoûts. Pour l'instant, le montant exact de l'augmentation des coûts n'est pas encore déterminé, et des discussions financières auront lieu dans le cadre de l'instance de dialogue technique récemment mise en place. Le responsable a aussi souligné les difficultés logistiques inhérentes à la Guyane : « Quand vous faites venir du matériel ici, c'est très spécifique, et cela prend beaucoup plus de temps qu'en métropole ». Cette logistique allonge encore davantage les délais de livraison.
Une alerte lancée par le député Jean-Victor Castor
Jean-Victor Castor, député de Guyane, avait déjà alerté les autorités sur ces retards. Dans un entretien avec Radio Péyi, il a rappelé que 85 % des fonds destinés aux infrastructures en Guyane sont alloués à ce pont, initialement budgétisé à 150 millions d’euros, mais dont le coût réel a déjà largement dépassé ce montant. Selon lui, le gouvernement doit clarifier la situation : « Quand on a un investissement aussi important, ça ne peut pas se dérouler dans l'opacité sans que la population et les élus soient informés de ce qui se passe ». Le député a également soulevé la question de l’impact sur les petites entreprises locales, sous-traitantes du projet, qui pourraient subir les conséquences de l’arrêt du chantier. Pour rappel, l'État finance la totalité du chantier du nouveau pont du Larivot, estimé à 190 millions d'euros.
L'actuel pont du Larivot a déjà subi un affaissement par le passé, ce qui avait causé de longs mois de perturbation sur la nationale 1. Le deputé a ainsi demandé des garanties sur le phasage des travaux, pour éviter de nouveaux incidents. Les semaines à venir seront décisives pour déterminer quelles solutions seront mises en œuvre pour surmonter ces difficultés et permettre la reprise des travaux.
Damien Chaillot