L'arrêté préfectoral du 20 avril dernier, prolongé le 21 mai dernier, instaurant un couvre-feu pour les mineurs non accompagnés, est levé depuis dimanche 23 juin à minuit. Certains, comme le maire de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, s'interrogent déjà sur l'après. Précisions avec notre partenaire RCI Guadeloupe.
C’est la fin du couvre-feu pour les mineurs, à Pointe-à-Pitre et aux Abymes. L’arrêté pris le 20 avril dernier, instaurant l’interdiction temporaire de circulation, a été levé par le préfet ce dimanche 23 juin, à minuit. Il avait été prolongé une fois, en mai dernier. «Cet arrêté préfectoral était une mesure exceptionnelle pour faire face à une augmentation importante de la délinquance des mineurs, dans le contexte de recrudescence de vols à main armée et d’homicides », rappelle la préfecture dans un communiqué»
Selon elle, le couvre-feu, complété par d’autres mesures comme les opérations « Place Nette » ont permis d’obtenir des résultats significatifs : -8,9 % des faits commis par des mineurs sur la période d'application de l’arrêté (contre 16 % au premier trimestre 2024).
Baisse de la délinquance
Sur l'ensemble de la zone police, la délinquance des mineurs est d’ailleurs restée stable (9,5 % sur la période d'application de l’arrêté, contre 10 % sur le premier trimestre 2024), mais au-dessus de ce qui était constaté en 2023 (6 %). La tendance est également à la baisse pour la délinquance générale (-15% de faits enregistrés sur la période de l’arrêté par rapport aux 4 premiers mois de l’année).
Pour Harry Durimel, le maire de Pointe-à-Pitre, le bilan des deux mois de mise en pratique est globalement positif, d'après le retour des administrés, qui notent « une accalmie des incivilités de nuit », avec notamment la baisse de la dégradation du mobilier urbain.
Mais, comme de nombreux Pointois, le maire s’interroge sur l’après couvre-feu : «Depuis la mise en place du couvre-feu, nous avons déjà au moins sauvé des poubelles. On me dit que les poubelles, ça ne vaut pas la détresse de la jeunesse. Je comprends, et je traite cette détresse à travers les actions que nous menons au sein du Conseil local de prévention de la délinquance, le CLSPD, et nous faisons un travail de fond. Mais à côté de cela, il faut une réponse immédiate à la guérilla urbaine qui avait cours à Pointe-à-Pitre. Et nos policiers couraient après des mineurs qui s'amusaient à brûler du mobilier urbain et des poubelles. Alors oui, de ce point de vue, les citoyens nous disent d'avoir connu un accalmie des incivilités de la nuit des jeunes qui, pour s'amuser, font des bêtises».
Quid de l'après ?
Selon Harry Durimel, depuis hier déjà, les gens ont commencé à appeler parce qu'ils ont remarqué qu'il y avait des attroupements de jeunes gens debout, de mineurs. «Ils nous ont demandé si le couvre-feu est terminé. Il y a des gens qui appréhendent déjà l’après couvre-feu parce qu'ils considèrent que cette cloche que nous mettons en place après 20 heures pour remettre les mineurs dans leurs familles, va leur manquer. J'espère que les résultats du Bac, du brevet, viendront confirmer l'utilité que les enfants ne soient pas dans la rue après 20h»
Dans son communiqué, le préfet n’exclut pas de remettre en place un couvre-feu, selon l’évaluation du plan d’actions déployé en parallèle de cette mesure et l’évolution de la délinquance.
D’autres actions mises en place selon la préfecture Se félicitant des bons résultats, le préfet indique que des actions partenariales ont été initiées et mises en place dans le cadre du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) de Pointe-à-Pitre en lien avec la ville, la justice et des autres acteurs de la prévention. Trois problématiques ont été considérées comme prioritaires : les addictions et la violence ; l’oisiveté et la perte de confiance et d’estime de soi ; le soutien à la parentalité. Une quinzaine de mesures ont été prises, dont :
Le dispositif « voisins vigilants » et la mobilisation des associations dans les quartiers ont été récemment décidés. |
Par RCI Guadeloupe