Guadeloupe : Des habitants lassés des barricades

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Guadeloupe : Des habitants lassés des barricades

L’île antillaise est secouée depuis deux mois par une violente contestation du vaccin anti-Covid qui a tourné à la crise sociale. A Mare Gaillard, aux portes de la commune la plus touristique de l’île, on pouvait compter jeudi quatre barrages sur la Nationale 4. Certains riverains n’en peuvent plus.

 

« On ressent une vraie lassitude de devoir s’adapter au Covid, aux barrages, à tout, tout le temps et dans l’urgence. Et puis on respire de la fumée de pneu toute la journée, qui laisse des traces partout. Ça devient lassant, vraiment », confie une habitante de Mare Gaillard, la commune la plus touristique de l’île.

Moins nombreux qu’au plus fort de la crise en novembre, les barrages continuent à apparaître sans préavis sur les routes de Guadeloupe, où ils bloquent quelques heures les riverains avant d’être démantelés. La Guadeloupe est secouée depuis deux mois par une violente contestation du vaccin anti-Covid qui a tourné à la crise sociale. Les forces de l’ordre ont évacué lundi le piquet de grève des manifestants qui bloquait depuis des mois le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Pointe-à-Pitre.

Vendredi, les « forces de police sont intervenues et ont levé un barrage à Bouliqui (Abymes) » en Grande Terre, selon un communiqué de la préfecture, et durant la nuit « les forces de gendarmerie sont intervenues pour lever un barrage à Vieux-Habitant » en Basse-Terre.

Rares sont ceux qui acceptent de témoigner

Jeudi matin à Mare Gaillard, aux portes de la commune la plus touristique de l’île, on pouvait compter quatre barrages sur 150 mètres de la Nationale 4. Mais aucun manifestant. Le premier obstacle était fait de branchages et de végétaux, un deuxième encore fumant de matériaux en tout genre, un troisième de tôles et de petit électroménager. Un dernier étalait sur toute la largeur de la route un plafonnier vintage, un micro-ondes, une grille de four et d’autres objets sacrifiés pour la cause.

« Ils protestent contre le vaccin mais bon, tous les jours on est bloqués », lance en passant un riverain qui refuse de donner son nom. Derrière les camions-bennes venus déblayer sous le contrôle des forces de l’ordre, des dizaines de voitures attendent depuis parfois plus d’une heure. Dans le quartier, rares sont ceux qui acceptent de témoigner : inutile « d’avoir des problèmes » estiment les uns, quand d’autres affirment « comprendre le combat ».

Une « journée de forte mobilisation » le 20 janvier

Et puis il y a les entraves aux secours, ralentis par les barrages, alors que l’épidémie de Covid fait à nouveau rage sur l’île, sous la pression du variant Omicron. La première semaine de janvier, plus de 13 000 cas de contamination ont été enregistrés, selon les autorités sanitaires. L’état d’urgence sanitaire a été décrété le 5 janvier.

Le collectif « en lutte » contre l’obligation vaccinale n’a, lui, pas l’intention de relâcher la pression : ses meneurs ont annoncé jeudi une nouvelle « journée de forte mobilisation » le 20 janvier. La date anniversaire du début des émeutes de 2009, qui avaient mené à une grève générale de 44 jours contre la vie chère.
 

Avec AFP