Airbags Takata: un distributeur automobile de La Réunion mis en examen pour blessures involontaires, une première

©  DR

Airbags Takata: un distributeur automobile de La Réunion mis en examen pour blessures involontaires, une première

Un distributeur automobile de l'île de la Réunion a été mis en examen pour les blessures d'un conducteur d'un véhicule, liées à l'explosion de son airbag Takata dont les défauts sont au coeur d'un scandale industriel, soit une première en France, a appris l'AFP vendredi de source proche du dossier.

Ce distributeur automobile qui conteste sa responsabilité, Leal Réunion, a été mis en examen le 27 mars par un juge d'instruction de Saint-Pierre, pour violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence ayant involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.

La mise en cause est liée à un accident de circulation le 6 mai 2020, au cours duquel un détenteur d'une BMW, qui a porté plainte, a été victime de blessures graves, notamment au visage, causées par l'explosion du gaz de l'airbag et la projection d'objets. 

Lire aussi : Assemblée nationale : Karine Lebon et Max Mathiasin réclament une commission d’enquête sur « le scandale industriel des airbags Takata »

Lors de son interrogatoire du 27 mars, dont l'AFP a eu connaissance, un responsable de Leal Réunion a défendu les diligences entreprises à l'époque par sa société pour avertir les utilisateurs de BMW, tout en évoquant de nombreuses difficultés pour parvenir à les joindre.

Une expertise judiciaire a tempéré cette ligne de défense, évoquant l'"inertie" de Leal qui n'aurait réellement commencé à avertir des détenteurs de BMW qu'"à partir de juillet 2020, soit après l'accident".  "Nous avons fait tout notre possible", a martelé le dirigeant.

D'après la source proche du dossier, la cour d'appel de Saint-Denis a été saisie mardi d'une demande de placement de Leal Réunion sous le statut plus favorable de témoin assisté.

Outre divers arguments procéduraux, Me Guillaume Martine, l'un des avocats de la société, "entend démontrer que Leal Réunion a mis en oeuvre toutes les diligences possibles pour empêcher que ne surviennent des accidents, en tenant compte de la faible connaissance, à l'époque, de la dangerosité des airbags défectueux".

Lire aussi : Airbags Takata : Information judiciaire pour mise en danger de la vie d'autrui

"Des entraves diverses existaient, y compris de la part de pouvoirs publics qui étaient alors nettement moins mobilisés qu'ils ne le sont aujourd'hui", a ajouté le conseil, alors que Leal Réunion affirme avoir sollicité en vain de l'Etat l'accès aux données du Système d'immatriculation des véhicules (SIV).

Depuis un nouveau rappel fin juin, 1,7 million de véhicules sont visés par une interdiction de circuler jusqu'au remplacement du dispositif.

Les airbags défectueux seraient responsables d'au moins 60 morts dans 11 pays ces 15 dernières années, dont 18 en France.

Avec AFP