Essequibo : Le Venezuela envoie des milliers de soldats à la frontière du Guyana en réponse à l'envoi d'un navire britannique

©Facebook / Nicolas Maduro

Essequibo : Le Venezuela envoie des milliers de soldats à la frontière du Guyana en réponse à l'envoi d'un navire britannique

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a lancé jeudi, en pleine crise sur l'Essequibo, des exercices militaires avec quelque 5 600 soldats à la frontière du Guyana, « en réponse à la provocation » du Royaume-Uni qui a envoyé un navire de guerre, tandis que les autorités guyaniennes nient toute velléité « offensive ».

Il s'agit d'une « action conjointe de nature défensive, en réponse à la provocation et à la menace du Royaume-Uni contre la paix et la souveraineté de notre pays », a déclaré Nicolas Maduro lors d'une émission radiotélévisée, au cours de laquelle il a montré des images de navires de guerre et d'avions de combat en patrouille. Cette première phase d'exercices militaires réunit 5 682 militaires et des avions de chasse F-16 (américain) et Soukhoï (russes), a-t-il précisé. 

Le vice-président guyanien, Bharrat Jagdeo, a réagi peu après lors d'une conférence de presse. « Nous n'avons aucun plan pour prendre des mesures offensives contre le Venezuela (...) Nous n'avons pas l'intention d'envahir le Venezuela. Le président Maduro le sait et ne doit pas s'inquiéter », a-t-il dit, précisant que l'arrivée du patrouilleur britannique entrait dans le cadre « d'exercices de routine planifiés depuis longtemps ».

Ce navire, le HMS Trent, doit arriver au Guyana vendredi et participer à des exercices militaires dans les eaux guyaniennes pendant « moins d'une semaine ». Il n'est pas prévu qu'il accoste à Georgetown, a souligné une source du ministère des Affaires étrangères guyanien. D'habitude basé en Méditerranée, le HMS Trent a été envoyé début décembre dans les Caraïbes pour lutter contre les trafics de drogue.

La tension entre Caracas et Georgetown était montée après le lancement en septembre d'appels d'offres pétroliers par le Guyana, puis le référendum organisé en réaction le 3 décembre au Venezuela sur un rattachement de l'Essequibo, territoire de 160 000 km2 riche en pétrole et ressources naturelles, administré par Georgetown et revendiqué par le Venezuela.

Quelque 125 000 personnes, soit un cinquième de la population du Guyana, vivent dans l'Essequibo, qui couvre les deux tiers de la superficie du pays. Le Venezuela soutient que le fleuve Essequibo doit être la frontière naturelle, comme en 1777 à l'époque de l'empire espagnol. Le Guyana argue que la frontière, datant de l'époque coloniale anglaise, a été entérinée en 1899 par une cour d'arbitrage à Paris. 

Les présidents guyanien Irfaan Ali et vénézuélien Nicolas Maduro se sont ensuite rencontrés le 14 décembre lors d'un sommet qui a contribué à faire baisser la tension, avec engagement à ne pas utiliser la force, mais qui n'a pas résolu le différend, les deux pays campant sur leurs positions. « Nous croyons à la diplomatie, au dialogue, à la paix. Mais personne ne doit menacer le Venezuela, personne ne doit s'en prendre au Venezuela », a ajouté jeudi Nicolas Maduro. « La menace de l'ex-empire décadent et pourri du Royaume-Uni est inacceptable. Nous ne l'acceptons pas », a-t-il ajouté, rappelant que le Royaume-Uni était l'ancienne puissance coloniale du Guyana. 

De son côté, le vice-président guyanien a insisté : « nous soutenons leur déclaration (commune du sommet entre les deux présidents), dans la lettre et dans l'esprit, selon laquelle rien de ce que nous avons fait dans le passé ou de ce que nous ferons à l'avenir ne nuira ou n'affectera le Venezuela ». Bharrat Jagdeo a toutefois précisé que le président Irfaan Ali n'avait pas donné de consignes pour annuler la venue du bateau.

Dans un communiqué dans la matinée, le gouvernement vénézuélien avait « rejeté catégoriquement l'arrivée du navire », la qualifiant d' « acte de provocation hostile ». Sa présence « est extrêmement grave », c'est pourquoi « le Venezuela exhorte les autorités guyaniennes à prendre des mesures immédiates pour le retrait du HMS Trent, et à s'abstenir de continuer à impliquer des puissances militaires dans le différend territorial », ajoute le texte.

 Avec AFP