Après une première visite avec Élisabeth Borne, le ministre délégué chargé des Outre-mer est revenu ce mardi au pavillon ultramarin du Salon international de l’Agriculture, pour une visite moins contrainte. Au cas par cas, Jean-François Carenco a visité tous les territoires représentés, souvent interpellé sur des sujets spécifiques.
Il était 10h ce mardi matin quand les pahu et les to’ere du stand de la Polynésie ont donné le top départ d’une visite de près de 4h au Pavillon Outre-mer. Comme avec la Première ministre la veille, le ministre a commencé son parcours par cette Collectivité d’Outre-mer et déjà, les exposants, producteurs, l’interpellent sur leurs problématiques.
« On est en plein dossier d’Appellation d’origine protégée » confie un producteur de vanille de Tahiti au ministre, alors que la Papouasie-Nouvelle-Guinée produit et exporte également sous l’appellation vanille de Tahiti, une variété pourtant créée en Polynésie. « C’est un sujet de structuration » répond le ministre, carnet de note à la main. « On essaye de définir ensemble une autre mission pour l’ODEADOM (l’office de développement agricole, davantage centrée sur les DROM en raison des statuts et des compétences, nldr), c’est d’aider à la commercialisation en dehors du cycle local », notamment vers l’Hexagone, a expliqué plus tard le ministre au représentant du Ministère polynésien de l’Agriculture.
L’exportation toujours, un sujet évoqué par le syndicat des producteurs de rhum de Polynésie : « au niveau des taxes, les rhums polynésiens sont considérés comme des rhums étrangers », soit « 100% de taxes par rapport aux rhums antillais et réunionnais », explique un des quatre producteur de rhum polynésien. Un amendement avait été adopté à l’Assemblée nationale lors de la précédente mandature, afin de permettre les rhums polynésiens de bénéficier du même régime fiscal que les rhums des DROM. Amendement que la Commission européenne aurait refusé.
« Un handicap » pour le syndicat des producteurs de rhum en Polynésie, pour qui les coûts de production sont plus élevés qu’au Brésil ou au Venezuela. « Le dossier est en cours » rassure le Ministère, « la Commission européenne n’a pas refusé, les discussions sont simplement compliquées », et parmi les difficultés, les différences statutaires entre RUP et PTOM. « On est en train de finaliser un appui ponctuel, en attendant que la discussion avance avec l’Europe, avec des crédits du Ministère » assure-t-on encore. Autre enjeu des producteurs polynésiens : « avoir plusieurs hectares de cannes sur plusieurs îles pour fixer les populations sur place ».
« Il y a une richesse » des produits polynésiens, constate le ministre, « mais c’est beaucoup de petits producteurs. Je pense que ça pourrait être une des tâches de l’ODEADOM de structurer l’exportation ». L’agriculture étant une compétence du gouvernement polynésien, le ministre pourrait échanger à ce sujet lors de son déplacement sur place, prévu en mai prochain, espèrent ses équipes.
Autre sujet, à Saint-Martin, on évoque surtout la nécessité d’accroître les coopérations avec Sint-Marteen, la partie hollandaise de l’île. « Nous souhaiterions absolument votre soutien, que vous soyez à l’initiative d’une convocation d’une réunion entre l’État français et l’État hollandais sur l’espace sanitaire » ont demandé les représentants de la chambre d’agriculture de l’île. Un peu plus loin, à Wallis et Futuna, le président de la CCIMA confie ses inquiétudes sur le travail autour de l’autonomie alimentaire. L’archipel du Pacifique sud se dit « lésé » sur les plans et les aides agricoles, plaide des normes adaptées sur la pêche hauturière, demande une vision globale avec l’État. Là encore, des sujets qui pourraient être évoqués lors de sa visite début mars à Wallis et Futuna.
« On a des sujets de commercialisation, et j’entends travailler pour aider à mieux commercialiser » assure le ministre qui ne paraît pas échaudé par les statuts divers et les compétences sur l’agriculture qui peuvent varier d’un territoire à l’autre : « on est suffisamment proches des gouvernements et élus locaux pour que le ministre de l’Agriculture puisse mener sa mission, et soutenir les production ». Autre soutien attendu : celui au dossier d’IGP pour le sucre de canne de La Réunion, mené par le département.
Outre la Polynésie, Saint-Martin, Wallis et Futuna et La Réunion, le ministre a aussi fait un crochet par les stands de la Nouvelle-Calédonie, accueilli par la secrétaire d'État et présidente de la province Sud Sonia Backès, ainsi que par le président de la province des îles Jacques Lalié, de la Guyane, de Guadeloupe, de Martinique et de Mayotte. Pour cette dernière, Jean-François Carenco a lancé un appel à « regarder » autrement que par le prisme de l’insécurité et de l’immigration : « Il y a une population (…) qui développe une activité incroyable, c’est gigantesque ». Le ministre a clôturé sa longue matinée par le stand de l'ODEADOM et a également participé à la clôture de la conférence des chambres d'agriculture.