Élection du nouveau président de la FEDOM : « Être attentif à la jeunesse qui souhaite participer à la construction des Outre-mer », l’Édito de Luc Laventure

 

Cette semaine, l’actualité politique sera concentrée essentiellement sur l’avenir du « Caillou ». En effet, pas moins d’une douzaine de représentants politiques de la Nouvelle-Calédonie se retrouvent à Paris, pour discuter et échanger autours de nombreuses thématiques au centre de l’avenir institutionnel et la sortie de l’accord de Nouméa : droit international, droit interne, monnaie, accords commerciaux, nickel, finances publiques, éducation, santé, transports, sécurité, justice, ou encore conséquences de la sortie de l’Accord de Nouméa tant pour la Nouvelle-Calédonie que pour les autres territoires français du Pacifique. En filigrane de ces échanges : le document de l’État présentant les conséquences du OUI et du NON au troisième et dernier référendum d’indépendance de l’accord de Nouméa. 

Une autre date est importante dans ce calendrier politique, en dehors de l’effervescence liée aux élections régionales : la journée du mercredi 26 mai, l'élection du nouveau président de la Fédération des Entreprises des Outre-Mer (FEDOM). Arrivé à la tête de cette institution le 2 avril 2011, Jean-Pierre Philibert, qui avec son humour légendaire se définit comme un îlien… puisque d’origine irlandaise… après 3 mandats et un cumul de 10 ans, passe la main.

Son bilan vient conforter le sentiment d’une mission accomplie. Le budget de la FEDOM a plus que doublé, son nombre d'adhérent a triplé, sa présence est réelle sur les trois bassins océaniques. Une expertise dédiée à chaque cadre institutionnel, notamment celui qui est défini pour celles du Pacifique.

On peut également noter une accélération des partenariats pour contribuer à l’ancrage des collectivités dans l’économie moderne, en utilisant tous les leviers, tous les atouts qu'offrent la République et l’Europe. En tête de ce partenariat que je trouve très efficient, celui passé avec le groupe Caisse des Dépôts, avec en particulier la Banque des Territoires dont l’efficacité n’est plus à prouver.

Autres partenariats menés à bien, celui noué avec la Banque Publique d’Investissement (BPI), avec le cluster maritime français, armateur de France. C’est l’expression d’une vision sociale forte, de collaborations efficaces avec le Service Militaire Adapté (SMA) et L’agence de l’outre-mer pour la mobilité (LADOM).

On peut ainsi dire que ce bilan des dix dernières années témoigne d’une volonté de la FEDOM d’améliorer l’efficience des appareils productifs de nos régions d’outre-mer. Un équilibre fragile dans un monde en accélération et en mutations permanentes. Il ne s’agit pas d’être dithyrambique, mais ce combat, au quotidien pour la compétitivité a été porté certes par des réflexions et des analyses quelque part rudes, mais aussi par la création de nouveaux instruments. 

Par exemple, le Fonds d’Investissements de Proximité Outre-mer (FIP OM) en faveur de l’amélioration des fonds propres des Petites et Moyennes Entreprises (PME) ; la prorogation et l’amélioration des régimes indispensables à l’investissement et l’exploitation (régimes dits « LODEOM ») ; la contribution à la refondation complète du principal régime d’incitation fiscale à l’investissement en faveur du financement des bien productifs et du logement social dans les collectivités de l’article 74, afin de garantir la capacité dans la temps à financer les plus gros projets d’investissements (avions ; hôtels ; centrales énergétiques ; construction et rénovation de logements sociaux..). 

Le bilan, c’est aussi d’avoir été le relais, auprès des pouvoirs publics, des difficultés du quotidien des chefs d’entreprises ; la crise COVID à cet égard a probablement « challengé » la FEDOM, dans un contexte où « se faire entendre » est devenu plus complexe.

Je souhaite à la nouvelle équipe de la FEDOM, de continuer à être le creuset d’idées nouvelles qui permettront aux acteurs économiques, sociaux et politiques d’alimenter une vision pour faire face aux transitions indispensables : territorialisation ; différenciation ; déconcentration ; simplification…

D’ailleurs, les lignes de fractures politiques qui « surgissent » sur nos territoires pendant cette période électorale s’écartent des idées prétentieuses et vaines de certains candidats concernant par exemple « les statuts », pour se rapprocher d’une volonté farouche notamment de la part des jeunes, de faire taire leurs antagonismes quant au rôle attendu ou souhaité pour un État qui contribue à émanciper, à rendre adulte, mature !

Surgissent-elles vraiment ? Portent-elles le volet économique d’une forme de culture idéologique traditionnelle locale ? Beaucoup moins à des débats stériles sur les statuts politiques et plus de courants de pensées traduisant la volonté d’entreprendre réellement.

Nous assistons à la superposition des lignes de fractures qui traversent toutes l’épicentre dessiné par le caractère plus ou moins ambitieux, plus ou moins participatif des politiques publiques. Et la multiplication des organisations, des mouvements citoyens qui se saisissent de tous les sujets, avec les réseaux sociaux en guise de porte-voix, renforce le constat.

La question du cadre statutaire semble déjà dépassée tant la dynamique attendue est celle des réalisations concrètes pour une véritable affirmation des populations… Choix culturels identitaires, orientations économiques fortes pour l’autosuffisance alimentaire, approche dénuée de toute naïveté sur la Chlordécone, paroles de vérité sur les ferments de la violence, etc.

Je souhaite à la nouvelle équipe de la FEDOM d'être attentive aux crispations d'une jeunesse certes impatiente mais qui de plus en plus s'implique dans le monde économique et entrepreneurial et souhaite participer à la construction de nos pays d'Outre-Mer. Je suis sûr également que la nouvelle FEDOM associera à ses réflexions toutes les singularités d'un arc-en-ciel pour donner un peu plus de souffle à nos territoires de la République.

Luc Laventure