Eau et milieux aquatiques : enjeux et données pour les départements et régions d’Outre-mer (DROM)

Eau et milieux aquatiques : enjeux et données pour les départements et régions d’Outre-mer (DROM)

Mangrove dans l’anse Hajangoua, à Mayotte ©F. Ducarme/Wikimedia Commons

L’Office français de la biodiversité (OFB) et le Service des données et études statistiques du Ministère de la Transition écologique ont publié une nouvelle édition de « Eau et milieux aquatiques – Les chiffres clés ». Ce rapport procure de précieuses informations sur les enjeux majeurs que représentent l’eau douce et les milieux aquatiques, dans l’Hexagone et les Outre-mer (DROM uniquement), notamment sur les diverses formes de pollution des eaux.

L’objectif de l’étude est de présenter, entre autres, « les pressions quantitatives sur la ressource en eau mobilisée pour satisfaire les besoins des usagers et ceux des écosystèmes aquatiques » ; de faire le point « sur l’état des rivières, des lacs et des eaux souterraines, et plus globalement sur celui des écosystèmes aquatiques, dont il recense les principales causes de pollution » ; et enfin d’aborder « les dépenses et investissements liés à l’exploitation de la ressource en eau, qu’il s’agisse de la facturation de l’eau, de la gestion des services publics de l’eau et de l’assainissement, ou de la préservation des milieux aquatiques ».

À propos des Outre-mer -Guadeloupe, Martinique, Guyane, Mayotte et La Réunion-, le rapport donne de nombreuses indications concernant l’état chimique des eaux superficielles et souterraines. On peut constater des évolutions positives. Concernant la pollution des eaux souterraines par les nitrates sur la période 1996-2018 (voir carte), les tendances sont plutôt stables en Guadeloupe, variables à la Martinique avec une tendance tout de même à la hausse de la pollution dans le Sud, et des indicateurs globalement non significatifs à La Réunion, sauf dans le Nord-Ouest.

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En ce qui concerne l’indice « pesticides » dans les cours d’eau, qui relève le niveau de contamination chronique des cours d’eau par les produits phytopharmaceutiques, l’étude note : « Bien que de nombreux pesticides continuent d’être détectés dans la plupart des cours d’eau, selon cet indice, leur présence baisse d’environ 20% tant en métropole que dans les DOM entre 2008 et 2018 ». « Dans les DOM, les dernières baisses globales d’indice ne sont pas liées à une classe d’usage particulière. Elles reflètent plutôt des évolutions parfois divergentes de substances herbicides et insecticides », poursuit le texte.

Il en va autrement pour les pesticides dans les eaux souterraines. C’est particulièrement le cas en Martinique, où l’on trouve des concentrations maximales (voir carte). « Malgré leur interdiction de mise sur le marché depuis près de deux décennies, certaines substances (atrazine, chlorate de sodium, simazine, alachlore, oxadixyl, chloridazone), sous leur forme d’origine ou en tant que métabolites, figurent parmi les substances les plus quantifiées sur le territoire. Les Antilles françaises sont affectées par la pollution historique à la chlordécone, insecticide interdit depuis 1993 », précise l’étude.

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Qu’en est-il des eaux de baignade ? En 2018, on comptait 3351 sites de baignade recensés dans l’Hexagone et dans les cinq départements d’Outre-mer. « Parmi eux, 3332 sites, dont plus de 60% en mer, ont fait l’objet d’un contrôle sanitaire portant principalement sur leur qualité bactériologique » (« Le classement d’un site de baignade repose sur l’analyse de deux paramètres microbiologiques [Escherichia coli et entérocoques intestinaux], conformément à la directive européenne 2006/7/CE. Il n’intègre pas d’autres suivis qui peuvent être également effectués, comme les cyanobactéries, qui peuvent nécessiter la fermeture momentanée des sites »), indique le rapport. Résultat : la qualité des eaux de baignade est jugée bonne ou excellente dans les régions d’Outre-mer concernées (voir carte), sauf en Guyane. La Guadeloupe et La Réunion arrivent en première position (situation globalement excellente), suivies respectivement de la Martinique (idem) et de Mayotte.

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Concernant la consommation en eau des ménages (carte ci-dessous), les départements d’Outre-mer, excepté Mayotte, sont les plus gros consommateurs d’eau potable en moyenne (La Réunion en tête), avec ceux du Sud de l’Hexagone, du fait de la situation géographique et du climat. L’étude souligne qu’en France « 9,4% de la population a été alimentée par une eau non conforme aux limites de qualité autorisées pour les pesticides au moins une fois au cours de l’année 2018 ». Cette année-là, par exemple, 30 000 habitants environ de la Guadeloupe ont été affectés par des restrictions de consommation en lien avec la pollution par la chlordécone. Par ailleurs, la Guadeloupe est la région où la facture d’eau est la plus élevée de France (plus de 800 euros par an), alors qu’elle se situe entre 450 et 550 euros en moyenne dans l’Hexagone (chiffres 2017).

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PM

L’étude complète ici.