Dans une étude intitulée « L’économie sociale et solidaire, levier de réussite des projets de renouvellement urbain », l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), qui intervient depuis 2003 dans près de 700 quartiers prioritaires de la politique de la ville présentant des dysfonctionnements sociaux et urbains majeurs, propose des solutions concrètes et innovantes notamment à Saint-Laurent du Maroni en Guyane ainsi qu'à Mamoudzou à Mayotte.
L'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), créée en 2003, conduit des programmes visant à transformer des quartiers défavorisés dans une optique de développement durable et de mixité sociale. Ses interventions vont au-delà des aspects urbains en soutenant des projets territoriaux globaux, incluant la cohésion sociale et l'économie locale. Le développement économique local, qui encourage la diversification, est un pilier essentiel pour assurer le succès et la pérennité des projets, répondant ainsi aux attentes des élus, des financeurs, des partenaires et des habitants des quartiers prioritaires.
Pour Anne-Claire Mialot, directrice générale de l’ANRU « les programmes nationaux de renouvellement urbain intègrent des dimensions sociales, économiques et environnementales dans une approche globale pour transformer en profondeur et sur mesure ces quartiers. Les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) sont, tout au long des projets, sources de solutions concrètes, souvent innovantes, et adaptées aux besoins des habitants et des territoires. L’ESS est un véritable outil de développement local capable d’améliorer l’attractivité des quartiers de manière durable ».
« Avec plus de 50 milliards d’euros d’investissement prévus dans presque tous les départements français métropolitains et ultramarins, le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPNRU) est une réelle opportunité pour les structures de l’ESS », ajoute-elle. L'étude de l'ANRU met en avant 15 exemples (dont deux en Outre-mer) illustrant le rôle dynamique de l'économie sociale et solidaire dans le renouvellement urbain. Elle montre que l'ESS peut être un levier de succès pour ces projets et mérite donc d'être soutenue dans la transformation des quartiers. Le rapport souligne également l'importance croissante des acteurs de l'ESS dans ces territoires en renouvellement, tout en insistant sur la nécessité de renforcer leur position et d'exploiter leur potentiel d'innovation.
Projets en Guyane et à Mayotte
En Guyane, l’ANRU accompagne un projet d’auto-réhabilitation par les habitants à Saint-Laurent du Maroni avec Les Compagnons Bâtisseurs, un mouvement historique de construction coopérative. En fournissant une assistance technique aux résidents pour la rénovation de leur logement, l’association les aide pour l’amélioration de leur cadre de vie avec l’appui de bénévoles et de professionnels.
« Dans le cadre de l’opération de résorption de l’habitat insalubre du quartier la Charbonnière au sein du secteur Les Bardeaux, Les Compagnons Bâtisseurs sont mobilisés de la réalisation des enquêtes de terrain à la coordination, la médiation et l’accompagnement du dispositif », souligne l’étude. Pour ce qui concerne les projets de renouvellement urbain, « l’auto-réhabilitation accompagnée par Les Compagnons Bâtisseurs est une solution pour mettre au cœur du renouvellement urbain une démarche d’autonomie et de formation des habitants, qui deviennent ainsi les acteurs du projet urbain ».
À Mayotte, il s’agit de soutenir les savoirs faire du territoire avec l’ESS au cœur de la stratégie de développement économique local de l’île. L’ANRU explique que « dans le cadre du projet de renouvellement urbain de la ville de Mamoudzou, au sein du quartier de Kaweni, le choix a été fait de s’appuyer largement sur l’ESS pour favoriser le développement de circuits courts, supports pour l’entrepreneuriat et l’emploi des habitantes et habitants. (…) La ville a développé une méthodologie d’intervention basée sur l’approche filière et a priorisé plusieurs activités pour accompagner la formalisation ».
Exemples : le projet propose trois initiatives pour dynamiser le quartier. D'abord, un parc agricole démonstrateur sera créé en utilisant une grande parcelle, permettant d'accompagner des agriculteurs via des ateliers et chantiers d'insertion. Ensuite, face au manque de restauration, près de 200 femmes proposant de la restauration rapide près d'une cité scolaire seront regroupées dans un collectif autonome avec un modèle économique adapté, incluant un atelier de fabrication culinaire et des espaces de vente. Enfin, le sport servira d'inclusion sociale en professionnalisant les encadrants et en améliorant la gestion des équipements via des associations locales.
PM