Des bilans économiques contrastés pour les départements et régions d’Outre-mer en 2020, selon l’Insee

Sur le fleuve Approuague, dans la commune de Régina en Guyane ©DR

Des bilans économiques contrastés pour les départements et régions d’Outre-mer en 2020, selon l’Insee

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de publier les « Bilans économiques 2020 des régions françaises ». Parmi elles, la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion. Synthèse.  

L’année 2020 n’a pas été facile en France sur le plan économique, du fait de la crise sanitaire. Globalement, l’emploi salarié y a diminué de 1,1% et l’emploi intérimaire de -5,3%. Cependant cette baisse a été contenue grâce aux dispositifs d’activité partielle, d’après l’Insee. Pour les départements et régions d’Outre-mer, l’évolution de l’emploi salarié en 2020 est contrastée selon les territoires : négative en Guadeloupe et en Martinique (respectivement -0,5% et -0,4%), mais positive en Guyane et à La Réunion (+1,5% et +2%). Nous proposons ci-dessous une synthèse par département.

Guadeloupe

Son produit intérieur brut (PIB) a chuté de -3%. « Pour autant, la structure de l’économie de l’archipel particulièrement marquée par le poids important du secteur non marchand et des administrations publiques ainsi que les dispositifs d’aides utilisés par les entreprises ont permis d’amortir les effets de la pandémie », estime l’Insee. « Ainsi, l’emploi ne recule que légèrement tandis que la création d’entreprises demeure à un niveau élevé. Néanmoins, l’agriculture et le tourisme, deux secteurs porteurs de l’économie, connaissent des difficultés majeures ».

À la fin de l’année 2020, le taux de chômage officiel s’élevait à 19,6% de la population active. Si l’on considère le « halo autour du chômage » (qui comprend les personnes sans emploi qui soit ont recherché un emploi, mais ne sont pas disponibles pour travailler, soit n’ont pas recherché d'emploi, ndlr), il serait de 24%. Concernant le tourisme, « la fréquentation hôtelière, mesurée par le nombre de nuitées, diminue de 45%, le chiffre d’affaires des établissements hôteliers et autres hébergements collectifs touristiques (AHCT) chute de 48% », écrit l’Insee. Dans l’agriculture, les deux productions exportatrices majeures connaissent une situation bien différente. Pour la canne à sucre, la production de sucre a baissé de 9%. La banane a continué sa progression malgré des pertes dues à une sécheresse exceptionnelle. Paradoxalement, « ses exportations augmentent de 46% par rapport à 2019, permettant au secteur de l’agriculture dans son ensemble de progresser de 33% ».

Guyane

« Son PIB devrait subir une baisse de 4%, dû au confinement du printemps » prévoit l’Insee. Toutefois, « les dispositifs d’aides gouvernementales associés à l’importance du secteur public en Guyane permettent d’amortir le ralentissement de l’activité. Ainsi, l’emploi est peu affecté, la hausse des prix est contenue et la consommation se redresse ». Le recul de l’activité économique de la Guyane est estimé à 25% durant la crise sanitaire, avant de montrer des signes de reprise progressive en fin d’année.

Comme dans l’ensemble des régions d’Outre-mer, l’impact y a été moins important que dans les autres régions françaises (-33% en moyenne), notamment en ce qui concerne l’emploi salarié et la création d’entreprises, qui demeurent à un niveau toujours élevé. Le poids plus déterminant du secteur non marchand, notamment des administrations, a permis d’amoindrir les conséquences des confinements et de la baisse d’activité. « Conséquence, l’emploi salarié continue d’augmenter mais à un rythme inférieur à celui des deux dernières années. La hausse de 1,5% en 2020 succède à une hausse de +4,4% en 2019. Après avoir diminué en début d’année, les effectifs salariés ont rebondi au deuxième semestre. Au total, ce sont 800 emplois qui sont créés en 2020, essentiellement dans le secteur tertiaire non marchand », précise l’Insee.

Martinique

Avec une chute du PIB de -3% sur l’année 2020, suite au confinement, ce ralentissement arrive sur une économie déjà marquée par une faible croissance depuis 2015, note l’Institut national de la statistique. Toutefois, grâce aux mesures gouvernementales, « le recul de l’emploi est relativement faible tandis que la création d’entreprises reste à un niveau élevé tout comme l’activité de construction. » En revanche, modère l’Insee, « le tourisme, secteur en croissance et prometteur pour les acteurs économiques martiniquais, subit de plein fouet les effets de la pandémie : il est en recul, d’une manière générale, de moitié. Seul signe encourageant durant cette année particulière, l’épargne des ménages comme celle des entreprises est en hausse, sans pour autant soutenir la consommation ».

La baisse de l’emploi salarié (-0,4% sur l’année) en Martinique a concerné uniquement le secteur privé. Elle a particulièrement touché l’hébergement et la restauration avec une baisse de 8,4% des effectifs, comme dans le transport et l’entreposage (-4,9%). « Certains secteurs tirent de peu leur épingle du jeu, notamment en fin d’année. C’est le cas de la construction (+1,5%) et de l’industrie (+0,7%) », constate l’Insee. « En fin d’année 2020, le taux de chômage s’élève à 12% de la population active. Il est en recul de 3 points par rapport à 2019 ». Ce chiffre ne prend cependant pas en compte le « halo » du chômage qui a augmenté, notamment du fait des restrictions de circulation imposées durant le confinement.

La Réunion

Après une croissance de 2,2% en 2019, le recul de l’activité est brutal sur l’île avec une baisse en volume de 4,2% du PIB en 2020. L’Insee relève néanmoins que cette chute est deux fois moins forte qu’au niveau national (-7,9%). « À La Réunion, le recul du PIB résulte de la conjugaison d’une nette baisse de la consommation des ménages et de celle des administrations publiques, d’un investissement en berne et d’une chute sans précédent des dépenses touristiques ». Mais malgré la chute de l’activité économique, le revenu disponible brut des ménages a résisté grâce aux différentes mesures publiques de soutien, augmentant même de 2,3%.

L’année dernière, l’investissement a baissé de 5,1% en volume, après une hausse de 2,1% en 2019. Au niveau du tourisme, « pendant cinq mois en 2020, la quasi-fermeture de l’espace aérien et la mise en place de motifs impérieux pour se déplacer entre La Réunion et l’Hexagone pénalisent fortement le secteur touristique. En chute de 61%, la dépense des touristes extérieurs est la composante de la demande qui pèse le plus sur le PIB cette année ». D’après l’Insee, cette « mise à l’arrêt » a amputé la croissance de 1,3 point. Pour autant, l’emploi salarié a augmenté de 2% en 2020. Le secteur privé est le principal moteur de cette croissance avec 4700 emplois créés (+2,6%). En outre, « si les salaires versés sur le territoire reculent de 1,2% en 2020, cette baisse est en partie compensée par les indemnités de chômage partiel. Les prestations sociales sont très dynamiques et soutiennent le revenu des ménages ».

À lire ici : « Bilans économiques 2020 des régions françaises »

PM