Depuis la conférence des Petits États Insulaires en Développement de l’ONU, l’universitaire réunionnais Olivier Naria propose une expertise sur le tourisme sportif

Depuis la conférence des Petits États Insulaires en Développement de l’ONU, l’universitaire réunionnais Olivier Naria propose une expertise sur le tourisme sportif

Maitre de conférences en management, au département STAPS de l’UFR des Sciences de l’Homme et de l’Environnement de l’Université de La Réunion, Olivier Naria a été invité lors de la 4eme conférence internationale sur les Petits États Insulaires en Développement (PEID) de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) à Antigua-Barbuda du 25 au 30 mai 2024 dont le thème était « Tracer la voie vers une prospérité résiliente », par le Réseau mondial des entreprises des Petits États Insulaires en Développement  (PEIDS-GBN), rattaché au Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (OHRLLS) de l’ONU. Le communiqué ci-dessous.

Durant son intervention, Olivier Naria a démontré comment le tourisme sportif contribue à l'émancipation des communautés locales, en particulier chez les jeunes. Il a expliqué aussi l’apport de ces activités pour favoriser les économies inclusives afin de stimuler la transformation et la résilience des PEID, durant une session sous le patronage de l'Organisation mondiale du tourisme et du Réseau Mode et Lifestyle des Nations Unies.

Après avoir rappelé que la recherche sur le tourisme sportif a largement ignoré les petites îles, bien que les activités sportives et touristiques soient totalement liées, il s'agit aujourd’hui d'un nouveau marché de niche dynamique pour les jeunes et les populations locales, qui se situe à l'intersection des loisirs, du sport et du tourisme. S’appuyant sur les conclusions de la coordination de son ouvrage international intitulé « Sport Tourism, Island Territories and Sustainable Development. A Comparative Perspective » chez Springer Cham, il a analysé l'impact économique du tourisme sportif sur les PEID :

- un moteur de croissance pour les secteurs traditionnels

- un levier de cohésion territoriale avec des revenus directs, issus des touristes pratiquant des sports.

- Dans les îles de l'Océan Indien, les bénéfices économiques du TS s'élèvent à 600 millions de dollars par an avec plusieurs milliers de pratiquants, de sites de pratique, ou d’événements. 

- Pour les événements internationaux et régionaux, le tourisme sportif génère des économies inclusives, en améliorant le capital humain, mais aussi les connaissances et les compétences mobilisées pour ces organisations.

Olivier Naria a soumis plusieurs propositions pour maximiser les retombées économiques de ces activités. Le potentiel du tourisme sportif en tant que moteur du développement économique a été mis en agenda, soulignant la nécessité d'efforts coordonnés entre les réseaux locaux et internationaux. Ces propositions doivent adopter des normes pour aligner le tourisme sportif sur les objectifs de développement durable de l’agenda 2030 des Nations Unies, ré-affirmées dans les résolutions de l’Agenda d’Antigua-Barbuda des SIDS (ABAS, 2024). Il a soutenu qu’il est impératif de développer des cadres politiques qui donnent la priorité aux principes de durabilité plutôt qu'aux bénéfices économiques immédiats. Ainsi, il a soutenu les recommandations suivantes :

1- Créer une Agence internationale du sport et du tourisme communautaire afin de travailler avec d'autres agences des Nations unies et des ONG pour déterminer les normes spécifiques nécessaires au tourisme sportif et mobiliser les ressources pour le développement au niveau local.

2- Développer un Fonds de développement du tourisme sportif pour la jeunesse et l'engagement communautaire, pour le renforcement des capacités locales dans les PEID, ou encore pour soutenir la création de micro, petites et moyennes entreprises dans ce secteur.

L’Agence internationale du sport et du tourisme communautaire devrait donner accès à un Fonds de développement du tourisme sportif afin de renforcer les capacités des agences nationales dans les PEID. Le Réseau international de recherche dans le tourisme sportif (IRNIST) peut faciliter l'engagement des institutions académiques dans la collecte de données, l'analyse et la promotion des leçons tirées de l'expérience. Cependant, le Fonds de développement du tourisme sportif est nécessaire pour mobiliser les gouvernements, les acteurs du secteur privé et les communautés. Les ministères du tourisme, de l'environnement, de la jeunesse et d'autres parties prenantes dans les PEID ont besoin d'une assistance technique pour optimiser la valeur du tourisme sportif.

Le Fonds de développement du tourisme sportif (FDTS) servirait à financer les activités suivantes :

-Créer une école de gouvernance pour impliquer les communautés de jeunes et toutes les parties prenantes dans la co-construction du développement des activités : espaces de réflexion, outils, modèles, études de cas, situations pratiques.

-Créer un plan global de formation et de renforcement des compétences pour participer à l'industrie du tourisme sportif : diagnostic territorial, gestion des indicateurs, plans de développement, marketing, etc.

-Créer des produits du tourisme sportif multisports et multi-sites pour stimuler la création d'emplois locaux

-Impliquer les populations jeunes dans le suivi et l'évaluation de leur emploi dans le développement du tourisme sportif.

- Soutenir la promotion d'un « label de tourisme sportif bleu et vert » pour des activités respectueuses de l'environnement.

Lors de la séance de clôture du GBN des PEID, les recommandations ont été résumées dans un rapport stratégique des parties prenantes des secteurs public et privé. M. António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies a souligné la nécessité urgente de réformer le financement à long terme du développement des PEID, notamment par la mobilisation du financement privé afin de s’engager pleinement vers la voie de la résilience.

Historique du forum : 

Le Forum PEID-GBN 2024 s'est tenu les 25 et 26 mai à St. John's, Antigua-et-Barbuda en tant qu'événement spécial de la quatrième Conférence internationale sur les PEID. Le Réseau mondial des entreprises des PETITS ÉTATS INSULAIRES EN DÉVELOPPEMENT (PEID-GBN) réunit les PEID et les acteurs internationaux du secteur privé pour partager les meilleures pratiques et les enseignements tirés de l'établissement de partenariats avec le secteur privé pour les PEID. Le réseau facilite la collaboration entre les organisations régionales du secteur privé des PEID et s'emploie à renforcer les alliances commerciales interrégionales. De même, les PEID-GBN encouragent les entreprises internationales à se concentrer sur les PEID en tant que débouchés potentiels et vice versa. Son activité principale est le Forum PEID-GBN qui se tient tous les deux ans pour rassembler les PEID, les acteurs du secteur privé et d'autres parties prenantes afin de partager les meilleures pratiques, de discuter des moyens d'aller de l'avant et de former de nouvelles collaborations. Dirigé par le Bureau du Haut Représentant pour les petits États insulaires en développement et en développement durable, le Réseau a été créé lors d'un forum du secteur privé tenu en 2014 en marge de la troisième Conférence des Nations Unies sur les petits États insulaires en développement à Samoa.