« Départ prometteur » et « approche collaborative » : Le projet Triton Guyane fait sa première commission de suivi

« Départ prometteur » et « approche collaborative » : Le projet Triton Guyane fait sa première commission de suivi

En 1994, la mise en eau du barrage de Petit Saut a conduit tout un pan de forêt à être en partie immergé sous les eaux, créant alors un paysage surréaliste, devenu lieu iconique de la Guyane. Depuis environ cinq mois, le groupe Triton Timber Group exploite et met en œuvre des techniques de coupe de ces arbres, première mondiale, tant par la technologie que par la taille de l’exploitation mais qui suscitent des inquiétudes sur son impact environnemental.

Cinq mois d’exploitation depuis les premières coupes de bois immergés dans le lac de Petit-Saut, et une première commission de suivi du projet Triton tenue le 12 décembre dernier, l’occasion pour l’entreprise de faire le point sur l’avancée d’un projet atypique d’envergure et ses prochaines étapes de développement, assortie d’une volonté forte de préserver le caractère unique du site, assure l'entreprise dans un communiqué.

Marion François, directrice des affaires publiques : « Notre activité est originale à de nombreux points de vue, et suscite à la fois beaucoup d’intérêts et de curiosité, mais aussi des questionnements et des inquiétudes. Je le comprends, et c’est pourquoi nous avons demandé cette création d’une commission de suivi de site : nous avons à cœur de permettre à toutes les parties prenantes de suivre l’avancée des travaux, de faire le point régulièrement sur le suivi des mesures environnementales que nous menons, mais aussi de pouvoir répondre aux questions ».

Depuis novembre 2023, Triton a temporairement arrêté ses activités sur le lac pour se focaliser sur l’avancement du chantier de construction de la scierie, « tandis que des étapes essentielles au projet sont en train d’aboutir ». Première avancée, celle de « L’Angélique », premier équipement de récolte qui opère sur le lac et n’attend plus que les autres engins flottants, tels que les pousseurs ou les barges, pour assurer la logistique de transport sur le lac. À noter également, la signature d’un contrat avec le chantier naval MPS, d’une valeur de près de 6 millions d'euros, pour la construction suivant les normes européennes, de 4 barges non motorisées : le Wapa, le Goupi, le Grignon et le Gaïac, qui viendront rejoindre la flotte Triton en juin 2024.

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Triton a également signé une commande de 2 camions grumiers, 1 tombereau, 4 chargeurs sur pneus Volvo auprès de Machdeal en Guyane pour un montant de 3,4 millions d'euros, ou encore une commande de 5 chargeuses forestières auprès de FID (Forestière Ingénierie et Distribution), distributeur exclusif en Guyane de la marque Tigercat, pour un montant de 3,4 millions d'euros. En outre, la construction du site de la scierie par l’entreprise Ribal se poursuit suivant le calendrier et les premières fondations commencent à sortir du sol. Le quai de déchargement sera achevé en mars 2024 et les travaux de construction de l’atelier mécanique, du pont à bascule et de l’atelier de finition sont également en cours.

Inquiétudes sur les conséquences environnementales 

En septembre dernier, à la demande de la préfecture, l'Office française de la Biodiversité a publié une synthèse faisant part d'inquiétudes quant à l'impact environnemental de l'extraction des bois noyés qui « contribuerait à augmenter de manière substantielle la production de gaz à effet de serre de la retenue » et menacerait la population locale de loutres géantes, espèce sud-américaine menacée à l'échelle internationale. Les associations locales pointent aussi les conséquences sur l'avifaune, qui niche dans ces bois noyés, et sur l'écotourisme local. 

« Depuis les premiers jours du projet, l’ensemble de l’activité de Triton fait l’objet d’un suivi et d’un contrôle régulier tant sur la qualité de l’eau, que sur l’ichtyofaune, l’avifaune, les mammifères, et les relevés paysagers », assure toutefois l'entreprise, filiale de Voltalia, qui dit avoir mené sept séquence avifaune l'année passée. « Ces données viennent complétées les campagnes de reconnaissance des zones de nidation et de reproduction des loutres, déjà clôturées pour 2023. Ces relevés serviront pour la planification des activités de récolte en 2024, qui s’attachera, comme toujours, au respect des zones à fort enjeu environnemental, et à la préservation de la singularité et l’attractivité des paysages de Petit Saut ».

« En 2024, les protocoles à la fois de suivi des loutres, mais également de l'avifaune sont prévus pour démarrage en février et s'échelonneront sur toute l'année. Ce suivi précis, en complément du monitoring constant de la qualité des eaux, permettra de se projeter sur la planification des zones à exploiter en 2025 », ajoute encore Triton Guyane. Pas convaincant pour l'association Préservons Petit Saut, qui dénonce un greenwashing et, carte à l'appui, souligne la portion réduite des zones qui ne seront pas exploitées.

L'inquiétude localement n'a toutefois pas entamé l'enthousiasme de la société qui prévoit, en 2024, de reprendre la coupe des bois, de mettre en service des infrastructures de déchargement et de tri, de lancer les premiers essais de 2 nouveaux engins de coupe, L’Amarante en juin 2024 et L’Amourette en septembre 2024, de recevoir l’ensemble des équipements nautiques, de conclure les travaux de génie civil et enfin, de recruter. 

Triton Timber Group, également présent au Canada, au Brésil, au Suriname ou encore au Panama, a l’intention de couvrir une surface 210 km2 pendant vingt-cinq ans, pour un investissement de 200 millions d'euros. L'entreprise a reçu l'autorisation, de la part de l'Office nationale des Forêts, d'extraire 5 millions de tonnes de bois sur la même durée.