Démographie - Outre-mer : Un rapport préconise « une vraie politique publique de retour au pays» pour ralentir le dépeuplement de certains territoires ultramarins

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Démographie - Outre-mer : Un rapport préconise « une vraie politique publique de retour au pays» pour ralentir le dépeuplement de certains territoires ultramarins

La délégation outre-mer a examiné ce mercredi 22 janvier le rapport issu de la mission d'information sur « la situation démographique des outre-mer et le maintien des forces vives dans ces territoires ». Présenté par les députés Elie Califer (Guadeloupe, Socialistes et Apparentés), Jiovanny William (Martinique) et Mikaele Seo (Wallis-et-Futuna, Ensemble pour La République), le rapport met en exergue une situation démographique diverse dans les territoires ultramarins, accentuée par une fuite des forces vives. Les rapporteurs ont plaidé à une « véritable politique publique de retour des Ultramarins dans leurs territoires» pour inverser cette tendance.

Du territoire de la Martinique classée comme la région la plus vieille de France à la Guyane et Mayotte à la croissance démographique rapide, la dynamique démographique en Outre-mer est diverse. «On observe deux tendances principales avec un dépeuplement dans certaines régions (Martinique, Guadeloupe,Saint-Pierre-et- Miquelon,Wallis-et- Futuna,Saint-Martin. Elles subissent une baisse de la natalité et une émigration importante. A l'inverse, nous avons des territoires qui connaissent une croissance rapide comme Mayotte et la Guyane dûe à la natalité élevée, un allongement de l'espérance de vie et un solde migratoire positif. Il faut ajouter que certains DROM connaissent un solde migratoire négatif et massif» a souligné le député de la Guadeloupe Elie Califer. 

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Au-delà du constat de la situation démographique des outre-mer, les rapporteurs ont aussi relevé une méthodologie de recensement inadaptée. « Le recensement rencontre des obstacles spécifiques avec une collecte des données inadéquates, une fiabilité des données dénoncée par les élus ou en Guyane et à Mayotte par rapport à l'habitat informel et à l'immigration clandestine ou encore un rythme de recensement inadapté», poursuit le rapporteur Elie Califer. Le rapport recommande donc la création d'une direction régionale de l'Insee en Guyane et à Mayotte et la mise en place d'un audit des méthodologies de recensement utilisées dans les territoires.

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Fuite massive des forces vives

Les disparités démographiques ultramarines ne sont pas sans conséquences, selon les rapporteurs. « Face à un vieillissement accéléré dans certaines régions,on constate une fuite importante des forces vives dans la majorité des territoires pour des raisons d'études ou d'emploi. Ces fortes variations démographiques inquiètent notamment sur la survie de la culture dans ces populations. Les territoires ultramarins subissent des défis liés à leurs identités culturelles, notamment à travers la pratique de la langue locale ou une perte des traditions. La démographie a également un impact sur les services publics comme les écoles. En Guadeloupe et en Martinique, la baisse de la population entraîne la fermeture de classes et des suppressions de postes».

Face à ce phénomène de fuite des forces vives, le député de la Martinique Jiovanny William dit «regretter l'absence d'une politique globale et efficace de « retour au pays», les dispositifs de continuité territoriale ne constituent pas des aides au retour de pays». Il reconnaît toutefois que certains efforts ont été faits comme le programme de Cadres Avenir.

48 recommandations

Pour inverser la tendance démographique en Outre-mer et garantir la viabilité économique et sociale de ces territoires, le rapport plaide une véritable « politique publique du retour au pays» 

Les députés préconisent entre autres de renforcer l'attractivité locale en développant des infrastructures éducatives et économiques pour retenir les jeunes,  faire une promotion positive sur les opportunités dans les territoires, ou encore créer une politique d’orientation professionnelle spécifique aux outre-mer, impliquant l’ensemble des acteurs.

Ils insistent sur la nécessité de soutenir  la création d'emplois adaptés aux besoins des territoires : généraliser les épreuves de langues régionales dans les concours de la fonction publique, notamment celui des instituts régionaux d’administration, élargir la procédure de recrutement par concours nationaux à affectation locale (CNAL) à d’autres corps, notamment les corps généralistes.

Pour faciliter les retours, ils proposent de mettre en place des programmes incitatifs pour encourager les ultramarins à revenir après leurs études ou expériences professionnelles.