Démographie : À l'horizon 2070, Guadeloupe et Martinique vieillissantes, Guyane et Mayotte en croissance d'après l'Insee

Un marché en Guyane ©Outremers360

Démographie : À l'horizon 2070, Guadeloupe et Martinique vieillissantes, Guyane et Mayotte en croissance d'après l'Insee

Selon une nouvelle projection démographique de l’Insee, un tiers des régions de France perdraient des habitants d’ici à 2070. Dans les Outre-mer, les perspectives seraient différenciées. Aux Antilles, la population continuerait de baisser, alors qu’elle augmenterait sensiblement à Mayotte et en Guyane, et dans une moindre mesure à La Réunion. La part des seniors deviendrait de plus en plus importante en Guadeloupe et en Martinique.

L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de publier ses dernières estimations. En 2018, la population française s’établissait à 66,9 millions d’habitants. L’Institut a révisé à la fin 2021 le scénario central des projections de population : si les tendances démographiques récentes se poursuivaient, la population en 2044 atteindrait 69,3 millions d’habitants, puis diminuerait pour s’établir à 68,1 millions d’habitants en 2070. Cette perspective d’un pic démographique est partagée par toutes les régions, avec toutefois des disparités importantes concernant les départements d’Outre-mer.

Première constatation, 14 départements perdent des habitants depuis près de 10 ans. Les projections localisées à l’échelle départementale offrent une vision contrastée des perspectives démographiques (voir carte ci-dessous). Dans 14 départements sur 101, le pic de population serait déjà dépassé depuis dix ans ou plus, sans que les perspectives du scénario mentionné au paragraphe précédent ne viennent renverser la tendance. Pour 24 autres départements, ce pic serait dépassé au cours des années 2010. En ce qui concerne les Outre-mer, « la population de la Martinique et de la Guadeloupe diminuerait fortement, tandis que les perspectives seraient plus favorables en Guyane, à La Réunion et à Mayotte. »

Année au cours de laquelle la population départementale serait maximale selon le scénario central

Deuxièmement, la fécondité détermine en grande partie le ralentissement démographique, selon l’Insee. Dans le scénario dit central, la fécondité mesurée par l’indice conjoncturel de fécondité (ICF, qui mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie) au niveau national diminuerait de 2018 à 2023, pour se stabiliser à 1,8 enfant par femme. « Inversement, avec une fécondité basse où l’ICF baisserait progressivement pour s’établir à 1,6 enfant par femme au niveau national, la population atteindrait son pic démographique avant 2070 dans tous les départements à l’exception de la Guyane et de Mayotte. »

Troisième constatation, le solde migratoire explique une grande partie des disparités régionales. Le solde naturel limiterait la croissance de la population dans toutes les régions de l’Hexagone hors Île-de-France. Cette région serait une exception, avec un solde naturel contribuant positivement à sa croissance démographique, la population francilienne étant en effet la plus jeune de France hexagonale, avec une fécondité élevée. « Dans les départements d’Outre-mer, les populations de Mayotte, de La Réunion et de la Guyane augmenteraient fortement, portées principalement par le solde naturel, tandis que les déficits migratoires de la Guadeloupe et de la Martinique seraient amplifiés par des soldes naturels négatifs », précise l’Insee.

Part des 65 ans ou plus dans la population en 2070 selon le scénario central

Enfin, la note de l’Insee souligne un vieillissement rapide de la population sur tous les territoires. L’évolution sur la période 2018-2070 serait relativement mesurée, mais la composition démographique changerait de manière beaucoup plus radicale : 20 millions de personnes auraient 65 ans ou plus en 2070, soit 29% de la population, contre 20% en 2018 (voir carte ci-dessus). Ce vieillissement toucherait tous les départements de l’Hexagone dans de fortes proportions, avec cependant quelques disparités notables. « Outre-mer, les dynamiques démographiques seraient également opposées », relève l’Institut national des statistiques. « L’augmentation de la part des seniors dans la population serait extrêmement rapide en Guadeloupe et en Martinique, ce qui ne serait pas le cas dans les trois autres DOM. » 

PM