Climat : cinq ans après l’Accord de Paris, un rapport pointe les déficiences dans l’Hexagone et les Outre-mer

Climat : cinq ans après l’Accord de Paris, un rapport pointe les déficiences dans l’Hexagone et les Outre-mer

Il y a exactement cinq ans, le 12 décembre 2015, l’Accord de Paris destiné à enrayer le réchauffement climatique était approuvé par 195 pays. Mais où en est-on aujourd’hui dans l’Hexagone et dans les Outre-mer ? Dans un rapport intitulé « Un Climat d’inégalités – Les impacts inégaux du dérèglement climatique en France », l’ONG Notre Affaire à Tous, qui milite pour une transition écologique équitable, fait le point sur les conséquences socio-environnementales des bouleversements du climat, notamment dans les territoires d’Outre-mer.

Le rapport, préfacé par la Martiniquaise Priscillia Ludosky, l’une des figures centrales des Gilets jaunes, et Marie Toussaint, députée européenne (EELV), accorde une grande place aux Outre-mer. Il souligne que contrairement aux idées reçues, la France est l’un des pays les plus affectés par les changements climatiques, notamment dans ses territoires ultramarins dont la géographie les rend particulièrement vulnérables au dérèglement.

« Nous ne sommes pas tous égaux face au changement climatique », précise le texte. « La notion d’inégalité climatique renvoie à des inégalités écologiques appliquées aux changements climatiques. Si le dérèglement climatique nous menace tou·te·s, il existe des différences d’impacts. Certaines populations et certains territoires sont plus exposés et plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques ».

Dans un chapitre consacré aux « peuples autochtones des territoires ultramarins », l’ONG tient à rappeler que les populations autochtones représentent environ 5% de la population mondiale et que leurs territoires abritent 80% de la biodiversité de la Terre. Alors que leur empreinte carbone est infime, les peuples autochtones sont en première ligne face au réchauffement climatique.

Par exemple, « les Kanak de Nouvelle-Calédonie et les six peuples autochtones de Guyane vivent dans des territoires particulièrement vulnérables au dérèglement climatique. Pour les peuples autochtones, dont les moyens de subsistance sont très liés à la biodiversité et aux cycles naturels (chasse, pêche, cueillette, etc.), le changement climatique constitue une menace importante ». Par ailleurs, « l’identité culturelle des peuples autochtones, qui se caractérise par un rapport intime à la nature et à la terre, est aussi menacée par l’effondrement du vivant et le dérèglement climatique ».

Les Outre-mer plus vulnérables et premiers impactés

Les territoires et populations insulaires sont les premières victimes des bouleversements du climat. Le rapport mentionne par exemple la menace de plus en plus précise de la montée des eaux sur l’île d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie. À terme, « certaines îles du Pacifique disparaîtront complètement. Sur les 120 îles totalement submergées d’ici la fin du siècle dans le scénario optimiste, environ 30% se situent en Nouvelle-Calédonie et 30% en Polynésie française », relève l’ONG. Et sur des îles montagneuses, comme La Réunion, « il y a peu de possibilité de relocalisation des habitant·e·s et des infrastructures à l’intérieur des terres ».

Les variations de températures et leur augmentation entraînent également le développement de maladies autrefois peu présentes ou absentes des territoires. La prévalence de ces maladies est souvent liée à des composantes climatiques (température, humidité, niveau de précipitations…). Une fois de plus, les populations des territoires ultramarins sont particulièrement exposées aux risques sanitaires du changement climatique, avec des épidémies de chikungunya ou de dengue par exemple.

©Notre Affaire à Tous

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L’étude note que « les Outre-mer sont les territoires de France les plus vulnérables et les premiers impactés par le changement climatique alors qu’ils n’émettent quasiment pas d’émissions de GES (gaz à effet de serre, ndlr) : les Outre-mer sont responsables de moins d’1% des émissions de GES de la France. Les inégalités de responsabilités et d’impacts face au réchauffement climatique sont donc importantes entre la France hexagonale et la France d’Outre-mer ». Selon l’ONG, la vulnérabilité géographique des territoires ultramarins est renforcée par des facteurs politiques et institutionnels, par l’histoire coloniale de ces régions et leurs statuts juridiques particuliers.

« Ces territoires éloignés du centre décisionnel sont souvent inaudibles, notamment lorsque la France s’exprime sur la scène internationale, principalement du point de vue de la métropole. Cela peut rendre difficile leur accès aux fonds internationaux d’aide à la lutte contre le changement climatique bien que les besoins soient présents et ce alors même que des inégalités de traitement persistent entre Outre-mer et métropole, et entre territoires ultramarins, entraînant accès un inégal aux services publics et de nombreuses discriminations. Le droit à la protection de la santé et à un environnement sain sont deux défis majeurs à relever dans les territoires ultramarins ».

Le rapport intégral « Un Climat d’inégalités – Les impacts inégaux du dérèglement climatique en France », de l’ONG Notre Affaire à Tous est à consulter ici. 

PM