Guadeloupe - Christophe Palcy, directeur général de Klingele-Cartonnerie des Antilles : «Notre usine est dimensionnée pour fabriquer exactement ce dont notre marché a besoin»

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Guadeloupe - Christophe Palcy, directeur général de Klingele-Cartonnerie des Antilles : «Notre usine est dimensionnée pour fabriquer exactement ce dont notre marché a besoin»

Depuis des décennies, l'usine Klingele-Cartonnerie des Antilles fournit des solutions d'emballage aux agriculteurs, exportateurs ou commerçants des Antilles françaises. L'entreprise, qui compte une quarantaine d'employés, met un point d'honneur à produire des emballages répondant aux normes les plus élevées en matière de durabilité et de protection des produits. Coup de projecteur sur un outil industriel majeur et à la pointe de la technologie situé en Guadeloupe.

 

Un Martiniquais à la tête de l'unique fabricant local de carton aux Antilles 

Après des études en Martinique puis à Miami, le jeune Martiniquais commence sa carrière professionnelle sur son île natale comme commercial durant un an au sein d'une PMI spécialisée dans la fabrication de plats cuisinés à base de poissons conditionnés dans des bocaux en verre. A 22 ans, Il exerce la fonction de chef des ventes d'une société distribuant des produits agro-alimentaires auprès de la grande distribution. Une expérience professionnelle de cinq ans qui l'amènera dans le monde du carton. Christophe Palcy intègre en 2017 la Cartonnerie des Antilles en tant que directeur commercial. Début 2021, la cartonnerie des Antilles est rachetée par le groupe allemand Klingele. Une proposition de prendre la direction de cette usine avec un nouveau projet d'entreprise est faite à Christophe Palcy. Un challenge accepté par le Martiniquais.

Christophe Palcy est à la tête de l'entreprise depuis 2021 © Outremers360

60 ans de savoir-faire

Le trentenaire est depuis deux ans à la tête d'une entreprise spécialisée dans la fabrication de solutions d'emballage en carton de haute qualité. Située dans la commune de Baillif, cette cartonnerie a vu le jour dans les années 60.Elle cumule plus de six décennies d'expertise et s'est inscrit au fil des années comme un acteur clé de l'emballage dans les Antilles françaises.«Cette unité industrielle a une longue histoire en Guadeloupe. Elle s’implante dans la ville de Baillif en 1961 et commence son activité deux ans plus tard en 1963. Elle constitue l’une des premières industries de taille dans les Antilles françaises. A cette époque, les besoins en emballage étaient essentiellement liés au secteur agricole, à la culture bananière pour l’exportation vers la France et l’Europe. 60 ans plus tard, nous avons encore cette image qui fabrique des cartons de bananes», nous indique Christophe Palcy. 

Jusqu’ici propriété du groupe américain International Paper, la cartonnerie des Antilles passe sous « pavillon allemand» en avril 2021 et se nomme Klingele-Cartonnerie des Antilles. C'est pour le groupe Klingele son deuxième site français, avec l'usine à papier de Strasbourg, mais cette acquisition renforce surtout sa position sur le continent américain. Le groupe basé à Remshalden près de Stuttgart est déjà implanté à Cuba où il exploite trois sites et au Brésil où il possède une usine. Ces usines emploient au total 3 000 collaborateurs et ont réalisé un chiffre d'affaires total de 820 millions d’euros en 2019. « Nous sommes passés d’un groupe considéré comme l’un des plus gros groupes au monde dans le papier et l’emballage - avec 70 000 salariés, avec 400 sites de production autour de la planète- à un groupe familial. Le groupe Klingelé, fondé par Monsieur Klingelé et actuellement dirigé par la troisième génération de cette famille. Hormis cette dimension familiale, chaque entité dispose d’une autonomie et d’une liberté d’orientation stratégique correspondant au marché du territoire sur lequel il est implanté».

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«Avec l’industrialisation des Antilles, nous sommes aujourd’hui capable de produire des emballages pour tous les besoins d’emballage pour les industriels et l’agriculture de Guadeloupe, de la Martinique et des îles avoisinantes. Notre usine est dimensionnée pour fabriquer exactement ce dont notre marché a besoin. Dans 99% des cas, nous disposons de la solution en interne pour satisfaire les commandes de nos clients, qu’il soit fabricant, ou prestataire de services. Ma volonté est de continuer à dimensionner l’usine afin qu’elle puisse répondre aux besoins du marché, tout en respectant un certain volume qui correspond au niveau d’investissement que nous apportons sur cet outil. Notre logique d’investissement est couplée à la logique du marché, à une logique de territoire».

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Autonomie et Réactivité

Une autonomie de production qui implique une organisation bien rodée. « Être l’unique fabricant local sur un petit marché comme la Guadeloupe nécessite un stockage important de notre matière première qui provient du monde entier, avoir un circuit logistique bien calé car il faut compter un délai de deux mois et demi pour réceptionner notre matière première, quand nos homologues européens attendent 4 à 5 jours en moyenne. Être local nous donne cependant une réactivité pour toujours trouver des solutions en couplant des commandes, en proposant des solutions alternatives ou en proposant des formats mutualisés de carton. Le fait de produire localement nous permet d’avoir des discussions directes avec nos interlocuteurs».

Chaque année, 7000 à 7500 tonnes de papiers sont consommées pour une dizaine de millions d’emballages fabriqués sur le territoire, et destinés aux marchés antillais (Guadeloupe et Martinique), sainte-lucien et dominicain.

Chaque année, 7000 à 7500 tonnes de papiers sont consommées pour une dizaine de millions d’emballages fabriqués sur le territoire © Outremers360
Près de 8 millions d'euros ont été investis en  équipements pour permettre la reprise de l'activité après le passage de la Tempête Fiona © Outremers360

Un outil industriel résilient et innovant

Mi-Septembre 2022 la tempête Fiona va fortement fragiliser l’unité de production de 6000m2 avec 80 centimètres de boue, de végétations .«Si le choix n’était pas simple au départ, le pari a été pris de reconstruire cette usine. Il a fallu remplacer de nombreuses machines endommagées, faire de nombreux travaux dans une période où les délais de livraisons par les fabricants de machines étaient exécrables, entre 12 et 18 mois. Nous avons pu faire un bond technologique par le remplacement de trois de nos machines sur cinq par des machines neuves disposant de technologies qui nous permettent d’augmenter notre productivité et la qualité de nos produits finis. Après huit mois d’inactivité, on a redémarré notre production avec quelques ajustements supplémentaires à apporter. Nous continuons à investir pour réussir à retrouver notre productivité d’avant septembre 2022. Ces investissements dans de nouveaux équipements nous permettront d’être encore plus compétitifs face à l’importation, à la concurrence qu’elle soit caribéenne ou européenne».

En aout 2023,  une délégation du Medef Guadeloupe a effectué une visite de la cartonnerie des Antilles © Outremers360
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Depuis la reprise de l’activité après le passage de la tempête Fiona, la cartonnerie des Antilles retrouve au fur et à mesure sa cadence de production d’avant Fiona (entre 800 000 et 900 000 d’emballage par mois). « Les prochains investissements majeurs sont, jusqu’en début d’année prochaine, de poursuivre les efforts à automatiser et réduire au maximum la pénibilité de certaines tâches.Depuis la tempête Fiona à aujourd’hui, nous totalisons un investissement de près de 8 millions d’euros. L’autre projet est de construire une nouvelle usine car le marché s’est développé et nous également. Sur le plan technologique, il nous reste à acquérir une onduleuse d’un coût de 4 millions d’euros, longue de 35 mètres de plus et qui ne rentre pas sur notre site actuel. Des discussions sont en cours pour déménager cette usine et pouvoir continuer à fournir nos produits, à nos industries locales et au marché caribéen».