Chlordécone en Guadeloupe  :  Protocole pour réduire les expositions, Test de chlordéconémie gratuits pour les personnes vulnérables , les préconisations du Plan Chlordécone IV

© Préfecture de Guadeloupe

Chlordécone en Guadeloupe  : Protocole pour réduire les expositions, Test de chlordéconémie gratuits pour les personnes vulnérables , les préconisations du Plan Chlordécone IV

Ce lundi 5 juillet, le comité national de pilotage du plan chlordécone IV, présidé par le préfet de Guadeloupe, s'est réunit en préfecture pour présenter l’état d’avancement des actions menées par le plan chlordécone IV dans le cadre de la sécurité alimentaire ayant pour objectif de tendre vers le « zéro chlordécone » dans l’alimentation.

 

Après la présentation (en 2017 et 2018) des études Kannari sur les expositions alimentaires et la biosurveillance de la population antillaise, il s’agit d’une nouvelle étape dans l’avancement du plan chlordécone pour améliorer les actions de réduction des expositions de protection de la santé des populations antillaises. Le comité de pilotage a ainsi fixé comme nouvel objectif  de tendre vers le « zéro chlordécone » dans l’alimentation et la mise en place un protocole pour réduire les expositions et prendre en charge les impacts. « Il y a  deux enjeux : tendre vers le zéro chlordécone dans l'alimentation avec différentes façons d'y parvenir avec le contrôle des aliments, aider les agriculteurs leurs façons de produire car on peut produire des produits sains sur sol chlordéconé, mais aussi accompagner les pêcheurs. Cet objectif de tendre vers le zéro chlordécone va concerner l'ensemble de la population antillaise. Il va y avoir  un accompagnement renforcé pour certaines personnes plus vulnérables ou sensibles.  Des analyses de chlordécone dans le sang gratuites grâce à ce nouveau plan et un nouveau programme d'accompagnement pour accompagner les personnes » a souligné Edwige Duclay, directrice de projet chargée de la coordination du plan chlordécone IV au micro de Guadeloupe la 1ere.


Un nouvel objectif qui s'appuie sur plusieurs  études réalisés par l'ANSES. La première portait sur la définition de deux nouvelles valeurs toxicologiques de référence (VTR) pour la chlordécone. Elle revèle que « 85% de la population de Guadeloupe présentait, en 2014, un résultat associé à un risque négligeable d’apparition d’effets néfastes». Ce résultat sera affiné par l’actualisation de l’évaluation des risques sanitaires que l’ANSES conduira d’ici fin 2021. Un dosage de chlordéconémie, ne permet pas de dire si une personne est en bonne ou en mauvaise santé, ou si elle risque de tomber malade. La présence de chlordécone dans le sang est un signal pour comprendre et réduire son exposition.
Pour mieux accompagner les personnes ayant participé aux premiers tests de chlordéconémie, l’agence régionale de la santé a établi un protocole de suivi. Pour identifier et réduire les sources d’expositions, des ateliers seront mis en place. Il s’ensuivra une liste de recommandations alimentaires puis une phase de suivi et de diagnostic individualisé des sources de contaminations. En fin de parcours un nouveau dosage sera effectué pour évaluer l’évolution du taux de chlordécone dans le sang et permettre une évaluation des recommandations.

La seconde étude réalisée par l'ANSES portait sur le lien entre exposition aux pesticides et le cancer de la prostate. Le rapport conclut à un lien causal probable entre expositions aux pesticides, notamment la chlordécone et le cancer de la prostate et recommande la création d’un tableau de maladie professionnelle. Les partenaires sociaux, se réunissent au sein de deux commissions nationales que sont, pour le régime général, une commission spécialisée du conseil d’orientation sur les conditions de travail (COCT) et pour du régime agricole, la commission supérieure des maladies professionnelles en agriculture (COSMAP). Ils doivent se réunir d’ici la mi-juillet, pour formuler leurs propositions, sur la base desquelles les pouvoirs publics prendront rapidement une décision.

Enfin, la dernière étude présentée concerne les expositions alimentaires au sein des foyers directement, c’est l’étude ChlorExpo dont le lancement a été fait le 1er juillet dernier. Le but est d’obtenir une photographie plus précise du niveau d’exposition alimentaire de la population au chlordécone, en lien avec les dernières connaissances sur les risques d’exposition à ce contaminant chimique. Pour mieux prendre en compte les habitudes locales d’approvisionnement, de préparation et de cuisson des aliments, l'agence réalise cet été 2021 une enquête scientifique auprès des habitants. Les informations produites contribueront à permettre de limiter l’exposition de la population, sans renoncer aux produits ou aux modes de production et de distribution locaux.