Centre spatial guyanais : L'arrêt de Soyouz, une "baisse significative d'activité" pour la base de Kourou, selon sa directrice

Le pas de tir de Soyouz au centre spatial guyanai © DR

Centre spatial guyanais : L'arrêt de Soyouz, une "baisse significative d'activité" pour la base de Kourou, selon sa directrice

L'arrêt des tirs de la fusée russe Soyouz depuis Kourou provoque une "baisse d'activité significative" du Centre spatial guyanais (CSG) d'ici fin 2023, selon Marie-Anne Clair, directrice de l'établissement géré par l'agence spatiale française (Cnes). La base spatiale se prépare toutefois à l'arrivée de nouveaux lanceurs européens et s'est engagé dans un vaste programme de modernisation.

 

-Quelles sont les conséquences de l'arrêt des lancements de Soyouz pour la base spatiale de Kourou?

Marie-Anne Clair : L'arrêt de Soyouz a été brutal. Ce sont les Russes qui ont décidé d'arrêter de façon unilatérale, on a dû affronter cette décision et s'adapter. Il était déjà prévu d'arrêter Soyouz en Guyane avec l'arrivée d'Ariane 6: dans sa version deux boosters, c'est un remplaçant de Soyouz. Donc c'est un changement de conjoncture mais pas un changement de stratégie puisque à horizon de l'arrivée d'Ariane 6, il y n'avait de toute façon plus de Soyouz.
On a du coup deux années un petit peu difficiles, puisqu'on a trois vols Soyouz cette année et deux l'année prochaine qui ont été supprimés. C'est une baisse d'activité significative et pour traverser cette vallée du désert, on a mis en place plusieurs dispositifs, on a revu à la baisse un certain nombre de prestations, des choses qu'on n'a pas commandées, on a également utilisé le dispositif de chômage longue durée mis en place par le gouvernement pour le Covid et qui a été prolongé pour les industriels touchés par la crise en Ukraine. C'est avec ça qu'on va réussir à passer 2022 et 2023.
Ce dispositif concerne une cinquantaine de personnes chez différents industriels sur un effectif de 1.700. C'étaient 250 à 300 Russes qui venaient pour chaque lancement pour mettre en oeuvre les lanceurs.

Comment le CSG se prépare-t-il à l'arrivée des lanceurs Vega-C et Ariane 6?

Marie-Anne Clair : Avec une modernisation de la base, puisque le dernier grand plan de modernisation datait de l'arrivée d'Ariane 5, donc au siècle dernier avec des technologies du siècle dernier. A la conférence ministérielle de 2019 avec l'Agence spatiale européenne (ESA), on a décidé un grand programme de modernisation de la base qui nous permet de réduire les coûts récurrents, les frais de fonctionnement, d'améliorer la disponibilité de la base et également la durée entre deux lancements: aujourd'hui on a besoin de 11 jours pour reconfigurer la base entre deux lancements. Avec nos nouveaux dispositifs, on sera sur deux jours. On va gagner énormément en réactivité, notamment en passant beaucoup de choses analogiques en numérique. L'investissement représente 140 millions d'euros.

Quels sont les autres projets de modernisation?

Marie-Anne Clair : Nous allons proposer un nouveau programme à la conférence ministérielle (de l'ESA de novembre) 2022. Il concerne le verdissement de l'énergie. Le CSG représente 15% de la consommation énergétique de la Guyane. On va installer au CSG des centrales photovoltaïques et des centrales biomasse. Elles vont nous permettre de lever la pression sur la Guyane, qui est en pleine expansion démographique et a besoin d'énormément d'énergie, et d'investir sur des énergies vertes.
Notre besoin en électricité est essentiellement pour la climatisation de l'ensemble des bâtiments qui concourent à la réalisation de nos activités. C'est le poids lourd dans notre note d'électricité (60%, ndlr).
 

Avec AFP