Aux Antilles, les sargasses sont exploitables sur le plan industriel, selon l’AFD

Barrage anti-sargasses au Robert, en Martinique ©AFD

Aux Antilles, les sargasses sont exploitables sur le plan industriel, selon l’AFD

Les sargasses représentent un terrible fléau pour la biodiversité et les écosystèmes, particulièrement pour les mangroves, mais également pour l’homme. En s’agglutinant et se désintégrant sur les rivages, leur putréfaction entraîne l’émanation de gaz toxiques et malodorants, ce qui constitue un véritable enjeu de santé publique. Cependant, selon l’Agence française de développement, ces algues invasives « sont un produit industriellement exploitable ».

Les algues sargasses ont toujours dérivé aux Antilles, « mais leur volume a considérablement augmenté depuis plus de dix ans, à tel point qu’on les trouve désormais à l’embouchure de l’Amazone et jusqu’au golfe du Mexique », relève une récente note de l’Agence française de développement (AFD). Dorénavant, elles constituent régulièrement des amas de plusieurs dizaines de kilomètres le long des littoraux des Caraïbes.

En s’échouant sur les rivages, les sargasses ont des conséquences désastreuses sur l’environnement et sur l’homme. « Elles meurent et consomment alors tout l’oxygène du milieu où elles se trouvent, tout en relâchant des émanations d’hydrogène sulfuré (H2S), gaz toxique voire mortel. Au niveau sanitaire, les émissions d’H2S et d’ammoniaque (NH3) issues de la décomposition des sargasses peuvent provoquer maux de tête, nausées, vomissements, dégradation accélérée des appareils électroniques et électroménagers, tout en faisant fuir les touristes », constate l’AFD.

Produits en tube et terreau

Toutefois, l’Agence affirme que les sargasses sont des produits exploitables sur le plan industriel, à condition de bien les utiliser, même si la stabilité d’une production éventuelle n’est pas assurée due à la difficulté de modéliser et d’anticiper les échouages des algues. Possibilités d’utilisation : « On peut en extraire de l’alginate, composant essentiel des produits en tube comme la gouache, le dentifrice. On peut aussi les valoriser en terreau ». L’AFD précise que peu d’initiatives de ce genre ont été mises en place, que ce soit aux Antilles françaises ou dans les autres pays de la Caraïbe.

Une opportunité économique, donc, sachant que les sargasses sablées sont cependant inexploitables : « les ramasser marée après marée contribue à l’érosion côtière – le sable venant à manquer – et nécessite un coûteux processus de nettoyage », estime l’institution. Il faut donc rediriger les masses d’algues avant qu’elles ne s’agglutinent sur le sable, en mettant en place des systèmes de barrages flottants, vers des zones où l’on a les moyens de les collecter en mer par bateau ou de les ramasser par des systèmes de chenilles reliées à la côte. 

Dans le cadre de la lutte contre les nuisances liées aux échouages des sargasses, l’AFD, avec l’État (ministères des Outre-mer, de la Transition écologique et solidaire et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation), est partenaire du projet Sarg’Coop, conçu par le Conseil régional de la Guadeloupe, qui a démarré en janvier 2021. Cette initiative a notamment pour objectifs la mise en place d’un forum caribéen des sargasses ainsi que la création et l’animation d’un centre caribéen de surveillance et d’alerte. L’agence a mis à la disposition du projet une subvention du Fonds Outre-mer de 300 000 euros qui permettra d’accompagner le déploiement d’un réseau de mesure de la qualité de l’air dans plusieurs pays de la Caraïbe.

PM