Le président de la République sera au Fort-de-Joux ce jeudi pour rendre hommage à Toussaint Louverture, « enfant des Lumières » et figure emblématique de la Révolution et de l’abolition de l’esclavage, à l’occasion du 220ème anniversaire de sa mort et du 175ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
Une visite sous le signe de la mémoire et de l’esclavage, se refusant à tout anachronisme, et évitant de « faire porter au passé le poids des questions d’actualités ». Telle sera la teneur de cette visite au Fort-de-Joux dans le Doubs, en hommage au général haïtien Toussaint Louverture. Pour le chef de l’État, accompagné par le ministre délégué aux Outre-mer Jean-François Carenco, il s’agira de souligner l’universalité du message du général Toussaint Louverture.
Né esclave vers 1743 sur l’habitation Bréda en Haïti, Toussaint Louverture « accède aux savoirs », faisant de lui un « enfant des Lumières » et une figure emblématique de ces temps, « qui combat au nom de l’idéal des Lumières et de la Révolution », estime l’Élysée. Affranchi, puis lui-même propriétaire de plantations et d’esclaves, Toussaint Louverture va faire partie des meneurs de la Révolution haïtienne et devient l'une des grandes figures des mouvements d'émancipation des colonies et des esclaves.
En 1802, il est arrêté par les troupes de Napoléon Bonaparte, après une expédition en Haïti menée par le général Leclerc, pour reprendre l’ancienne colonie. Toussaint Louverture sera emprisonné au Fort-de-Joux en août 1802, et décédera le 7 avril 1803 après un hiver rude. « En me renversant, on n'a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l'arbre de la liberté, mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses », aurait déclaré Toussaint Louverture avant d’embarquer sur la frégate qui l’emmena dans l’Hexagone. En 1804, son ancien Lieutenant, Jean-Jacques Dessalines, proclame l’indépendance de la République d’Haïti. En 2009, une inscription gravée au Panthéon est inaugurée en l’honneur de Toussaint Louverture.
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Pour l’Élysée, la visite permettra aussi, à travers la figure de Toussaint Louverture, de célébrer la mémoire des victimes de l’esclavage, mais aussi des abolitionnistes et des émancipateurs des colonies. Et en choisissant le 27 avril, le chef de l’État met en avant le 175ème anniversaire du décret d’abolition de l’esclavage de Victor Schœlcher.
Il s’agira aussi de mettre en exergue la route des abolitions, initiée par cinq communes de l’Est de la France hexagonale : Fort-de-Joux donc, mais aussi Fessenheim, Champagney, Chamblanc, Emberménil. Chacune de ses villes est liée à une figure emblématique de la lutte contre l’esclavage et pour son abolition : Victor Schœlcher, Anne-Marie Javouhey, l’Abbé Grégoire et Toussaint Louverture. Champagney est connu pour avoir été, en 1789, le premier village à avoir dénoncé l’esclavage dans son cahier de doléances. Aujourd’hui, cette route des abolitions compte 25 communes.
Et si le président de la République a choisi la date du 27 avril, celle du 10 mai prochain, qui commémore la loi reconnaissant l’esclavage comme crime contre l’Humanité et a traditionnellement lieu au Jardin du Luxembourg, sera aussi honorée par le gouvernement. D’après l’Élysée, c’est la Première ministre qui se rendra à cette commémoration. L’Élysée assure aussi que le projet de Monument en hommage aux victimes de l’esclavage, qui doit prendre place aux Tuileries, est toujours d’actualité.