À une semaine des élections régionales, retour sur les enjeux dans les 5 Outre-mer appelés aux urnes

À une semaine des élections régionales, retour sur les enjeux dans les 5 Outre-mer appelés aux urnes

Les électeurs des cinq départements et régions d’Outre-mer - Mayotte, La Réunion, Guadeloupe, Guyane et Martinique - sont appelés aux urnes les 20 et 27 juin pour renouveler les élus de leur département, régions ou collectivité territoriale. 

La Martinique et la Guyane disposent chacune d'une collectivité territoriale unique, exerçant à la fois les compétences départementales et régionales. Ces collectivités entrées en vigueur en janvier 2016 vont connaître leur premier renouvellement. 

Martinique

Quatorze listes s'opposent dont celle du président sortant, Alfred Marie Jeanne, 85 ans, leader du MIM (le mouvement indépendantiste Martiniquais) parti qui s'est fissuré à l'occasion de cette mandature. En 2015, c'est son ralliement à la droite locale qui lui avait assuré un retour au pouvoir.

Jean-Philippe Nilor (ex-MIM) député de la circonscription sud et élu de l'ancienne majorité de gauche fait partie des candidats qui dénoncent la politique menée par le président sortant, accusé d'avoir confisqué tous les pouvoirs de la collectivité. 

Le député Serge Letchimy (PPM, Parti d'Aimé Césaire), battu en 2015, se représente avec le soutien de nombreux maires de l'île. La sénatrice Catherine Conconne, élue de l'opposition de l'assemblée de Martinique, qui a quitté le PPM, est également en lice. Aucune des listes n'a les moyens de gagner le scrutin dès le premier tour, surtout que le taux de participation a considérablement chuté : 15 points de moins sur les 10 dernières années.

Guyane 

Quatre listes sont en compétition pour le renouvellement des 55 conseillers territoriaux en Guyane. Le président sortant, Rodolphe Alexandre, ancien soutien de Nicolas Sarkozy, aujourd'hui proche d'Emmanuel Macron, est candidat. 

Associé à des figures du syndicat indépendantiste, l'Union des travailleurs guyanais (UTG), le député (GDR), Gabriel Serville, ancien conseiller régional, conduit une liste soutenue par LFI. Jean-Paul Fereira, maire d'Awala-Yalimapo, la première commune amérindienne de Guyane, mène une liste « d'union » d'autonomistes, anticolonialistes, écologistes et apparentés socialistes.

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Les enjeux portent sur l'autonomie alimentaire, énergétique et institutionnelle, l'amélioration des voies de communication dans le grand ouest (30 000 habitants), et une meilleure équité dans l'accès aux soins, aux services publics et à l'emploi.

Guadeloupe

Douze listes, sont en lice pour élire les 41 conseillers régionaux. Ces élections se jouent sur fond d'enquêtes politico-financières avec plusieurs candidats placés en garde-à-vue ces dernières semaines.

Parmi eux, Ary Chalus (LREM depuis 2017), président de Région sortant, soupçonné de détournement de fonds publics, se représente ainsi que la présidente sortante du département, Josette Borel-Lincertin, soupçonnée de prise illégale d'intérêt, qui conduira la Fédération guadeloupéenne du Parti socialiste (FGPS), et le député Max Mathiasin, soupçonné de détournement de biens publics, qui a validé sa candidature avec le soutien du Parti socialiste Guadeloupéen (PSG).

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Pour les élections départementales, 73 binômes ont été validés par la préfecture, dans un archipel qui compte 21 cantons, ce qui permettra de renouveler cette assemblée qui compte 42 conseillers. Ce scrutin est largement convoité par les maires puisqu'ils sont 15, sur les 32 communes que compte l'archipel, à se présenter en tant que titulaire.

Mayotte

Les électeurs éliront 26 conseillers départementaux dans ce département de 374 km2 dans l'océan Indien. Malgré son nom, le Conseil départemental est une collectivité unique qui a également des compétences régionales. Des compétences qui n'ont pas fait l'objet de transfert financier de la part de l'État réclamé par la majorité des candidats.

Soixante-quatorze binômes sont en course pour succéder au LR et ancien sénateur Soibahadine Ibrahim Ramadani. L'un des prétendants est le député LR Mansour Kamardine, ainsi que Issa Issa Abdou (actuellement 4e vice-président chargé des affaires sociales, de la santé et de la solidarité) et Daniel Zaïdani (ancien président du conseil général de 2011 à 2015), tous deux du MDM (Mouvement pour le développement de Mayotte).

La Réunion

Onze listes sont en compétition pour renouveler les 45 membres du Conseil régional du territoire ultramarin le plus peuplé (plus de 800 000 habitants).

Condamné le vendredi 21 mai à 15 mois de prison avec sursis et 3 ans d'inéligibilité dans une affaire de prise illégale d'intérêts et d'abus de biens sociaux, le président sortant, Didier Robert, est candidat à sa propre succession. Il conduit une liste d'union des droites et des centres.

Dans le camp opposé, la gauche n'a pas réussi son union. Cinq listes se réclament de cette mouvance dont celles d'Ericka Bareigts, ancienne députée et ministre des Outre-mer élue maire de Saint-Denis en juin 2020, et de Huguette Bello, maire de Saint-Paul. Les autres candidats représentent notamment Europe Écologie les Verts et le Rassemblement national. Dans un récent sondage, Didier Robert, Ericka Bareigts et Huguette Bello sont au coude à coude, entre 30 et 34% des intentions de vote. 

Dans un département où 38% des 858 450 habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et où plus de 131 000 personnes sont à la recherche d'un emploi, le développement socio-économique est l'un des principaux thèmes de campagne.

Avec AFP.