À La Réunion, les défis de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique

Le détachement de Saint-Denis de La Réunion en opération ©OCLAESP

À La Réunion, les défis de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique

Opérationnel à La Réunion depuis septembre 2021 avec six gendarmes, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) va recevoir le renfort de deux policiers dès cet été. Un appui bienvenu tant les enjeux et les problématiques sont multiples dans une immense zone d’intervention qui comprend Mayotte et les Terres australes et antarctiques françaises. Une division de l’Office est également présente en Guyane depuis 2020, et une autre devrait ouvrir d’ici la fin de l’année dans un territoire français du Pacifique.

 

Ils sont bien présents sur le terrain mais peu connus du grand public. Pourtant les gendarmes de l’OCLAESP jouent un rôle essentiel. Dans le domaine de l’environnement, ils combattent contre les pollutions des milieux physiques, les trafics illicites de déchets et de produits phytopharmaceutiques ainsi que les trafics d'espèces protégées ou réglementées. En ce qui concerne la santé publique, les missions de l’Office sont de stopper les déviances médicales ou paramédicales comme l’exercice illégal des professions de santé, les infractions concernant les produits dérivés du corps humain et les trafics de médicaments.

Depuis le 1er septembre 2021, une division investigations de l’OCLAESP, en charge des enquêtes judiciaires sur les réseaux criminels organisés, est installée à La Réunion. Ce détachement, composé de six gendarmes, sera rejoint à l’été 2022 par deux policiers, vient d’annoncer la Gendarmerie nationale. « Son champ de compétence s’étend sur toute la zone de l’océan Indien, couvrant ainsi les secteurs de La Réunion, de Mayotte et des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) », précise-t-elle.

À La Réunion, la gestion des déchets constitue un enjeu majeur. L’augmentation du nombre de dépôts sauvages pollue non seulement les sols et les nappes phréatiques, mais elle a entraîné un nouveau phénomène : « l’émergence de trafics visant à envoyer les déchets vers d’autres pays de la zone, notamment à Madagascar et en Inde », constate la Gendarmerie. « C’est sur ce point, et en lien avec les autorités locales, qu’intervient l’OCLAESP. Son travail est d'enquêter sur ces phénomènes, sur les personnes et/ou les entreprises à l’origine de ces trafics, pour y mettre un terme et faire condamner les auteurs. »

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Autres problèmes environnementaux à La Réunion : les trafics d’espèces locales et de certaines cultures, ainsi que les trafics d’espèces animales. Au centre de l’île, le palmiste, qui représente l’une des cultures les plus lucratives du territoire pour ses fibres et son huile, est l’arbre le plus convoité par les trafiquants, qui s’introduisent de nuit dans les exploitations. D’autres trafics concernent la pêche et le commerce illégal de bichiques, considérés comme le « caviar réunionnais ». « Ces petits alevins, extrêmement consommés dans la nourriture locale mais dont la pêche est interdite de mars à septembre, se vendent à 80 euros le kilo. De quoi attirer les convoitises », relève la Gendarmerie.

Plus récemment, le détachement de l’Office a remarqué un nouveau phénomène, l’importation d’oiseaux chanteurs. Emmenés de l’île Maurice, ils arrivent par vedettes rapides à La Réunion, en même temps que le « zamal », l’équivalent local du cannabis. À Mayotte, ce sont les tortues marines qui sont étroitement surveillées par les agents de l’OCLAESP. Braconnées pour leur viande, elles peuvent être vendues entre 40 et 60 euros le kilo.

Sur le volet de la santé publique, les gendarmes de l’Office ont également constaté des trafics de médicaments, généralement détournés de leur usage et des trafics de stéroïdes anabolisants en provenance ou en direction des pays de la zone. Dans ce domaine, « ses liens privilégiés avec l’ARS (Agence Régionale de Santé) et la DRSM (Direction Régionale du Service Médical) de La Réunion ont ainsi permis au détachement de l’Office de démanteler un trafic de faux pass sanitaires mis en place par un médecin de l'île ». Concernant les questions de la faune et la flore, les acteurs sont nombreux. « Parmi eux, les services préfectoraux de la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), la DAAF (Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt), la DMSOI (Direction de la Mer Sud Océan Indien), mais également l’OFB (Office Français de la Biodiversité), l’ONF (Office National des Forêts), le Parc national de La Réunion et les différentes réserves. Des entités qui sont une source de renseignement indispensable pour l’OCLAESP, qui travaille aussi à leurs côtés sur le terrain », souligne la Gendarmerie. 

 

PM