Dès l’annonce du confinement mi-mars par le Président de la République, les trois maires de l’île de Marie-Galante ont pris des mesures rigoureuses pour protéger les habitants de l’île.
Entre ces champs de cannes à perte vue et son littoral bordé par de nombreuses plages de sable blancs et son eau translucide, Marie-Galante – située à 30 km au sud-est des côtes de la Guadeloupe en navette maritime- pourrait se présenter comme le remède idéal en ces temps de crise sanitaire. Mais c’était sans compter sur la vigilance des élus de cette île.
Retrouvez ci-dessous l’interview de Maryse Etzol, maire de Grand-Bourg et Présidente de la Communauté de communes de Marie-Galante
Pour préserver le plus possible leurs habitants majoritairement âgés de 60 ans et plus (+ 60% de la population), les trois maires de cet île du sud de l’archipel guadeloupéen ont pris dès le 16 mars un arrêté interdisant l’accès au territoire par voie maritime.«Il était pour nous impératif d’arrêter ces navettes maritimes car le risque était grand en permettant à 700 passagers 3 fois par jour de débarquer sur l’île. Il faut rappeler qu’il n’y a pas de contrôle ni au départ de la Guadeloupe, ni à l’arrivée de Marie-Galante» indique Maryse Etzol maire de Grand-Bourg et Présidente de la Communauté des communes de Marie-Galante. Des flots de passagers qui arrivent sur une île peu équipée en moyens sanitaires. « Nous avons un hôpital mais qui ne dispose ni de service de réanimation, ni de soins intensifs. Nous avons une dizaine de médecins qui sont des généralistes, il n’y a aucun spécialiste sur l’île ».
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Covid Center et continuité sanitaire
Pour les trois élus, la priorité est d’assurer la sécurité sanitaire de cette population. Un Covid center a été installé dans une salle mise à disposition par la commune de Grand-Bourg pour recevoir les cas suspects, et faire les dépistages. « Pour éviter la contamination des cabinets médicaux, nous avons mis en place un centre appelé Covid Center pour consulter les personnes qui toussent ou qui ont de la fièvre. La semaine dernière, nous avons reçu 21 patients à ce Covid Center, et nous avons fait 15 tests et aucun ne s’est révélé positif».
Parallèlement à ce Covid-Center, un rapatriement sanitaire aérien a été institué pour pallier à l’absence des navettes maritimes. « Nous avons des patients qui dépendent des hôpitaux de Guadeloupe, notamment pour des soins indispensables comme la chimiothérapie, la radiothérapie ou autre soins qui ne peuvent s’arrêter du jour au lendemain».
Ce rapatriement est opéré trois fois par semaine par la compagnie Air Antilles Express à bord d’un twin-otter de 20 places. « Une dizaine de patients qui a besoin de soins spéciaux en Guadeloupe. Il reste 9 places à disposition des civils qui répondent aux exceptions de l’arrêté de confinement».
L’approvisionnement de l’île est également assuré par une barge en provenance de la Guadeloupe continentale deux fois par semaine.« Ça se passe bien pour le moment, les retours de commerçants ne sont pas négatifs, je crois que tout le monde adhère à cette organisation sur le territoire».
Quelques verbalisations
Depuis la circulation du virus, l’île n’a enregistré qu’un seul cas confirmé. Il s’agit d’une résidente qui est revenue d’un séjour en France Hexagonale. « Elle est actuellement hospitalisée à Pointe-à-Pitre mais selon les dernières nouvelles, son état est stable » a précisé Maryse Etzol.
Les règles rigoureuses mises en place par les édiles marie-galantais ont permis d’épargner l’île de Marie-Galante, à la différence de la Guadeloupe qui a enregistré 128 cas et 6 décès. « Le confinement est très respecté. Nous continuons à passer, avec la police municipale, dans les sections et dans les campagnes à faire véhiculer les recommandations, les mesures d’hygiènes. Nous avons eu à verbaliser des touristes à la plage. Les gens pensent souvent que Marie-Galante est en dehors du monde et qu’on ne respecte pas la loi».
Une île résiliente
Cette anticipation du risque sanitaire par les élus témoigne de la résilience de ces derniers à faire face aux crises. « Nous sommes habitués à gérer des crises, notamment avec la saison des cyclonique. Je crois que ces territoires qui ont l’habitude d’être sous tension, sont quelque part prêts pour faire face à cette épidémie. Cette épidémie n’a nulle autre pareille. J’entends qu’aux Etats-Unis, ils sont à 12 000 morts, Marie-Galante compte à peine 10 000 habitants, il ne faut pas que cette épidémie touche Marie-Galante, en tout cas pas de façon si violente », nous confie Maryse Etzol. « C’est pourquoi nous avons fait le choix de prendre des mesures très rigoureuses».