© Préfecture de Martinique
Santé, agriculture, cartographie des sols contaminés, les pouvoirs publics ont annoncé jeudi à l’issue d’un colloque scientifique de deux jours en Martinique, à Schoelcher, des mesures pour lutter contre la pollution au chlordécone, pesticide cancérogène et perturbateur endocrinien longtemps utilisé aux Antilles.
Le préfet de Martinique Franck Robine a notamment annoncé lors d’une conférence de presse, qu' »un programme spécifique de suivi des femmes enceintes (…)sera lancé en Martinique d’ici la fin de l’année ». Le chlordécone est soupçonné d’avoir des conséquences graves sur la grossesse et le développement des enfants.
L’Institut National du Cancer (INCA) approfondira les recherches sur le rapport entre chlordécone et cancer: il « a réuni une dizaine des plus grands spécialistes au monde en toxicologie et épidémiologie (…) à l’instigation du travail » du professeur Luc Multigner (le premier à avoir démontré une association de causalité entre le chlordécone et le cancer de la prostate en 2010, NDLR), nous cherchons à savoir s’il y a quelque chose », a confié son président, Norbert Ifrah. Il a précisé que les Antilles comptaient 30% de cancers de moins que l’Hexagone à l’exception du cancer de la prostate.
Le dispositif Jafa, qui contrôle la teneur en chlordécone des jardins familiaux et accompagne les particuliers dans un système de culture plus adapté à leur sol contaminé, sera aussi renforcé. 750 accompagnements ont été organisés en 2018, ils seront 1.000 en 2019.
Par ailleurs, la cartographie de la teneur en chlordécone des sols sera complétée dans les 2 à 3 ans. Pour l’heure, seuls 37% des terres martiniquaises ont été analysées. Le plan chlordécone recevra une rallonge budgétaire de 30% pour faire aboutir ce travail de recensement.
Les Limites Maximales de Résidus (LMR, limites de pesticide autorisées dans les aliments) pour le chlordécone seront aussi revues très prochainement à la baisse sur la viande de boeuf. Sur les autres viandes, l’Anses « rendra une réponse dans les prochaines semaines », a assuré Roger Genet, directeur général de l’Anses.
Si les autorités se sont félicitées de ce colloque, Olivier Marie-reine, président du Comité Régional des Pêches, n’y voit qu' »une grand-messe. En terme de connaissance, ça n’apporte rien. Zéro action pour l’avenir ».
Il a également dénoncé les navires non professionnels qui pêchent dans les zones interdites car polluées et revendent leurs produits sur les marchés. « Avant 2007, il y avait 1.200 pêcheurs en Martinique. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 650. Presque 2 fois moins parce que nombreux sont ceux qui n’ont pas pu se mettre aux normes pour aller pêcher plus au large », a-t-il expliqué.
Avec AFP