Nouvelle-Calédonie : Daniel Goa appelle « Les Loyalistes » au « bon sens » pour trouver une solution commune

Nouvelle-Calédonie : Daniel Goa appelle « Les Loyalistes » au « bon sens » pour trouver une solution commune

©Outremers360 (archives)

Alors que le comité exécutif du parti indépendantiste l’Union Calédonienne doit avoir lieu demain afin de définir la liste qui se présentera à la création du 17e gouvernement, Daniel Goa s’est exprimé ce mardi 9 février dans un long communiqué, appelant la coalition Les Loyalistes à créer, ensemble, les conditions nécessaires à une autre solution dans le dossier de l’Usine du Sud, pour l’intérêt du territoire.

Au lendemain des déclarations des Loyalistes appelant à une gouvernance partagée sans les indépendantistes, le dossier de l’Usine du Sud est au cœur du communiqué de Daniel Goa qui revient sur les raisons du retrait du gouvernement de Thierry Santa de l’Union Calédonienne et appelle à un nouveau modus operandi pour trouver une solution dans l’intérêt des Calédoniens.

Le président de l’Union Calédonienne entame son communiqué en épinglant les médias locaux qu’il considère en manque de partialité, invitant les Calédoniens à se renseigner par le biais des médias d’Hexagone qui « ne se trompent pas, quant à eux, sur les raisons du renversement du gouvernement Santa et plus largement de la crise actuelle ».

Revenant sur l’entrevue avec Sonia Backès, Daniel Goa pointe du doigt les convergences quant à l’épineux sujet de l’Usine du Sud, évoquant les volontés communes de faire du Nickel une ressource profitable au développement du pays, la défense des intérêts du territoire, les considérations environnementales, la nécessité d’un projet de reprise sérieux par un industriel compétent, et enfin la volonté que « les 3000 salariés reprennent le chemin du travail et puissent se projeter dans l’usine sur les décennies à venir ».

Malgré ces points d’accord, le dirigeant du parti indépendantiste met un point d’honneur à démonter la logique de l’expression de la majorité Loyaliste, expliquant que « plus de 20 ans après la signature de l’Accord de Nouméa, 30 ans après Matignon-Oudinot, la majorité « loyaliste » n’a toujours pas compris que dans notre pays – notre pays commun – le « fait majoritaire » n’était la garantie d’aucune légitimité et stabilité politique parce qu’il relevait d’un coup de force, d’une colonisation vieille de plus de 160 ans et qui n’en finit pas d’agoniser ».

Accusant Antonin Beurrier d’être à la manœuvre dans la proposition de reprise de l’Usine du Sud par un montage de sociétés domiciliées à Paris, la société Prony Ressources et la société South 22, dont il est le créateur et l’actionnaire majoritaire, c’est l’État, pourtant mainte fois appelé comme arbitre par tous les partis prenants, qui est mis sur le banc des accusés par Daniel Goa, qui détaille :

« Le responsable c’est l’État français, qui veut à tout prix faire passer en force le projet actuel de reprise, y compris au risque d’une rupture des équilibres politiques construits peu à peu au fil de ces dernières trente années. La présidente de la province Sud nous l’a explicitement confirmé. La responsabilité de Bercy est ici totale. Les pressions que le Ministère de l’Économie et des Finances exerce sur les élus « loyalistes » pour imposer le dossier Beurrier sont fortes, très fortes ; et cela malgré les réserves de la présidente de la province Sud, malgré la pression de l’ICAN et des indépendantistes sur le terrain, malgré l’existence d’une alternative que l’État ne peut plus nier puisque le dossier du projet lui a été officiellement transmis (…). La preuve que l’État n’est plus du tout, dans le dossier Vale NC, l’arbitre qu’il affirme être, mais un acteur intéressé plutôt brutal et intransigeant, nous en avons la preuve avec la convocation par le Haut-Commissaire du Conseil des Mines alors même que le Gouvernement Santa venait de tomber ».

C’est ensuite un appel « au bon sens » de la part de Daniel Goa, qui somme les Loyalistes de ne pas céder « aux oukases de Bercy » mais plutôt d’œuvrer de concert avec les indépendantistes afin de mettre en place un délai suffisant « pour construire une autre solution que celle purement financière qu’ils défendent mordicus, mais à contre cœur pour certains ».

La solution alors évoquée est celle d’un retour des titres miniers à la province Sud et leur concession sous conditions à une entreprise réellement soucieuse des intérêts du pays, la prise en compte de la valeur du massif dans le montage financier de la société à venir, et notamment dans son actionnariat, la construction d’un actionnariat avec une véritable majorité Pays, qu’il résume en « une solution commune respectueuse du fragile environnement  insulaire tout en assurant un avenir économique à la jeunesse de notre Pays ».

Damien Chaillot