Les premières expériences d’aquaculture en Nouvelle-Calédonie ont eu lieu dans les années 70. A cette époque, l’IFREMER décide de se positionner sur l’élevage et la production de la crevette bleue (Penaeus Stylirostris). Une stratégie payante puisque, depuis, la crevette occupe la 1ère place des productions agricoles exportées du pays. Toutefois, dépendant en grande partie des aléas climatiques (La Niña, dépression tropicale…), l’élevage calédonien reste fragile. Explications de notre partenaire Actu.nc.
Initié en Nouvelle Calédonie par le professeur Doumenge en 1970, l’élevage de la crevette bleue n’y a réellement démarré qu’au début des années 80. Malgré son potentiel de croissance plus faible par rapport à la crevette tigrée (penaeus monodon) ou encore la crevette à pattes blanches (Penaeus vannamei), dans les années 70 les chercheurs de l’IFREMER ont opté pour l’élevage de la crevette bleue (Penaeus Stylirostris).
« Aucune crevette testée n’a convaincu les chercheurs de l’époque. Ils ont alors décidé d’importer des crevettes bleues », se remémore Dominique Pham, responsable du projet Ressac (Ressources et écosystèmes aquacoles en Nouvelle-Calédonie) à l’IFREMER. Sa meilleure adaptation au climat hivernal relativement frais en Calédonie en était la raison principale. « Dans cet environnement spécial où il existe deux saisons très marquées, cette crevette a la possibilité d’être élevée à 18° comme à 30°. Et c’est celle dont nous maitrisons le mieux la reproduction », assure Dominique Pham. Une maîtrise de la production qui a permis à la Calédonie de devenir l’un des rares territoires à produire cette espèce de crevette.
Anticiper les fluctuations climatiques
Depuis les années 2010, la production de crevettes bleues s’élève à 1 500 tonnes par an, en moyenne, sur le territoire. D’après l’Institut d’émission d’Outre-mer (IEOM), la Nouvelle-Calédonie a produit 709 tonnes – soit 46% de la production – pour le territoire et 601 tonnes – soit 39% – pour le Japon en moyenne par an en 10 ans. « C’est un produit qui est positionné sur le segment du luxe. Il est très prisé par le marché asiatique et plus particulièrement japonais », explique le responsable du projet Ressac.
Néanmoins, le marché local reste le 1er marché et le plus rémunérateur, « encore plus en période de crise sanitaire évidemment ». En outre, la production de crevettes occupe la 1ère place des productions agricoles exportées et représentait, en 2017, 1,7 milliards de francs, soit 12%, de la production agricole.
Cependant, cette année a été compliquée en termes d’élevage. En effet, la Calédonie a subi pendant plusieurs semaines les aléas climatiques avec des fortes pluies et l’apparition d’une dépression tropicale interférant avec la santé-nutrition de la Penaeus Stylirostris. « Nous avons été très attentif sur la salinité des eaux qui est un élément primordial pour la crevette. Elles ont un préférendum entre 20 et 35 grammes de sel par litre d’eau. Ces derniers temps, nous étions plus entre 4 à 10 grammes dans nos bassins. La saison de La Niña peut être mortelle pour elles ».
Pour l’Institut, il est donc très important d’anticiper les fluctuations d’un certains nombres de variables comme la température, la salinité, l’oxygène dissous ou encore les sulfures. « Le climat est un facteur qui peut, dans le pire des cas, détruire tout l’élevage », précise Dominique Pham. Les travaux réalisés par l’IFREMER ont contribué et contribuent toujours à développer un savoir-faire sur l’amélioration génétique de l’espèce, augmentant les performances de croissance de la crevette bleue en Nouvelle-Calédonie
H.C pour Actu.nc