Il s’agit de la plus importante opération de fusion-acquisition en Outre-mer jamais examinée par l’Autorité de la concurrence. En donnant son autorisation « sous conditions » au groupe Bernard Hayot pour le rachat de Vindémia, l’Autorité a forcément fait réagir sur ce dossier sensible de l’économie réunionnaise.
« C’est une mauvaise nouvelle pour La Réunion », a estimé la députée PS et ancienne ministre des Outre-mer Ericka Bareigts, qui « prend acte de la décision de l’Autorité de la concurrence ». « Une fois de plus, notre territoire perd le contrôle sur la destinée de son économie », a-t-elle estimé dans son communiqué, soulignant « un échec pour la stratégie économique régionale ». « C’est d’année en année le recul de l’actionnariat majoritaire réunionnais dans la majeure partie des grands secteurs économiques ».
De son côté, le député de la France insoumise Jean-Hugues Ratenon se montre plus virulent. Selon lui, « ce bizness entrainera par la suite une situation de monopole dans le domaine de la grande distribution et renforce dès à présent le monopole économique ; en plus que le groupe GBH est en position dominante dans d’autres secteurs ».
« Il convient de prendre des garanties pour imposer une situation concurrentielle dans les grandes surfaces alimentaires à La Réunion » a estimé de son côté le député LR David Lorion. « Nous devons être capable de faire respecter ces obligations liées à l’autorisation de rachat », poursuit-il dans son communiqué. Pour le groupe Caillé, un autre acteur de la grande distribution à La Réunion, « cette décision est regrettable car elle va à l’encontre des intérêts de l’économie réunionnaise et des promesses faites par le Gouvernement en matière de contrôle des monopoles ».
« Un soulagement »
Du côté des syndicats, « c’est un soulagement », commente Joël Dalleau, secrétaire général de la CFDT commerce et services. « C’est une décision que nous attendions depuis très longtemps, notamment par rapport aux salariés qui étaient dans l’attente » explique-t-il. « Les conditions fixées par la haute autorité sont satisfaisantes ».
« Chez Force Ouvrière, on n’a pas été opposé au rachat de Vindémia » a indiqué Eric Marguerite, secrétaire général du syndicat à La Réunion. « Ce qui nous intéresse, c’est la situation des salariés, la priorité c’est la préservation des emplois. Si Hayot donne des gages pour préserver les emplois, il n’y a pas de soucis ». « Sur le fond, les conditions posées étaient qu’il n’y ait pas de plan social et de garder les avantages acquis. À partir de là il faudra suivre la situation pour voir si les choses sont respectées », déclare de son côté Jean-Yves Hoareau, président de l’union région CFTC.