Nouvelle-Calédonie- Alexandre Parpaleix, médecin radiologue en contact avec des patients Covid-19 : « Pour la vaccination, il faut raisonner à une échelle collective, plus qu’individuelle ! »

Nouvelle-Calédonie- Alexandre Parpaleix, médecin radiologue en contact avec des patients Covid-19 : « Pour la vaccination, il faut raisonner à une échelle collective, plus qu’individuelle ! »

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Avec 44 cas recensés sur son territoire, la Nouvelle-Calédonie lance sa campagne de vaccination ce mercredi 20 janvier 2020. Alors que 8 750 personnes sont concernées par cette première phase de vaccination, bon nombre d’habitants en Calédonie ont exprimé des doutes sur l’efficacité du vaccin. Alexandre Parpaleix, médecin radiologue en contact avec des patients Covid-19 à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, revient pour notre partenaire Actu.nc sur ces réticences.

Les premiers vaccins de Pfizer-BioNTech sont arrivés en Nouvelle-Calédonie le vendredi 8 janvier. La vaccination débutera cette semaine sur le Caillou. Cependant, les Calédoniens semblent sceptiquessur l’efficacité du vaccin.

Le début de la campagne de vaccination et les premiers retours ont commencé à éroder la méfiance d’une partie des Français. Ce vaccin est une première, ce qui nourrit une forme d’angoisse de la part de la population. Ce que nous observons quand nous prenons les statistiques mondiales sur la vaccination, c’est qu’en France nous sommes très en retard par rapport à d’autres pays du monde.

Les dernières statistiques font état de 160 000 personnes vaccinées en France soit à peu près 0,2% de la population, là où certains pays ont quasiment vacciné 20% de leur population. Les stratégies politiques sont à l’origine de ces écarts mais sont très influencées par l’opinion publique. Nous savons qu’en France il y a eu un certain nombre de réticences dans l’opinion publique, amenées par la gestion de la crise initiale par les pouvoirs publics. Ce climat de défiance fait qu’aujourd’hui certaines fausses croyances sur la vaccination peuvent être relayées plus facilement dans certains milieux.

Je côtoie des patients atteints de la Covid-19 jour après jour et je pense que le meilleur moyen d’éliminer cette pandémie, c’est de se vacciner.

Plusieurs cas d’effet indésirable– de nature allergique – ont été recensés en France ces derniers jours après une injection du vaccin. Le vaccin est-il vraiment efficace ?

Comme dans tout médicament, traitement ou examen médical, il y a une balance bénéfice-risque. Cette balance guide le monde médical et ses décisions. Nous avons démontré que le vaccin avait une efficacité sur un certain nombre de patients qui ont été pris pour faire des études. Ce nombre est largement supérieur au nombre de patients retenu pour d’autres tests de vaccin pour plusieurs raisons.

La première étant que nous sommes face à une pandémie donc trouver des patients reste beaucoup plus facile que quand nous testons une maladie rare. Le corps médical a démontré une efficacité importante du vaccin, entre 90 et 95% en fonction des populations, pour réduire et limiter les cas graves d’infection de la Covid. Il faut comprendre qu’il y a toujours des effets secondaires, mais ces effets sont modestes pour ce vaccin. C’est à nous, professionnels de santé, de convaincre de l’efficacité du vaccin et de l’importance de la vaccination dans le contexte actuel. Réduire de 90% le nombre de cas Covid grave est une avancée majeure dans le monde médical.

Si la crise sanitaire fait rage dans le monde entier, la Nouvelle-Calédonie reste toutefois protégée en raison notamment de la fermeture des frontières. Pourquoi, aujourd’hui, les habitants de la Calédonie devraient se faire vacciner alors que le territoire ne dénombre que 40 cas depuis le début de l’épidémie et qu’aucun décès n’a été recensé ?

Les personnes considérées comme en première ligne seront vaccinées en premier. En effet, aujourd’hui, les frontières sont fermées en Nouvelle-Calédonie ce qui offre aux autorités sanitaires un temps légèrement supplémentaire pour la vaccination par rapport à la métropole. L’objectif est donc d’empêcher l’importation du virus sur e Caillou. Pour cela, la priorité pour les autorités sanitaires sera de vacciner les voyageurs ainsi que les personnes en contact avec eux. Mais quid de demain ? Lancer les programmes de vaccination dès aujourd’hui, même si l’impact de la Covid est moindre en Nouvelle-Calédonie, c’est aussi anticiper le futur et un décloisonnement progressif du monde dans les prochains mois. Cette vaccination
est évidement basée sur le volontariat. Je crois qu’il faut se placer dans une optique un peu plus large et raisonner à une échelle collective, plus qu’individuelle !

Propos recueillis par Hugo Coëff, Actu.nc