©Gregory Boissy (AFP) / Outremers360 / Vaite Urarii Pambrun (Radio 1 Tahiti)
Comme à chaque élection nationale, les partis politiques polynésiens ont compté leurs voix lors de cette élection présidentielle. Dans ce territoire éloigné de 17 000 km de l’Hexagone, les enjeux sont bel et bien concentrés sur les élections locales: les législatives, les municipales et la sacro-sainte élection territoriale de mai 2018. Gaston Flosse, Oscar Temaru et Edouard Fritch, poids lourds de la politique polynésienne, sont dans les starting blocks.
Dès la primaire de la droite et du centre, les deux ténors autonomistes, Edouard Fritch et Gaston Flosse, sont entrés en bataille électorale indirecte. Le premier, actuel Président du territoire, soutenait alors Alain Juppé, sorti vainqueur des deux tours de la primaire en Polynésie. Le second, ancien Président polynésien et fondateur du Tahoeraa Huira’atira, avait successivement soutenu Nicolas Sarkozy et François Fillon, qui en Polynésie, peinaient à surpasser le chiraquien Alain Juppé. Sans conteste, Edouard Fritch remporte ce premier duel à distance.
François Fillon ayant été désigné pour mener la bataille LR, ce dernier avait reçu le soutien d’Edouard Fritch, prenant de court Gaston Flosse qui a mis le cap sur l’extrême droite. Emmanuel Macron a, de son côté, reçu le soutien du jeune parti Tau Hoturau de Tauhiti Nena, ancien ministre de l’indépendantiste Oscar Temaru. Comme au premier tour, ce dernier est resté fidèle à l’abstention, laissant orphelin de soutien le candidat du Parti Socialiste Benoît Hamon. Dès le premier tour, le Président de la Polynésie française est conforté. Son candidat, François Fillon, arrive en tête du scrutin en Polynésie, devançant de quelques 2 000 voix la frontiste Marine Le Pen soutenue par Gaston Flosse. Emmanuel Macron est loin derrière, à 14,70% des suffrages exprimés.
+ 41 000 voix pour Emmanuel Macron
Dès le soir du premier tour, Edouard Fritch et son parti, le Tapura Huira’atira, annoncent leur soutien au Président élu, sous le credo « tous contre Le Pen ». Le report de voix est conséquent: de 11 119 électeurs au premier tour, Emmanuel Macron en gagne un peu plus de 41 000 au second. De son côté, la candidate du « Vieux Lion » Gaston Flosse dépasse les 37 000 électeurs, mais ne permet pas à l’ancien « homme fort » de la Polynésie de s’imposer face à son ex-dauphin, Edouard Fritch. Les deux hommes, qui formaient pourtant un duo implacable, se livrent aujourd’hui une bataille électorale sans merci au sein de l’électorat autonomiste.
Quant à l’indépendantiste Oscar Temaru, qui représente la troisième force politique polynésienne, son appel à l’abstention semble avoir été entendu dans ses rangs. Rien que dans la commune de Faa’a, dont il est le maire depuis 1986, l’abstention atteint des sommets: 80% au premier tour et 70% au second. Inquiet de la percée de Marine Le Pen dans sa commune au premier tour, Oscar Temaru a toutefois, et du bout des lèvres, dit sa préférence pour le Président élu tout en restant sur sa position. Un message clair à son électorat tenté par le vote FN, dont la candidate proposait pour la Polynésie un statut de « Pays associé », directement soufflé par Gaston Flosse. Résultat: Emmanuel Macron prend le dessus sur Marine Le Pen au second tour dans la commune de Faa’a.
Les législatives en ligne de mire
En somme, la Présidentielle 2017 était un avant-goût des forces politiques qui se mettront en place pour les territoriales de 2018. En 2012 déjà, les scrutins présidentiel et législatif ont amorcé le retour tonitruant de Gaston Flosse à la tête du territoire en mai 2013, avant de la perdre l’année suivante suite à une condamnation pour emplois fictifs. Reste à Edouard Fritch de transformer l’essai aux législatives. Si sa candidate dans la 1ère circonscription Maina Sage semble partir favorite, ses autres candidats dans les 2ème et 3ème circonscriptions auront en face une concurrence rude. D’autant que, cette fois-ci, les indépendantistes d’Oscar Temaru seront de la partie.