Polynésie française: Un nouveau parti politique dans l’arène électorale

Polynésie française: Un nouveau parti politique dans l’arène électorale

©Cédric Valax / Radio 1 Tahiti

Ancien ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports sous les différents gouvernements de l’indépendantiste polynésien Oscar Temaru, Tauhiti Nena se lance aujourd’hui en solo avec la création de son parti politique Tau Hoturau.

En Polynésie française, l’annonce surprend peu. Tauhiti Nena, ancien boxeur, ancien ministre en 2005, 2009 et 2011 et actuel président du Comité olympique de Polynésie française (COPF), a officiellement créé son parti politique Tau Hoturau. Se réclamant d’une énième « 3ème voie », à l’image des nombreux autonomistes émancipés du parti de Gaston Flosse, Tauhiti Nena est néanmoins le seul homme politique issu de la mouvance indépendantiste à lancer son propre parti. Celui-ci, Tau Hoturau, souhaite proposer une « démocratie participative » qui repose sur l’ouverture vers tous les autres partis, autonomistes ou indépendantistes. Il propose également une « pause institutionnelle » dans le statut de la Polynésie française avec des « Accords de Papeete » à l’image des Accords de Nouméa, « Et dans 20 ans, on viendra consulter la population pour savoir si on veut être indépendant, un Etat associé, un pays associé, un territoire autonome ou redevenir département », a précisé Tauhiti Nena à Tahiti-infos soulignant qu’il était personnellement favorable à un Etat associé, à l’instar des îles Cook associés à la Nouvelle-Zélande.

La semaine dernière, Tauhiti Nena a annoncé la création de son parti Tau Hoturau. Une annonce largement médiatisée et qui semble recevoir des avis positifs dans l'opinion publique polynésienne ©TNTV

La semaine dernière, Tauhiti Nena a annoncé la création de son parti Tau Hoturau. Une annonce largement médiatisée et qui semble recevoir des avis positifs dans l’opinion publique polynésienne ©TNTV

Pendant cette pause institutionnelle, Tauhiti Nena prône un développement des archipels et une augmentation des compétences des communes, une demande dernièrement affirmée lors du Congrès des Maires de Polynésie française. Il souhaite également une réduction de la fracture numérique, nécessaire selon lui au développement de l’aquaculture ou du tourisme, et donne l’exemple d’une « taxe de solidarité numérique ». En fin de semaine dernière, Tauhiti Nena a présenté le logo de son parti et les grands axes de sa vision politique qui repose notamment sur une moralisation de la vie publique, un rajeunissement et un renouvellement de la classe politique, le développement durable, l’autosuffisance alimentaire ou encore, une indépendance préparée. En octobre prochain, son parti Tau Hoturau organisera son premier Congrès pendant lequel Tauhiti Nena reviendra en détail sur son programme politique et présentera ses futurs candidats aux législatives de 2017, tout en ayant pour objectif les élections territoriales de 2018.

Tauhiti Nena et son mentor politique, l'indépendantiste Oscar Temaru, de qui il se sépare ©DR

Tauhiti Nena et son mentor politique, l’indépendantiste Oscar Temaru, de qui il se sépare ©DR

Côté soutien, Tauhiti Nena a été rejoint par le parti Here Ai’a, ancienne composante de l’UPLD avec le parti indépendantiste. Il se pourrait également que le parti Heiura-Les Verts rejoigne la 3ème voie proposé par l’ancien sportif. En attendant, Tauhiti Nena affirme son profond respect envers son mentor, l’indépendantiste Oscar Temaru, soulignant son combat pour la réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser de l’ONU. Actuellement, Oscar Temaru est en tournée dans les régions françaises à la recherche de parrainages pour sa candidature à l’élection présidentielle de 2017. De son côté, Tauhiti Nena renvoie son soutien à son ancien leader à une prochaine décision du parti Tau Hoturau.

Qui est Tauhiti Nena ?

Taillé pour le combat, Tauhiti Nena est le petit fils de l’illustre boxeur Maco Nena. En 1995, il remporte la finale des Jeux du Pacifique sud dans la catégorie des plus de 80 kilos. En 2005, il devient pour la première fois ministre de l’Education, de la Jeunesse et des Sports à l’arrivée d’Oscar Temaru au pouvoir. Ce dernier le reconduira en 2009 et 2011 et le ministre mettra notamment en place le port de l’uniforme pour les écoliers, collégiens et lycéens. Décision peu populaire, chez les associations de parents d’élèves surtout, le port de l’uniforme sera une disposition dont la décision finale reviendra aux établissements. Électoralement, Tauhiti Nena s’illustrera en 2012, lors des élections législatives qu’il perd de seulement quelques voix face à son adversaire Jean-Paul Tuaiva, proche du Président de la Polynésie française Edouard Fritch et aujourd’hui condamné et inéligible. En 2014, il réitère un exploit électoral en faisant trembler le maire de Papeete Michel Buillard, également proche d’Edouard Fritch, pendant les élections municipales. Néanmoins, Tauhiti Nena bénéficiait alors de l’importante base électorale du parti indépendantiste. Aux dernières sénatoriales, Tauhiti Nena marquera pour la première fois son éloignement avec le parti indépendantiste en se lançant avec Jacky Bryant, président du parti Heiura-Les Verts.

Le logo du parti, une pirogue polynésienne, image largement reprise, notamment par le parti d'Edouard Fritch

Le logo du parti, une pirogue polynésienne, symbole largement repris, notamment par le parti d’Edouard Fritch