Portée par la Direction de la culture et du patrimoine, ce nouveau site internet archive près de 130 audios d’archives ethnographiques, enregistrées dans tous les archipels. Une plateforme entièrement gratuite qui permet d’entendre récits, légendes et témoignages du quotidien d’autrefois. Pour certains, ce sera peut-être même la première fois qu’ils écouteront la voix de leurs ancêtres. Un sujet de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
« Sauvegarder et partager la mémoire orale de la Polynésie », c’est l’objectif de Varovaro a ti’i ou les voix des origines. Cette nouvelle plateforme de streaming audio, lancée par la Direction de la culture et du patrimoine (DCP), met à disposition du public près de 130 enregistrements ethnographiques issus de tous les archipels, pour « vulgariser le savoir et le partager au grand public », souligne Martine Rattinassamy, chargée du projet.
« Des enfants écouteront pour la première fois la voix de leurs ancêtres »
Ces enregistrements ont été réalisés pour la plupart dans les années 1980 dans le cadre du programme de sauvegarde du patrimoine ethnographique (PSPE), initié par l’écrivain Jean-Marc Pambrum. Une mosaïque de témoignages classés par archipel grâce à un code couleur, et composée aussi bien de légendes de Moorea que de récits sur l’origine des vallées ou de descriptions détaillées des pratiques agricoles aux Australes.
« Ils parlent de leur histoire, de leur vie, des naissances, des mariages, de leur travail dans les fa’apu, de la pêche, enfin beaucoup de données sur leur vie de l’époque », explique Martine Rattinassamy. « Certains détenaient aussi des savoirs sur les légendes et donc sur des pari-pari. Je pense que certains enfants, petits-enfants retrouveront et écouteront peut-être pour la première fois la voix de leur tupuna, leurs ancêtres. »
Un travail de longue haleine, commencé au début des années 2000, qui a nécessité la numérisation de tous les enregistrements jusqu’alors conservés sur cassettes, dont les plus anciens datent des années 20. Cette « bibliothèque sonore », accessible en français et en tahitien, s’enrichira prochainement de contenus en marquisien ainsi que de données issues du Bishop Museum, à Hawaii. Financé entièrement par le Pays, le projet est accessible gratuitement en ligne.
Une plateforme distincte de Tahiti VOD
On peut se demander pourquoi ne pas avoir simplement ajouté ces archives à la plateforme audiovisuelle Tahiti VOD -coproduction DCP / Maison de la Culture- qui propose déjà films, vidéos et émissions de radio ? Varovaro a ti’i n’a pas pu y être intégré, d’abord parce qu’il s’agit d’un projet porté exclusivement par la DCP, mais aussi parce que le service souhaitait créer une audiothèque « spécialisée » spécifiquement dédiée au patrimoine oral.
« Un véritable travail ethnographique et de recherche du passé, que l’on ne retrouve pas dans la médiathèque », avec « un aspect presque scientifique pour comprendre des mots parfois anciens en langue vernaculaire », souligne Marc Louvat, également chargé du projet. Des contenus très différents de ceux de la radio, affirme le chargé du projet, qui indique, aussi, que l’audio est un format moins populaire que la vidéo sur Tahiti VOD.
Une troisième plateforme, cette fois consacrée aux archives photographiques, devrait aussi voir le jour en octobre 2026. Cette photothèque en ligne rassemblera entre 300 et 500 images, allant des fouilles archéologiques à l’ethnographie. Une interface distincte, là encore, car « les photos, c’est un tout autre format », précise Marc Louvat.
Nanihi Laroche pour Radio 1 Tahiti























