Le nouveau président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, va annoncer son gouvernement ce lundi à partir de 8h (20h à Paris). Depuis Paris, Gérald Darmanin a déjà eu une « réunion de travail » avec le nouveau président polynésien.

Après la victoire du parti indépendantiste Tavini huira’atira, puis l’élection d’Antony Geros à la tête de l’Assemblée et de Moetai Brotherson à la présidence de la Collectivité d’Outre-mer, l’annonce du nouveau gouvernement devrait clôturer la séquence politique et démocratique entamée début 2023 avec les élections Territoriales. Et dans la foulée de la nomination du gouvernement aura lieu le premier conseil des ministres de cette nouvelle mandature. 

Pour l’heure, le futur exécutif fait l’objet de certitudes et de pronostics. Certitude en premier lieu avec la vice-présidence du « pays », assorti des portefeuilles de la Culture et de l’Enseignement supérieur, promise depuis fin mars à Eliane Tevahitua, élue indépendantiste entre 2013 et 2023. Cette sage-femme de formation, d’abord clinicienne puis cadre-enseignante et directrice de l’école de sage-femme, va ainsi devenir la première femme vice-présidente de la Polynésie.

Autres certitudes, dévoilées dès l’annonce des résultats du second par Moetai Brotherson : la nomination de Vannina Crolas, secrétaire générale du Tavini et auparavant directrice générale adjointe des services de la mairie de Faa'a, au poste de ministre de la Fonction publique. À l’Éducation, le nouveau président avait donné le nom de Ronny Teriipaia, premier agrégé en Re’o Ma’ohi. De quoi affirmer la volonté de « préserver et faire fleurir » les langues polynésiennes, en passant par l’éducation. Dernier nom : le jeune ingénieur des ponts et chaussées Jordy Chan à l’Équipement.

Du côté des pronostics, ils ont été nombreux depuis le second tour du 30 avril. D’après les dernières informations de nos partenaires de TNTV, Warren Dexter serait nommé ministre de l’Économie et des Finances, Nahema Temarii, directrice d’une société de communication notamment tournée vers les événements sportifs, serait ministre de la Jeunesse et des Sports -suivant ainsi les pas de son père Reynald Temarii, ministre des Sports de 1997 à 2004-, et Taivini Teai serait nommé ministre de l’Agriculture.

Une « réunion de travail constructive »

Autres noms qui circulent : Cédric Mercadal, juriste de la CPS, ou Hina Teriipaia, directrice de l’ARASS, tous deux pressentis au ministère de la Santé, ou encore Chantal Galenon, au Logement et à l’Aménagement sociale. Cette élue indépendantiste est également présidente du Conseil des Femmes de Polynésie. Elle avait reçu le soutien financier de l’État pour la construction d’un centre d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales, à travers l’intermédiaire de Brigitte Macron. Moetai Brotherson, qui avait annoncé en campagne un gouvernement paritaire au minimum, devrait quant à lui prendre à sa charge les portefeuilles du numérique, de l'audiovisuel et du tourisme.

En attendant l’annonce du gouvernement, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, a annoncé sur Twitter avoir déjà eu une « réunion de travail » avec Moetai Brotherson. Une réunion « constructive » a assuré le ministre. « Nous avons convenu de poursuivre ensemble notre travail pour répondre aux nombreux défis de ce magnifique archipel. Les Polynésiens pourront toujours compter sur l’État » a-t-il ajouté. D’après nos informations, le ministre et le nouveau président « ont balayé les sujets et ont prévu d'échanger à nouveau bientôt ».

Des mots qui présagent une bonne entente entre Paris et les indépendantistes, à mille lieux de leur première arrivée au pouvoir en 2004. Pour l’heure, pas de certitude non plus sur un prochain déplacement de Gérald Darmanin et Jean-François Carenco en Polynésie. Les mois de mai puis juin avaient été évoqués, mais pas confirmés. Gérald Darmanin est attendu à l’ONU pour s’exprimer sur le processus de décolonisation en Nouvelle-Calédonie en fin de semaine, hasard du calendrier, au lendemain des 10 ans de la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires à décoloniser.