Polynésie :  Les propositions de la chambre territoriale des comptes pour améliorer le fonctionnement du GIE Tahiti Tourisme

©Tahiti tourisme

Polynésie : Les propositions de la chambre territoriale des comptes pour améliorer le fonctionnement du GIE Tahiti Tourisme

La Chambre territoriale des comptes de Polynésie a passé au crible les comptes et la gestion du Groupement d’intérêt économique (GIE) Tahiti Tourisme sur les exercices 2017 à 2021. À l’heure où les dépenses des touristes internationaux en Polynésie (645 millions d'euros) ont représenté en 2022 plus de cinq fois la valeur des exportations de produits locaux et retrouvé leur niveau d’avant-crise sanitaire, la Chambre a rendu à la fin octobre des observations mesurées et effectué une série de recommandations pour améliorer les performances du GIE.

 

Entité de droit privé, le GIE Tahiti Tourisme a pour objectif de rassembler les autorités publiques et les acteurs locaux dans le but de promouvoir la destination Polynésie française. Mais son objet social est « ambitieux et contraignant », avec 26 actions mentionnées et rendues obligatoires par son texte constitutif. « Cette situation que le GIE s’est lui-même imposé aurait dû l’inciter à instaurer un suivi adapté pour s’assurer qu’il réalise effectivement toutes les actions, démarche qu’il n’a pourtant pas formalisée », observe la Chambre territoriale des comptes.

« L’instruction a permis de constater un réel dynamisme des équipes en place, les actions marketing à l’international sont importantes, et les opérations de sensibilisation de la population locale sont visibles », tempère cependant la Chambre. Toutefois les principales difficultés pour le GIE sont « sa capacité à justifier l’effectivité de retombées économiques directes issues de ses propres actions de promotion », ainsi que l’enjeu de la diversification des marchés émetteurs, « afin de diminuer la dépendance de la Polynésie française vis-à-vis des touristes en provenance des États-Unis et de l’Hexagone ».

En effet, les opportunités existent. Selon l’institution, « des marchés non couverts par Tahiti Tourisme peuvent apporter autant de touristes que des zones qu’il prospecte habituellement », alors que demeure une concentration des actions vers les Etats-Unis et la France hexagonale. Aussi, les arbitrages entre marchés et entre segments spécialisés devraient être mieux formulés, souligne la Chambre. « L'ambiguïté des statuts sur l’attribution au conseil d’administration de cette compétence stratégique gagnerait à être levée, puisqu’ils mentionnent seulement le choix des prestataires de représentations », ajoute-t-elle. 

Le fonctionnement et les actions réalisés par Tahiti Tourisme sont financés quasi exclusivement par les subventions octroyées par la collectivité de Polynésie. En 2021, sur un total de recettes de 1,628 milliards de Francs Pacifique (F CFP), le territoire a versé 1,6 Mrds F CFP, soit une contribution de 98,2%. Pour la Chambre territoriale des comptes, cela implique davantage « de garantir un haut degré d’exigence sur trois aspects principalement : transparence du pilotage et des procédures, rigueur de gestion, efficacité des pratiques professionnelles et du contrôle interne ». 

 

Des efforts récents de la direction ont été effectués concernant l’organisation du GIE, reconnaît la Chambre. Mais il reste à faire. Exemple : « En matière d’organisation des achats, les principes de la commande publique sont à appliquer sans exception, ce qui nécessite de corriger les dispositions statutaires concernées, et d’asseoir les procédures internes, afin qu’elles soient systématisées et surveillées ». En outre, l’organisme suggère de renforcer la culture de la performance au moyen d’indicateurs appropriés avec l’objectif de documenter l’efficacité globale du Groupement.

Au final, la Chambre territoriale des comptes émet une série de recommandations, dont : « adresser à la collectivité de la Polynésie française une demande formelle d’instaurer une subvention unique, dès 2024 pour la mise en œuvre ; formaliser et adopter en assemblée générale et en conseil d’administration une stratégie pluriannuelle, dès 2023 ; et mettre en œuvre des indicateurs de pilotage stratégique sous la forme de tableaux de bords synthétiques intégrés, dès 2023 ».

 

PM