Le président de la Polynésie française a annoncé mardi à Papeete l'entrée en vigueur au 1er avril d'une taxe sur la consommation, la Contribution pour la solidarité (aussi appelée TVA sociale), destinée à sauver la sécurité sociale locale, en déficit chronique. Face à la contestation des syndicats, des patrons et de l’opposition, il a convenu d’une baisse de son taux, d’1,5% à 1%.
« L'objectif unique est de sauver notre protection sociale généralisée, autrement dit de sauver toutes les prestations telles que l'assurance maladie, les pensions de vieillesse, les allocations familiales, les allocations aux handicapés », a déclaré mardi Édouard Fritch devant l'Assemblée de la Polynésie française. Selon les organisations syndicales et patronales, cette taxe provoquera une forte inflation, déjà installée en conséquence de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine.
Le 17 mars, environ 2 000 Polynésiens avaient manifesté à Papeete contre cette taxe, initialement annoncée à 1,5% et appliquée à plusieurs étapes de l'importation ou de la transformation d'un produit, avec un surcoût important pour le consommateur final. Après une rencontre avec les partenaires sociaux mardi, le gouvernement a finalement limité le taux de la taxe à 1%. « On est contre la taxation des consommateurs qui va provoquer de l'inflation alors que le pouvoir d'achat est déjà en baisse, avec de très faibles augmentations du salaire minimum », a déclaré à l'AFP Jean-Marie Yan Tu, secrétaire général d'A Tia i Mua, l'un des principaux syndicats à l'origine de la manifestation.
Même opposition de la part des patrons : le Medef Polynésie souhaitait une TVA sociale déductible, applicable uniquement sur le prix de vente au consommateur. L'organisation patronale estime qu'avec 1% de taxe sur tous les intermédiaires, l'inflation sera supérieure à 3% sur un an. Son président Frédéric Dock craint aussi « une distorsion entre ceux qui ont des circuits longs, avec des intermédiaires, et ceux qui ont des circuits courts : des entreprises vont se réorganiser et des emplois vont disparaître ».
Pour l'opposition indépendantiste, c'était à la France de payer. « On se chamaille entre nous pour aller chercher entre 6 et 9 milliards de francs Pacifique (50 à 75 millions d'euros) dans la poche des Polynésiens », a regretté le député Moetai Brotherson. « J'aurais préféré que le gouvernement et l'assemblée locale soutiennent ma proposition de loi pour que l'État rembourse les 100 milliards (838 millions d'euros) qu'il doit à la Caisse de prévoyance sociale, puisque depuis 1977 tous les frais liés aux maladies radio-induites, provoquées par les essais nucléaires, ont été supportés par les Polynésiens », a-t-il souligné.
En juillet dernier, lors d’une table ronde sur les essais nucléaires, les dirigeants de la Caisse de prévoyance sociale (CPS, équivalent locale de la sécurité sociale), avaient demandé au gouvernement Castex le remboursement de ces frais qui selon eux, ont creusé le déficit social polynésien. Une demande également relayé par le Cesec. « Le Président de la République a annoncé qu’il ferait quelque chose pour le remboursement de la CPS », espérait alors l’ancien président de la CPS, Patrick Galenon, également secrétaire général de la CSTP-FO.
Ce mardi devant l’Assemblée polynésienne, le président Édouard Fritch a également annoncé des mesures pour limiter l'inflation, comme l'intensification du contrôle des prix et le gel des tarifs des hydrocarbures jusqu'à fin juin. Il s'est aussi engagé à une revalorisation du salaire minimum dans les prochaines semaines.
Avec AFP.