Alors que l’Assemblée nationale étudie ce jeudi une proposition de loi « relative à la légalisation de la production, de la vente et de la consommation du cannabis sous le contrôle de l’État », la députée de Polynésie française Nicole Sanquer s’alarme de la lenteur d’une expérimentation du cannabis thérapeutique sur ce territoire, en raison de « l’excès de prudence » et de « zèle » de la part du gouvernement local, notamment sur la compétence d’une telle expérimentation.
« L’examen de ma proposition de loi du Pays relative à l’expérimentation du cannabis thérapeutique en Polynésie française a été reporté depuis plus d’un mois pour travailler les modalités de la mise en œuvre d’une telle expérimentation », écrit la députée UDI dans un communiqué. Si elle se dit « satisfaite » du consensus autour de son texte, elle déplore des « blocages » qui « persistent » sur « l’éternelle question de la compétence ».
Interrogé sur cette question en juin 2021, par le député de Polynésie Moetai Brotherson, le ministre de la Santé Olivier Véran assurait que « c’est au gouvernement local de prendre la décision ». « Si la collectivité décide d’autoriser l’usage médical du cannabis, j’ai pris – et je renouvelle – l’engagement de faire intervenir l’ANSM, directement ou par le biais d’une convention avec les praticiens du territoire, pour assurer la formation de ces derniers, qui peut se faire à distance, en ligne. Puis nous pourrons étudier ensemble les circuits de distribution, pour que les patients polynésiens puissent bénéficier de cette expérimentation, qui rencontre d’ailleurs un franc succès », avait-il précisé. Des propos que Nicole Sanquer martèle « autant que de besoin ».
« Malgré les propos très clairs du ministre Olivier Véran, le Président (de la Polynésie, ndlr) a souhaité s’assurer de la compétence du Pays pour la mise en place de cette expérimentation. Ayant à cœur de répondre au plus vite à la détresse et à la souffrance des malades qui attendent désespérément de pouvoir soulager leurs symptômes grâce à ce produit, j’ai moi-même entrepris d’interroger, de nouveau, le Ministère des Solidarités et de la Santé », poursuit la députée.
« En date du lundi 10 janvier 2022 et sans surprise, le chef du pôle parlementaire du Ministère des Solidarités et de la Santé, M. Gaspard Montbeyre, a pu me répondre que : « si les territoires ultramarins du Pacifique souhaitent mettre en place une expérimentation, c’est au gouvernement local de mettre en place sa propre expérimentation, dotée de son propre cadre juridique, pouvant être un dispositif analogue à celui déployé dans l’Hexagone ». Il conclut : « L’analyse du Ministère des Solidarités et de la Santé est en tout état de cause qu’il ne revient pas à l’État d’autoriser une telle expérimentation » ».
« L’excès de prudence de la Présidence, qui s’apparente davantage à un excès de zèle à l’endroit de l’État, devrait s’en trouver rassuré » écrit encore la députée Nicole Sanquer qui ajoute : « pendant que nous tergiversons sur ce sujet, l’expérimentation est déjà en place depuis plus d’un an en Hexagone, qu’une mission d’information de l’Assemblée nationale a rendu un rapport très complet sur le cannabis dans toutes ses dimensions il y a 6 mois et qu’un débat s’y tient aujourd’hui sur la légalisation du cannabis ». En effet, le groupe de la France insoumise va proposer ce jeudi une loi relative à la légalisation de la production, de la vente et de la consommation du cannabis sous le contrôle de l’État, dans le cadre de sa niche parlementaire.
« Le rôle du gouvernement de Polynésie française doit être de proposer des solutions pour nos concitoyens et non de se créer lui-même des obstacles embolisant sa capacité à agir » insiste Nicole Sanquer qui appelle le gouvernement local à « avancer sur le cannabis thérapeutique ».