Dans le cadre d’une opération de coopération internationale et interservices entre l’Australian Federal Police et l’Office français antistupéfiants (OFAST), l’équipage du Bougainville a contrôlé, le 23 décembre, un navire de pêche battant pavillon espagnole, et saisi à bord 550 kg de cocaïne dissimulés dans des ballots. Les 14 membres d’équipage, originaires d’Amérique du Sud, ont été placés en détention provisoire ce samedi matin. Détails de notre partenaire Radio 1 Tahiti.
Cette grande opération de lutte contre le trafic de stupéfiants a permis la saisie d’environ 550 kg de cocaïne en haute mer, le 23 décembre. Un nouveau « succès » dans la lutte contre le trafic de stupéfiants -le 9e depuis 2016- dont se félicitent les autorités de l’État. « Alors que beaucoup se préparaient à réveillonner, l’équipage du Bougainville faisait preuve de remarquables qualités militaires, techniques et tactiques pour mener à bien cette interception », se réjouit Xavier Marotel, Secrétaire général du Haut-commissariat de la République en Polynésie française.
La plus grosse opération depuis janvier 2017
Dans les faits, la Marine nationale était chargée de localiser le navire, qui faisait déjà l’objet d’une surveillance, et de procéder à son interception. Une intervention menée par les 25 marins du Bougainville, commandé par le capitaine de corvette Mathieu Leman. « Ce sont des opérations pour lesquelles nous sommes formés et entraînés. Elles font partie des missions que le Bougainville est en mesure de réaliser. Nous ne pouvons pas entrer dans les détails de l’opération, mais je peux vous dire qu’elle s’est bien déroulée. C’est une belle opération, la plus grosse depuis janvier 2017. C’est une très belle prise qui montre tout l’intérêt et la qualité des moyens des forces armées en Polynésie française », explique le capitaine.
Cette intervention a impliqué une coopération internationale importante, avec notamment des échanges d’informations avec l’Australian Federal Police et les autres services de l’État français. Grâce à cette coopération, l’opération a pu se déployer efficacement, même en pleine mer, loin des côtes polynésiennes. « Cela a été fait sur la base d’échanges d’informations, insiste le commandant du bâtiment précisant que l’objectif est aussi de « soutenir la sécurité maritime et de préserver la zone. »
Les suspects face à la justice
À leur arrivée à Papeete, les 14 membres de l’équipage, originaires d’Équateur et de Colombie, ont été placés en garde à vue. Yann Hausner, vice-procureur de la République en Polynésie, a expliqué que la procédure judiciaire suit un cadre spécifique défini par une loi de 1994 relative à la piraterie maritime. « Les gardes à vue peuvent durer jusqu’à 96 heures pour permettre aux enquêteurs de faire toute la lumière sur cette affaire », indique-t-il.
Les éléments de l’enquête, notamment les téléphones, GPS et documents de bord, vont être fouillés pour tenter de déterminer les rôles de chacun. Au terme de ces investigations, deux scénarios vont ensuite se dessiner : « Soit c’est une affaire très complexe et, dans ce cas, une information judiciaire sera ouverte, le dossier sera présenté devant un juge d’instruction pour que le processus judiciaire continue. Soit, les investigations menées pendant les quatre jours suffisent et les suspects seront présentés dans un délai de deux mois devant le tribunal. »
Un scénario similaire a déjà été retenu récemment pour deux marins suédois qui transportaient plus de 400 kg de cocaïne à bord d’un voilier en septembre 2022. Ils avaient été présentés en comparution immédiate avant d’être condamnés à 7 ans de prison et une amende de 1,5 milliard de francs quelques semaines plus tard. Les 14 membres de l’équipage du navire de pêche encourent, eux, jusqu’à dix ans d’emprisonnement, 7,5 millions d’euros d’amende et une amende douanière « égale au minimum à la valeur marchande de la drogue sur le marché illicite. »
Vaitiare Pereyre pour Radio 1 Tahiti