Pass sanitaire : Dernière étape avant la mise en application en Polynésie

Pass sanitaire : Dernière étape avant la mise en application en Polynésie

Le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, a annoncé la mise en place prochaine du pass sanitaire dans cette Collectivité d’Outre-mer. Sous forme de QR code, il attestera soit d’un schéma vaccinal complet, soit d’un test de dépistage négatif, soit de la présence suffisante d’anticorps contre le Covid. Une dernière étape juridique doit être résolue avant sa mise en place, mais le dispositif est prêt sur le plan technique. Les explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Après trois mois et demi de travail, il ne reste qu’une seule étape avant la mise en place du pass sanitaire « made in fenua », sous forme de QR code. Il est « techniquement prêt » à être mis en service en Polynésie française comme l’a annoncé le président polynésien Édouard Fritch lors d’une allocution ce mercredi sur l’obligation vaccinale. Le dispositif est calqué sur son homologue français, sans en être une prolongation. Il justifiera soit d’un schéma vaccinal complet, soit d’une immunisation par infection au Covid entre le 11ème jour d’infection et le 6ème mois, soit d’un test de dépistage négatif.

« Plus question de confiner »

Le président a rappelé l’objectif de la stratégie sanitaire adoptée par le gouvernement : « protéger de la propagation du virus sans trop affecter l’activité économique du Pays ». La loi sur l’obligation vaccinale, qui sera améliorée et dont l’entrée en vigueur a été repoussée au 23 décembre, accompagnée du pass sanitaire en question, constituent des « moyens complémentaires d’affronter une éventuelle nouvelle vague de Covid » indique le président.

Si les chiffres actuels sont encourageants, l’avenir est toujours incertain et le chef de l’administration appelle à la vigilance. Car, si nouvelle vague il y a, « il ne sera plus question de confiner qui que ce soit dans ce pays, nous ne tiendrons pas le choc » déclarait-il ce matin. Selon le dernier point épidémiologique des autorités sanitaires locales, la Polynésie compte actuellement 57 patients hospitalisés dont 17 en réanimation, et deux décès en 24h. Le taux d’incidence s’élève à 29 cas pour 100 000 habitants, loin des 2 800 cas pour 100 000 habitants fin août. 

Alors que la Nouvelle-Calédonie a adopté le pass sanitaire depuis lundi, la Polynésie buterait, elle, sur des obstacles juridiques. Si la Santé est bien une compétence de la Collectivité, l’utilisation de fichiers touche aux libertés publiques, prérogatives de l’État. Une ordonnance est donc nécessaire, elle est en cours de préparation aux Ministères des Outre-mer et de la Santé à Paris. Le pass sanitaire polynésien pourrait être mis en œuvre fin octobre.

Obligation vaccinale pour « 20 à 25 000 salariés » 

Concernant l’obligation vaccinale locale, Édouard Fritch a annoncé que l’amende qui menace les personnes non vaccinées en contact avec le public ne serait pas appliquée au 23 octobre comme prévu, mais au 23 décembre. En effet, le Conseil d’État a rendu la nuit dernière une première décision sur l’obligation vaccinale en Polynésie, sans la remettre en cause, mais il doit encore se prononcer sur le fond, suite à plusieurs requêtes en annulation de la loi. Et vu les délais impartis, il n’est pas certain que cette décision intervienne avant la date du 23 octobre initialement choisie pour l’entrée en vigueur de la loi. 

L’un des écueils dans la mise en œuvre de la loi est la « complexité pour les entreprises et les administrations de déterminer quels employés sont concernés par l’obligation vaccinale ». Le président, après consultation notamment des collectifs et de l’Église protestante Ma’ohi, s’est aussi ému des fausses interprétations qui circulent dans le grand public, comme l’idée que la vaccination serait obligatoire pour les enfants : « C’est faux. Notre loi est incomprise, elle est méconnue ». C’est donc avec un optimisme mesuré face à une situation sanitaire et juridique encore fragile qu’Édouard Fritch fait une concession.

Le président polynésien entend profiter de ces deux mois de plus avant l’application des sanctions pour améliorer la pédagogie, « multiplier les concertations avec les organismes syndicaux et patronaux » et pour que les employeurs publics et privés fassent enfin leurs comptes, sachant que les récalcitrants auront jusqu’au 23 janvier pour se mettre en conformité avec le texte. Sur ce point, c’est la première fois depuis l’élaboration du texte en juillet dernier que le gouvernement donne publiquement des chiffres. L’obligation vaccinale pour les personnes en contact avec le public concernerait « 20 à 25 000 salariés ».

Marau Biret et Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti