Octopus Infrastructure : L’entreprise de Google en Polynésie française

Octopus Infrastructure : L’entreprise de Google en Polynésie française

Google a créé récemment en Polynésie une société qui porte ses activités locales : Octopus Infrastructure. Cette filiale de Google a été constituée le 21 février dernier, et l’avis de constitution est paru le 24 mars au Journal officiel. Elle détiendra les parties des câbles dans les eaux et sur le territoire de la Polynésie française et conformément à la loi, elle ne peut qu’être « grossiste » en services de télécommunications. Reste à finaliser l’accord avec l’OPT. Explications de notre partenaire Radio 1 Tahiti.

Comme prévu, Google a créé en Polynésie la société qui portera ses activités locales, représentant des investissements potentiels de 20 milliards de Fcfp : la SAS Octopus Infrastructure, au capital de 200 millions de Fcfp, dont l’avis de constitution a été publié le 24 mars au JOPF. Son président est l’Irlandais Paul Manicle, directeur financier de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie, qui exerce au siège européen de Google à Dublin, et son directeur l’Italien Pietro Ravasi, directeur du programme de management technique de Google, également domicilié à Dublin.

L’objet social d’Octopus Infrastructure est « l’établissement d’une activité de télécommunications en Polynésie française », détaillée ensuite en de nombreux alinéas : « – La conception, l’approvisionnement, la construction, l’installation, l’exploitation et la maintenance de réseaux, systèmes et plateformes de télécommunications en Polynésie française, y compris les systèmes de câbles sous-marins et les actifs et installations qui y sont associés ; – L’acquisition et le maintien de toutes les autorisations, licences et permis requis par les lois locales en rapport avec la propriété et l’exploitation d’une entreprise de télécommunications et de réseaux, systèmes et plateformes de télécommunications en Polynésie française, y compris l’autorisation en tant qu’opérateur privé de réseaux externes de télécommunications ; – La fourniture de services de télécommunications en gros et d’autres services d’infrastructure technique conformément à la législation locale ; – Le développement, l’exportation et l’importation, l’achat et la vente d’ordinateurs, de programmes informatiques, d’appareils informatiques, d’équipements de télécommunication, d’appareils de télécommunication et d’autres équipements et appareils pertinents ;– L’acquisition, la conception, le développement, la construction, l’entretien et la cession de biens immobiliers en Polynésie française ;– L’engagement d’entrepreneurs, d’agents, de consultants et d’autres conseillers en rapport avec l’un des objets susmentionnés ;– La conclusion de toutes transactions et activités industrielles, commerciales, financières ou autres qui sont directement ou indirectement liées à l’un des objet ci-dessus ou à tout autre objet susceptible de promouvoir le développement des activités de la société, et ;– Toutes activités commerciales qui se rapportent aux points ci-dessus ou qui sont accessoires à ceux-ci. »

Dans une demande de licence auprès de la Federal Communications Commission, datée de janvier dernier, Google explique que Octopus « détiendra 100% du capital et des droits de vote » sur les portions de câbles situées sur le territoire de la Polynésie française, à l’instar de sociétés similaires dans les autres pays et territoires qui accueillent les câbles, tandis que les portions situées dans les eaux internationales dépendent de Sea Fan Singapore Infrastructure. Toutes ces sociétés ont en commun d’être des « filiales indirectes » de Google LLC, la maison-mère aux États-Unis.

L’accord OPT- Google toujours pas finalisé ?

Pour rappel, Google est un « opérateur de télécommunications extérieures », un statut créé sur mesure par la loi du Pays adoptée à l’unanimité en juillet dernier, qui signifie que Google n’est pas autorisé à fournir des services de télécommunications directement au public.

Google doit en revanche fournir un accès à son réseau à l’opérateur public, l’OPT, à des conditions tarifaires préférentielles. Le texte adopté par l’assemblée mentionne que cet accès préférentiel doit permettre à l’opérateur public « d’augmenter la capacité de transport de données » de la Polynésie. Les clauses de confidentialité de mise chez les géants de la Tech ne permettent toujours pas d’avoir une vision claire sur l’étendue de l’accord global entre Google et l’OPT, piloté côté Polynésie par Moetai Brotherson lui-même.

Le représentant de Google qui était venu en Polynésie début mars assurait que le contrat était « prêt à être signé », mais est-ce aussi l’avis du Pays ? En termes de capacité, la Polynésie pourrait bénéficier d’une « paire de fibres » sur les 16 paires que compte le câble Google « de dernière génération ».  Mais l’OPT va-t-il acheter ou louer cette capacité additionnelle, à quel prix, à quel prix aussi sera-t-elle redistribuée aux fournisseurs locaux d’internet ?

Moetai Brotherson, pour qui la priorité réside avant tout dans la résilience de notre connexion au reste du monde, et dans les progrès de la digitalisation de l’administration ou de la télémédecine, très gourmands en  data, assurait aussi lors des journées « Horizons numériques» , début mars, que de nouvelles offres aux entreprises et aux particuliers fleuriraient dès la fin de l’année. Tout en concédant que l’OPT devait d’abord augmenter la « capacité absorbable » de data en modernisant ses « équipements intermédiaires ».

En tout état de cause, les filiales de l’OPT se préparent déjà à être les sous-traitants de Google : c’est une partie de ce que Moetai Brotherson avait demandé au géant américain, au nom de l’emploi local, « alors qu’on pourrait tout faire nous-mêmes », lâchait Shirshendu Battacharya, négociateur en chef de Google, début mars. Tahiti Nui Télécoms (TNT) va s’occuper des travaux d’atterrage, et Onati sera aussi sollicité pour tirer les câbles, dont le premier est attendu en novembre 2025. L’un des navires câbliers, le Subcom Endeavour qui avait déjà participé aux premiers travaux de cartographie du futur câble, est d’ailleurs à Papeete depuis ce lundi, en provenance de San Diego, et jusqu’à vendredi.

Caroline Perdrix pour Radio 1 Tahiti