L’indicateur du climat des affaires se redresse au 2e trimestre, mais reste à un niveau fortement dégradé, atteignant à peine son niveau de sortie de crise Covid, rapporte l’IEOM dans sa note conjoncturelle. Certains marqueurs s’améliorent légèrement, d’autres restent durablement dégradés, traduisant un manque de perspectives. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
La situation économique reste « fortement dégradée » au 2e trimestre, note l’Institut d’émission d'Outre-mer (IEOM), dans sa note conjoncturelle, subissant toujours les répercussions des émeutes de mai 2024 et la crise du secteur nickel : chômage, comptes sociaux dans un état critique, dépendance des aides de l’État, défaillances d’entreprises en hausse, consommation des ménages en baisse, nombreux secteurs en difficulté.
L’indicateur du climat des affaires (ICA) augmente toutefois légèrement, après avoir atteint son niveau le plus bas, il y a un an. L’Indice demeure bien inférieur aux niveaux observés entre 2021 et 2023. Son redressement « ne peut être interprété comme un signe de reprise de l’économie, mais comme celui d’une stabilisation à un niveau particulièrement dégradé », souligne l’IEOM.
Des professionnels réticents à investir
Malgré « une timide reprise », les perspectives d’activité restent incertaines. En outre, plus d’un tiers des entreprises interrogées redoutent une défaillance, un niveau « nettement supérieur » à la moyenne. « Ces indicateurs reflètent le pessimisme des professionnels interrogés ».
Les perspectives d’investissement se maintiennent également « à un niveau particulièrement bas » en dépit d’une faible progression au 2e trimestre, ce qui traduit « une absence durable de perspectives des chefs d’entreprise et leur réticence à investir dans un climat incertain ». La production de crédits aux entreprises ne décolle pas et les tensions de trésorerie persistent, « sans perspective d’amélioration notable ».
Les prix de l’alimentation augmentent
Les prix suivent la même tendance qu’au 1er trimestre, avec une hausse modérée (+ 0,4 %). Dans le détail, l’alimentation poursuit sa progression (+ 0,7 % et +2,4 % sur douze mois). Les prix de l’énergie, eux, enregistrent une baisse significative au 2e trimestre (- 2,4 %). Les projections anticipent une stabilité des prix.
L’emploi au plus mal
L’emploi salarié privé a subi une énorme perte, plus de 15 % en un an, entre le 1er trimestre 2024 et le 1er de l’année 2025, ce qui représente plus de 10 000 emplois sur un total de 66 581. Les chiffres du chômage sont élevés. En juin, 3 459 personnes bénéficient encore du chômage total, auxquelles s’ajoutent 568 bénéficiaires du chômage « exactions », ainsi que 308 salariés encore en chômage partiel.
À noter que depuis le mois de juillet, l’allocation exceptionnelle de maintien dans l’emploi, mise en place par le gouvernement collégial, a remplacé le dispositif de chômage partiel exaction, ayant pris fin en juin.
Des ménages de plus en plus vulnérables
La consommation des ménages poursuit son repli. Entre janvier et juillet, le cumul des paiements et retraits par cartes bancaires est inférieur de 8,2 % à celui de 2024 sur la même période. La vente de véhicules neufs en pâtit aussi. Ce qui augmente, après un net recul au trimestre précédent, c’est la production de prêts et des crédits à la consommation (+ 10,3 %).
Le plus inquiétant concerne la situation des ménages, de plus en plus vulnérables. Ils peinent davantage à rembourser leurs crédits et le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès des services de l’IEOM continue de croître (+ 22 % sur le trimestre et + 260 % sur un an glissant).
Les exportations progressent
Les exportations se portent mieux au 2e trimestre, mais restent malgré tout, sur un an glissant, en recul, dans un contexte de « crise sans précédent du secteur nickel », même si la production métallurgique est repartie à la hausse, tirée par le NHC. Les importations, elles, stagnent.
De son côté, le secteur du BTP ne redémarre pas, les ventes de ciment stagnent à des niveaux exceptionnellement faibles, observe l’IEOM. Les filières élevage, crevette et thon évoluent de manière contrastée, mais les professionnels du secteur primaire sont pessimistes.
Concernant l’élevage, il y a davantage d’abattages de bovins, mais une baisse de ceux de porcins. Les exportations de crevettes, elles, progressent nettement au 2e trimestre, ainsi qu’en glissement annuel. Ce qui n’est pas le cas de celles de thon, qui reculent.
Tourisme : une reprise difficile
Le tourisme est à la peine. Si près de 103 000 croisiéristes ont été accueillis au 1er trimestre, ils n’ont été que 43 315 les trois mois suivants. Le nombre de visiteurs arrivant sur le territoire par avion reste très faible (12 462 sur le trimestre), même s’il augmente.
Les Nouvelles Calédoniennes