Nouvelle-Calédonie : Un président du gouvernement et une solution pour Vale NC « dans les jours qui viennent » assure Roch Wamytan

Nouvelle-Calédonie : Un président du gouvernement et une solution pour Vale NC « dans les jours qui viennent » assure Roch Wamytan

©Congrès de la Nouvelle-Calédonie (archives)

La reprise de l’usine de nickel du Brésilien Vale, qui agite la Nouvelle-Calédonie depuis plusieurs mois, pourrait trouver « une solution dans les jours qui viennent », a déclaré dimanche soir le président du Congrès calédonien, Roch Wamytan, à la télévision NC la 1ère. Il assure également qu’un « président et un vice-président » du gouvernement sera élu « dans les jours qui viennent ».

« Nous allons peut-être dans les jours qui viennent sortir (des négociations) de l’usine du Sud avec une solution acceptable par tous », a déclaré Roch Wamytan, qui figure au rang des ténors du FLNKS (Front de libération national kanak socialiste, indépendantiste). Il a précisé que « depuis 15 jours », il avait accepté d’être le facilitateur de discussions, qui ont lieu « pratiquement tous les jours », entre la province Sud, présidée la loyaliste Sonia Backès, et le collectif « usine du sud, usine pays ».

Ce collectif, qui réunit indépendantistes, chefferies kanak et écologistes, s’oppose farouchement au rachat de cette unité métallurgique de taille mondiale par un consortium calédonien et international, incluant le négociant en matières premières suisse, Trafigura. L’offre a en revanche l’appui de l’État et de la province Sud. Alors que le nickel est un sujet éminemment politique, ce dossier a déclenché une flambée de violences fin 2020. Depuis le 10 décembre, l’usine, adossée au riche et stratégique gisement de Goro (sud), est à l’arrêt après avoir été prise d’assaut par des émeutiers. Quelque 3 000 emplois directs et indirects sont en péril.

L’escalade des tensions a conduit les indépendantistes à faire chuter le gouvernement collégial local le 2 février avant d’en prendre la majorité deux semaines plus tard grâce à une alliance avec un parti charnière. Lundi matin, les acteurs calédoniens, qui ne souhaitent pas communiquer sur le fond des négociations en cours, devaient avoir un nouvel échange avec le directeur de la division Métaux de base de Vale, Mark Travers, a également indiqué Roch Wamytan, sans plus de détails.

Intégrer « un géant de la mine et du négoce » et « un industriel pointu »

Selon des sources proches du dossier, le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) de Bercy est également partie prenante de ces discussions qui devraient « revoir le tour de table initial ». Baptisé Prony Resources, le consortium avec Trafigura prévoyait initialement que le négociant suisse détienne 25% du capital, que 25% aillent à une compagnie financière portée par l’équipe managériale sortante et que 50% reviennent à des intérêts calédoniens publics et privés.

Le nouveau montage pourrait intégrer « un géant de la mine et du négoce » et « un industriel techniquement très pointu ». Début février, Mark Travers avait déclaré au journal Les Échos, qu’il devenait « urgent de trouver une solution », au risque « d’une mise sous cocon » de l’usine. Après avoir été la cible d’une multitude d’exactions – incendies, jets de pierre, tirs d’armes à feu, dégradations – le complexe industriel de Vale, sous protection de la gendarmerie, connaît une accalmie depuis le 13 février, a indiqué à l’AFP une porte-parole de Vale-NC.

« Nous aurons un président dans les jours qui viennent »

Également interrogé sur l’élection d’un président du gouvernement calédonien, Roch Wamytan a assuré que les discussions entre les deux groupes politiques indépendantistes « vont aller à leur terme d’ici mardi », date à laquelle les membres élus du 17ème gouvernement doivent tenter, une seconde fois d’élire leur président. « Je ne sais pas si ce sera pour mardi. Mais dans tous les cas de figure, nous aurons un président et un vice-président dans les jours qui viennent », a déclaré le président du Congrès, assurant que « les indépendantistes sauront prendre leurs responsabilités ».

« Nous arrivons à un moment important, où nous allons assurer le destin de ce pays en étant majoritaires au gouvernement. Nous pouvons nous permettre de prendre quelques jours » a-t-il déclaré, concédant comme le président de l’Union calédonienne Daniel Goa, une « impréparation » des groupes indépendantistes avant d’avoir fait chuter le précédent gouvernement. « Mais du moment qu’on y est, on va assurer. Et on va assumer ».

2021, année de transition

Roch Wamytan a aussi évoqué la tribune du ministre des Outre-mer, parue au JDD ce dimanche, appelant à « une nouvelle solution consensuelle » et « un nouvel accord entre les deux camps » indépendantistes et non indépendantistes. « Je ne sais pas si on peut se diriger vers un troisième accord » a commenté le président du Congrès. « L’État a posé ça sur la table mais l’État ne nous imposera rien. C’est à nous, les représentants politiques de la Nouvelle-Calédonie, de décider entre nous ce qu’on pourra faire de mieux pour le pays ».

Sébastien Lecornu avait aussi évoqué dans sa tribune la possibilité d’un partenariat avec la France, en cas de « oui » à l’indépendance si le 3ème référendum était enclenché. « C’est en débat », a précisé Roch Wamytan. « Dans la mouvance indépendantiste, certains groupes défendent le partenariat avec la France. D’autres défendent une indépendance « intégrale ». Et d’autres défendent une indépendance en partenariat, non seulement avec la France et l’Europe, mais aussi avec les pays de la région ».

« Pour nous, 2021 sera une année de transition. Il faut sortir de la crise Covid-19 et surtout, sur ces gros dossiers que sont Vale et la question du référendum, il faut unir le pays. Et ensuite poser les bases qui vont construire l’avenir d’un futur pays », a également déclaré Roch Wamytan.

Avec AFP.