Nouvelle-Calédonie : Sonia Backes plaide le retrait de la liste des territoires non autonomes en cas de 3ème non au référendum d’indépendance

Nouvelle-Calédonie : Sonia Backes plaide le retrait de la liste des territoires non autonomes en cas de 3ème non au référendum d’indépendance

Sonia Backes, présidente non indépendantiste de la province Sud en Nouvelle-Calédonie, a demandé le retrait de l’archipel de la liste des territoires non autonomes en cas de 3ème non au référendum d’indépendance, devant le Comité spécial de décolonisation de l’ONU, ce mardi 15 juin à New York.

« En décidant par 3 fois, de manière libre et volontaire de rester intégrée à la France, la population calédonienne intéressée aura exercé son droit à l’autodétermination », a-t-elle assuré. « Elle remplira ainsi les conditions pour être désinscrite de cette liste ». La Nouvelle-Calédonie a été réinscrite sur la liste onusienne des territoires non autonomes en 1986, sous l’impulsion du FLNKS mené par Jean-Marie Tjibaou. C’est pour cette raison que l’ensemble du processus de décolonisation en Nouvelle-Calédonie, mis en place par les accords de Matignon et Nouméa, a été fait « sous l’égide des Nations Unies ». 

Pour Sonia Backes, « c’est désormais notre avenir qu’il nous appartient de construire ». « L’avenir c’est la fin de l’Accord de Nouméa et la délicate problématique de la désinscription de la Nouvelle-Calédonie de la liste des territoires non autonomes », estime-t-elle également. « Ma conviction c’est que ce sera à nous Calédoniens, de prendre en main notre destin en décidant nous-mêmes quand et comment doit continuer de s’exercer le droit à l’autodétermination », a-t-elle aussi ajouté. 

Selon les Nations Unies, sont qualifiés de non autonomes les « territoires dont les populations ne s'administrent pas encore complètement elles-mêmes ». À l'heure actuelle, 17 territoires non autonomes demeurent à l'ordre du jour du Comité spécial de décolonisation, parmi lesquels la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française depuis 2013 ou encore, Guam, Tokelau, les Samoa américaines et Pitcairn pour le seul océan Pacifique. Jusqu’en 1947, date des départementalisations et territorialisations, l’ensemble des Outre-mer était inscrit sur cette liste.

« Comme pour le processus d’inscription sur la liste, l’Assemblée générale (des Nations unies, ndlr) a le pouvoir de déterminer si un territoire a exercé son droit à l’autodétermination, par exemple par référendum, et devrait donc être retiré de la liste des territoires non autonomes », explique un document onusien sur la décolonisation. « Lorsqu’il convient, cette détermination se fonde sur une recommandation du Comité spécial. L’Assemblée générale suit une approche au cas par cas en tenant compte des circonstances particulières du territoire en question ». 

En 2002 par exemple, le Comité spécial de décolonisation avait recommandé à l’Assemblée générale de l’ONU, le retrait du Timor oriental (aujourd’hui Timor Leste), ce territoire ayant obtenu son indépendance. Dans d’autres cas, l’Assemblée générale a estimé que la puissance administrante n’était plus tenue de communiquer des renseignements à l’ONU sur la situation dans le territoire, « indiquant que le territoire concerné n’est plus considéré comme non autonome et fonde son retrait de la liste des territoires non autonomes ».

« La situation calédonienne ne ressemble aujourd’hui en rien à d’autres situations de décolonisation. Il n’y a plus en Nouvelle-Calédonie une puissance administrante et un peuple colonisé », a déclaré la présidente de la province Sud, devant le Comité spécial. « La France a accepté, avec humilité, des mesures fortes depuis 30 ans pour prendre en compte ses parts d’ombres » a-t-elle aussi rappelé, citant le gel du corps électoral « pour satisfaire les indépendantistes ». 

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« Aujourd’hui, ce sont plus de 20 % des résidents calédoniens parfois installés depuis plus de 20 ans qui ne pourront pas voter au prochain référendum », regrette-t-elle. « Parallèlement, les Kanak, en tant que peuple premier, ont vu leur place reconnue, légitimée et protégée. Par exemple, les jeunes Kanak majeurs sont tous inscrits automatiquement sur les listes électorales alors que les autres jeunes majeurs doivent effectuer des démarches lourdes et complexes ». 

Elle a aussi rappelé « le rééquilibrage politique, social et culturel engagé depuis plus de 30 ans » conférant à la Nouvelle-Calédonie « un niveau d’autonomie proche de l’indépendance ». « C’est encore la souveraineté sur ses ressources naturelles, sur sa fiscalité, sur sa santé, sur son éducation. Aujourd’hui, aucun Calédonien, quelle que soit son origine, ne se trouve sujet « à une subjugation », « à une domination » ou à « une exploitation » étrangères ». 

L’élue non indépendantiste assure comprendre « la quête de dignité, réelle ou ancrée dans l’inconscient collectif de la communauté Kanak » et demande que « toutes les formations politiques » travaillent « ensemble à la réconciliation des mémoires dans laquelle chacun pourra recouvrer sa dignité : celle du peuple autochtone et celle de tous ceux qui se sont enracinés depuis ». Sonia Backes a enfin plaidé pour « un projet d’avenir commun qui assure à chacun sa dignité et sa liberté ; qui offre à chacun cette terre en partage dans le respect de sa culture, de ses coutumes et de ses aspirations, au sein de ce grand espace de liberté et de protection qu’est la République française ».