Lors de sa visite la semaine dernière, Marie Guévenoux, ministre déléguée aux Outre-mer, a rencontré les forces de l’ordre, les maires, les acteurs économiques. Elle a surtout passé du temps avec les représentants politiques. Chaque groupe du Congrès a obtenu un temps privilégié avec la ministre, dans l’idée que son message remonte jusqu’au président de la République. Détails avec notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.
Calédonie ensemble : "Que les aides de l’État soient adossées à un plan"
"Notre première attente était d’illustrer la gravité extrême dans laquelle le pays est plongé, commence Philippe Dunoyer, pour Calédonie Ensemble. Nous attendons de l’État une prise de conscience de l’énormité des dégâts et du danger d’effondrement. Si les aides de l’État ne sont pas adossées à un plan, nous ne parviendrons pas à régler les nouveaux problèmes qui se déclenchent chaque jour. Il reste un décalage entre les actions mises en place et la vitesse de la lame de fond qui arrive."
Pour Philippe Dunoyer, dans un très court terme, "c’est un sauvetage" qui est nécessaire, puis dans un avenir proche, il sera possible de parler de "reconstruction". Même si la ministre est installée au sein d’un gouvernement démissionnaire, "ces entretiens remonteront au président de la République et autres ministres démissionnaires. Il faudra les faire prospérer et les réitérer lors du prochain gouvernement."
Union nationale pour l’indépendance : "Recréer la confiance"
"Nous nous étions engagés auprès du président de la République dans un processus de désescalade, et le calme revient doucement, estime Jean-Pierre Djaïwé, pour l’UNI. La vie reprend son cours petit à petit, mais les conséquences sont bien là, elles sont énormes, tant sur le point social que sanitaire, et sur le plan politique, la situation est très difficile, il est difficile de reprendre les discussions entre nous."
La ministre a posé une question importante selon Jean-Pierre Djaïwé : "Est-ce que ça vaut la peine de réinvestir dans quelque chose qui risque de ne pas être durable ?" Il estime que "la réponse est politique : quel sera le futur statut de la Nouvelle-Calédonie ? Car c’est en fonction de ce statut, définitif, que la Nouvelle-Calédonie pourra retrouver de la stabilité. Mais il faut recréer la confiance, et ce futur statut, que nous devons trouver entre nous, permettra de restaurer cette confiance. Nous, à l’UNI-Palika, nous envisageons une indépendance en partenariat avec la France, même si le fond reste à affiner. Mais avant tout, la priorité, c’est un retour au calme et une relance économique."
Les Loyalistes : "L’État doit reprendre la main, son rôle est de reprendre le dialogue"
"La ministre avait déjà rencontré Sonia Backès, le monde économique, alors nous nous sommes attachés à parler des perspectives à donner aux Calédoniens en sortant de l’Accord, commence Gil Brial, pour le groupe Les Loyalistes au Congrès. "Le président est venu, il a demandé que le calme revienne en 72 heures. 70 jours après, nous n’avons pas Versailles -inscription du dégel du corps électoral dans la constitution-, pas d’ordre, pas de négociations. Quand ça a commencé à brûler, nous étions tous les groupes politiques en discussion. La difficulté, c’est pour les indépendantistes à se mettre d’accord. L’État a les cartes en main, et qu’il soit démissionnaire, ça complique les choses", estime Gil Brial. Le groupe Les Loyalistes pense qu'"aujourd’hui, le Calédonien a besoin de perspectives. Un chemin est encore possible, mais plus le temps passe, plus il est étroit. Nous sommes tous d’accord pour sortir de l’Accord de Nouméa, mais comment ? L’État doit reprendre la main, son rôle est de reprendre le dialogue." Le groupe Les Loyalistes a également abordé avec la ministre le sujet des ingérences des pays étrangers, "comme l’Azerbaïdjan."
L’Éveil océanien : "Le président doit trancher"
"Nous sommes passés en dernier, alors oui, nous lui avions fait part de la situation économique et sociale, mais nous nous sommes concentrés plutôt sur les aspects politiques, à l’image des quatre parlementaires calédoniens qui ont rencontré le président : il faut reprendre la discussion !" commence Milakulo Tukumuli, pour l’Éveil océanien. "Il y avait des discussions avant le 13 mai, mais le centre de gravité des discussions a peut-être changé… Le président de la République doit trancher. Soit il arrive à mettre tout le monde d’accord, et à mettre en place un accord politique avant les élections provinciales, soit on organise les provinciales et les discussions se font avec les nouveaux groupes politiques issus des élections, comme il l’a fait avec l’Assemblée nationale. Est-ce qu’il faut clarifier de la même manière ?" pose l’Éveil Océanien. "Nous disons des choses qui sont en rupture avec les autres groupes politiques, nous faisons parler le bon sens, Marie Guévenoux est venue nous écouter, ce sera au président de la République de clarifier."
Par Les Nouvelles Calédoniennes