Dix jours après l’annonce de Naïma Moutchou, le mouvement indépendantiste réagit lundi 24 novembre à l’organisation d’une consultation anticipée en mars 2026 sur l’accord de Bougival. Un scrutin destiné à « passer en force » sur le compromis signé en juillet, malgré l’absence de consensus. « L’État crée sciemment les conditions d’une nouvelle crise », prévient le Front, relayé par nos partenaires des Nouvelles Calédoniennes.
Dix jours après l’annonce de Naïma Moutchou, le FLNKS a finalement réagi au projet de consultation anticipée, révélé par la ministre des Outre-mer le 14 novembre sur le plateau de NC La 1ère. Dans un communiqué diffusé lundi 24 novembre et signé par Laurie Humuni (Rassemblement démocratique océanien), le mouvement de libération s’insurge de cette proposition et « constate avec gravité que l’État français a définitivement choisi la voie de l’entêtement, du passage en force et de la menace politique ».
Une consultation « improvisée »
Malgré deux entrevues avec la ministre lors de son déplacement de cinq jours sur le territoire, le Front observe que l’État entend poursuivre l’application de l’accord de Bougival, pourtant « rejeté en bloc depuis plus de trois mois par le FLNKS ». Ainsi, le gouvernement français « s’obstine en organisant une consultation improvisée, juridiquement bancale et dénuée de toute légitimité démocratique ».
Ce vote, qui doit être acté en conseil des ministres début décembre, constitue aux yeux du Front « un contournement manifeste des procédures républicaines et des obligations internationales de la France en matière de décolonisation ». Par conséquent, « l’État s’écarte gravement de l’État de droit et instaure une instabilité durable dans notre pays ».
La mise en œuvre de Bougival malgré le désaccord du FLNKS traduit, d’autre part, « une négation pure et simple du fait colonial et de son histoire », et participe à réactiver « une logique de domination qui structure depuis trop longtemps les relations entre Paris et le peuple kanak », critique le mouvement. Au contraire, poursuit le communiqué, c’est à travers le « respect du droit à l’autodétermination » et « un dialogue bilatéral fondé sur la vérité, la justice et la reconnaissance du fait colonial » que le pays pourra retrouver une stabilité.
Manœuvres jusqu’au-boutistes
En appliquant une méthode basée uniquement sur « le fait majoritaire » mais « sans consensus », l’État « crée sciemment les conditions d’une nouvelle crise » et « portera seul la responsabilité politique, historique et morale des conséquences de ses manœuvres jusqu’au-boutistes », avertit le Front.
Pour autant, le bureau politique affirme vouloir poursuivre les discussions avec l’État, persuadé qu’un « dialogue sincère reste possible ». Il devra toutefois se tenir dans le cadre du processus de décolonisation engagé par l’accord de Nouméa, avec l’objectif clair de l’accession à l’indépendance du pays, « accompagnée de la négociation de partenariats à construire avec la France, fondés sur la gestion concertée de nos interdépendances ».
Baptiste Gouret pour Les Nouvelles Calédoniennes























