Plusieurs centaines de manifestants calédoniens se sont donnés rendez-vous à Paris ce mercredi, à l’occasion des traditionnelles manifestations du 1er mai. À l’instar des manifestations organisées localement par les mouvements indépendantistes, ils sont venus porter leur opposition au dégel du corps électoral provincial.
« Nous sommes là pour crier haut et fort à Monsieur Darmanin qu’il ne faut pas toucher aux fondamentaux des accords de paix », a déclaré Jean-Pierre Xowie, parmi les organisateurs de cette mobilisation parisienne. Environ 500 personnes, essentiellement des Calédoniens de l’Hexagone, ont rejoint la Capitale pour défiler au sein même du cortège de la CGT, d’ailleurs remerciée pour la place laissée aux sympathisants Kanak.
Principale revendication : le non au dégel du corps électoral. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer espère faire adopter une réforme constitutionnelle visant à inscrire sur les listes électorales provinciales environ 25 000 natifs et personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis au moins les 10 dernières années. Si l’ouverture aux natifs calédoniens ne posent pas de problèmes aux mouvements indépendantistes, ils sont toutefois opposés à l’inscription des personnes résidents depuis 10 ans.
Selon un accord signé avec Gérald Darmanin et les autres formations politiques calédoniennes, les indépendantistes du FLNKS avaient demandé une étude d’impact sur l’inscription des résidents de plus de 10 ans. En ligne de mire : les prochaines élections provinciales qui pourraient se tenir fin 2024. Pour Didier Tini, président de la CCSK, le dégel du corps électoral « est un danger pour nous. On demande de ne pas faire passer le dégel du corps électoral (…). Ils vont étouffer ces jeunes ».
Adoptée le 2 avril au Sénat, cette réforme constitutionnelle doit arriver sur les bancs de l'Assemblée nationale début mai, pour une adoption au Congrès de Versailles avant l'été. En début de semaine, une mission d’information parlementaire sur l’avenir en Nouvelle-Calédonie a appelé à la mise en place d'une « mission impartiale » en vue de parvenir à un « accord global », et pas uniquement une réforme sur le corps électoral, jugée inquiétante par les députés de la mission, dans un contexte de « montée de la tension et des radicalisations ».