Nouvelle-Calédonie : L’État refuse de financer l’aide d’urgence de 9 milliards de Fcfp, faute d’une réforme « volontariste » de la TGC

Nouvelle-Calédonie : L’État refuse de financer l’aide d’urgence de 9 milliards de Fcfp, faute d’une réforme « volontariste » de la TGC

Le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a annoncé que l’État français ne financera pas l’aide d’urgence de 9 milliards de Fcfp, conditionnée à l’adoption d’une réforme de la Taxe Générale sur la Consommation (TGC). Si cette réforme a bien été adoptée le 16 janvier, elle est jugée insuffisante par l’État, et vidée de sa substance par rapport au projet initial porté par le précédent exécutif local. Ce financement devait notamment permettre de soutenir le chômage de droit commun, dont la prise en charge est désormais incertaine. Focus avec le reportage de nos partenaires de CALEDONIA.

« C’est une très mauvaise nouvelle » estime Christopher Gygès, porte-parole du 18ème gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. « L’État a considéré que la réforme de la TGC n’était pas assez volontariste pour que les 9 milliards soient versés », a constaté le membre de l’exécutif, exécutif qui « a travaillé avec l’État il y a encore quelques jours pour assurer le financement du chômage et du chômage partiel ».

Cette aide de 9 milliards de Fcfp (environ 75,5 millions d’euros) correspond à la troisième tranche prévue d’une aide plus vaste de 27,6 milliards, dont les deux premiers tiers ont été débloqués, Paris jugeant les deux premières conditions remplies par le gouvernement de l’ancien président calédonien Louis Mapou : la création d’un jour de carence en cas d’arrêt maladie et la hausse de la Contribution de solidarité calédonienne.

« Aujourd’hui, on est dans une logique de reprise de l’activité économique, d’un dialogue exigeant avec l’État, et on sait que l’État sera à nos côtés et on l’espère, pour financer les restes des collectivités et les dispositifs de chômage » assure Christopher Gygès après ce revers.

Le dispositif de chômage partiel, prévu jusqu’au 31 mars 2025, reste en place pour le moment. Cependant, l’incertitude plane sur le financement du chômage de droit commun, que la Caisse d’Assurance Familiale, Agricole et de Retraite (CAFAT) ne pourra plus assurer à partir du mois prochain. Cette situation inquiète fortement les partenaires sociaux, qui redoutent des conséquences dramatiques pour les salariés concernés.

Steeve Teriitehau, représentant des organisations syndicales, a fait part de son « sentiment de colère » : « On a découvert ça ce matin en réunion. Cependant, cela nous a forgé dans le fait qu’il faille aller très vite dans une solution qui vient à ne pas pénaliser le chômage de droit commun et le chômage partiel. Donc là, ce sont des milliers de salariés qui vont se retrouver sans pouvoir d’achat. Ça nous a renforcé dans la volonté de trouver une solution dans un délai très court ».

Face à cette situation, le 18ème gouvernement de Nouvelle-Calédonie affirme poursuivre ses discussions avec l’État et les partenaires sociaux. Une commission a également été créée pour travailler sur le dossier du financement des comptes sociaux, dans l’espoir de trouver une issue rapide à cette crise. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer l’avenir des dispositifs de soutien à l’emploi et au pouvoir d’achat des Calédoniens. 

Damien Chaillot