Nouvelle-Calédonie : Les parlementaires indépendantistes demandent une reprise du dialogue en passant par le Parlement

©Outremers360

Nouvelle-Calédonie : Les parlementaires indépendantistes demandent une reprise du dialogue en passant par le Parlement

Le député Emmanuel Tjibaou et le sénateur Robert Xowie ont demandé, ce mardi, une reprise du dialogue en s’appuyant sur le Parlement, dans un contexte politique sans gouvernement de plein exercice ni majorité absolue à l’Assemblée nationale. Ils demandent aussi à l’État, « responsable » de la situation, de « maintenir la vie » sur l’archipel.  

Rendez-vous était donné ce mardi matin au Palais Bourbon, dans la salle baptisée Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, « deux illustres personnages de notre pays », pour la première prise de parole publique et commune des deux parlementaires indépendantistes de Nouvelle-Calédonie. 

Emmanuel Tjibaou, élu député dans la 2ème circonscription de l’archipel le 7 juillet, et Robert Xowie, ancien maire de Lifou élu sénateur en septembre 2023, étaient entourés par les députés socialistes Béatrice Bellay (Martinique) et Arthur Delaporte (Calvados). « C'est avec une certaine gravité qu'on vient au-devant de chacun de ceux qui nous écoutent pour témoigner de la situation de notre pays aujourd'hui » a expliqué Emmanuel Tjibaou. 

Depuis le 13 mai dernier et l’adoption à l’Assemblée nationale du projet de loi constitutionnel visant au dégel du corps électoral provincial, l’archipel traverse une crise quasi-insurrectionnel, ayant engendré au moins au moins 2,2 milliards d'euros de dégâts, détruit 700 entreprises et fait dix victimes. L’adoption de ce projet de loi a été vécu comme « un passage en force » des indépendantistes de l’archipel, qui a « porté atteinte aux accords de paix ». 

Comme l’ensemble du FLNKS, les deux parlementaires demandent une nouvelle fois à l'État une « position claire » sur l'annulation du projet constitutionnel de dégel du corps électoral aux scrutins provinciaux, suspendu en juin par Emmanuel Macron. Demande appuyée par la députée de Martinique Béatrice Bellay. « Si on en est arrivé là, c’est la responsabilité de l’État », estime Robert Xowie. 

Une nouvelle « mission parlementaire » 

« Pour reprendre la main, il faut redonner des gages de confiance aux indépendantistes », a ajouté le député Emmanuel Tjibaou, insistant sur le besoin de « pédagogie ». Pour les parlementaires présents ce matin, la réponse doit venir du Parlement, alors que Paris se retrouve, au lendemain des législatives, sans gouvernement de plein exercice et sans majorité absolue à l’Assemblée nationale. 

« Le pouvoir est repassé au Parlement » assure Arthur Delaporte qui dit avoir demandé à la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, « de réunir de toute urgence le groupe de contact sur la Nouvelle-Calédonie » pour « entendre » les missions qui se sont dernièrement rendues sur l’archipel ainsi que le gouvernement, et nommer une nouvelle « mission parlementaire ». 

Quelques mois avant la crise qui traverse l’archipel, la délégation aux Outre-mer avait déjà préconisé, en vain, l’envoie d’une mission parlementaire en Nouvelle-Calédonie. Robert Xowie a aussi plaidé pour une « mission internationale à travers l’ONU et les États insulaires du Pacifique ». Une telle mission a d’ailleurs été confirmée par le Forum des îles du Pacifique

« Maintenir la vie sur l’archipel »

« On ne peut pas reconstruire le pays tant que les discussions ne seront pas faites », a aussi assuré Robert Xowie. « Il ne peut pas y avoir de trêve en temps de misère sociale » a ajouté Béatrice Bellay, en référence à la trêve politique des Jeux Olympiques, adressant pour l’occasion une « main tendue à l’État » et demandant de ne pas mettre la Nouvelle-Calédonie de côté en raison des jeux.

« Si on ne répond pas aux problématiques de la crise économique, on risque de se retrouver dans une crise humanitaire, où le politique n'aura plus sa place », a alerté Emmanuel Tjibaou, tandis que le sénateur Robert Xowie appelle l’État à « maintenir la vie sur l’archipel à travers des mesures d’urgences ». Les parlementaires indépendantistes demandent aussi un « fondement institutionnel » à l’avenir de la Nouvelle-Calédonie.