Début septembre, indépendantistes et non-indépendantistes étaient réunis à Paris afin d’échanger autour de l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie. De cette rencontre, avait émané un programme, un calendrier, et un document martyr, provisoire et ouvert aux avis et contre-propositions. C’est ce que viennent de faire les deux groupes non-indépendantiste des Loyalistes et du Rassemblement, ce mardi 31 octobre 2023. Focus grâce aux propos recueillis par nos partenaires de CALEDONIA.
Un ensemble de contre-propositions qui seront à soumettre et à comparer à celles des indépendantistes, afin de trouver ensemble un terrain d’entente pour l’avenir institutionnel du territoire. L’objectif fixé par la semaine de négociation qui s’est déroulé à Paris en présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, ou encore du président de la République, Emmanuel Macron. Au bilan, un document martyr fruit des échanges et des propositions de chacun, afin que ce dernier puisse être étudié, avant d’en faire un retour pour chaque camp.
Pour les groupes des Loyalistes et du Rassemblement, l'heure est aux contre-propositions, qui viennent abonder dans le questionnement de l’avenir institutionnel du territoire, telles que la place de l’euro en tant que monnaie officielle, l’accord de la citoyenneté calédonienne après 5 ans de résidence, ou encore la prévision d’une période de 50 ans avant de voter un nouveau statut pour le territoire. Quelques propositions, parmi d’autres, qui seront présentées au gouvernement français, comparées et débattues avec celles des groupes indépendantistes.
Parmi les questions abordées, celle, épineuse, du corps électoral, explique Alcide Ponga, président par intérim du groupe Le Rassemblement, au micro de CALEDONIA : « Vous savez le Calédonien lambda ou même certains élus que nous sommes, on ne comprend plus rien sur les corps électoraux. Il y a la générale, la spécifique, la référendaire, voilà, c’est un fouillis complet, donc il faudrait qu’on arrive à le simplifier à un moment donné. Vous avez peut-être la générale pour les communes, ce qui concerne les élections nationales, et puis, celle qui concernent les élections en Nouvelle-Calédonie qui peut à la fois concerner les élections provinciales, et puis pourquoi pas la liste des élection référendaire, que ça soit une seule et même liste ».
Autre question à étudier pour le président par intérim du groupe Le Rassemblement, celle de la modernisation des institutions : « Sur les questions de modernisation de nos institutions, il faut réfléchir de façon pragmatique et efficace pour répondre aux besoins des Calédoniens. Il y a eu des transferts de compétences à une époque, mais à un moment donné, quand on transfert des compétences, ces compétences-là, on les assume pour le bien des calédoniens, mais si on ne les assume pas, il faut se poser la question ; parce qu’on est en responsabilité. Donc quelles sont les compétences qu’on est capable d’assumer, quelles sont celles qu’on n'est pas capable d’assumer, et puis on essaye de trouver des solutions et d'avancer ».
De son côté, Sonia Backès, présidente de la Province Sud et présidente du groupe Les Loyalistes, met en avant l’apport du dialogue initié à Paris, même dans le désaccord : « L’idée, c’est qu’évidemment, on cherche un accord, il y a s’ailleurs des discussions la semaine prochaine, en présence du préfet Bastille, et il y aura des discussions qui continueront les 24 et 25 novembre, quand Gerald Darmanin sera en Nouvelle-Calédonie. Il y a des rencontres, entre nous, qui nous permettent d’aborder, enfin, les points durs, ceux sur lesquels on est d’accord, les points sur lesquels il y a désaccord ».
Une situation d’échange, qui reste néanmoins contrainte par la réalité du calendrier électoral, rappel Sonia Backès : « Mais de toute façon, ce calendrier est tendu parce que le calendrier électoral l’est aussi, et que les élections Provinciales doivent avoir lieu en 2024. Le président de la République s’y est engagé également devant les autres outremers, cette réforme constitutionnelle pour la Nouvelle-Calédonie, elle sera mise dans les circuits au mois de décembre prochain. S’il n’y a pas d’accord, il n’y aura que le sujet du corps électoral qui sera traité par la réforme constitutionnel, et dans ce cas-là il n’y a pas de consultation spécifique des calédoniens, par contre s’il y a un accord plus global, qui concerne le corps électoral, le droit à l’autodétermination, l’organisation des institutions, dans ce cas-là, il y aura un référendum de ratification, c’est-à-dire que les calédoniens devront s’exprimer pour savoir s’ils sont d’accord ou pas d’accord avec l’accord que les responsables politiques auront trouvés ».
Damien Chaillot