Le gouvernement français a décidé d 'envoyer une mission de trois facilitateurs en Nouvelle-Calédonie à partir du 1er décembre pour accompagner la poursuite du dialogue sur l'avenir institutionnel de l'archipel. Mandatée par le Premier ministre et la ministre des Outre-mer, la mission se compose de trois personnalités reconnues pour leur expérience approfondie du dossier calédonien : Rémi Bastille, Thierry Lataste et Benoît Lombrière.
Leur rôle ne sera pas celui de négociateurs, mais de facilitateurs, chargés d’identifier les points nécessitant des éclaircissements ou des ajustements afin de favoriser une adhésion politique la plus large possible au texte en discussion. Selon le communiqué du gouvernement, leur objectif est clair : « appuyer l’action du gouvernement pour parvenir, avec l’ensemble des partenaires, à un accord consensuel sur l’avenir du territoire ». Cette mission devra également contribuer à l'élaboration d'un document pédagogique exposant les dispositions essentielles de l'accord, permettant aux électeurs concernés par la consultation anticipée de se prononcer en pleine connaissance de cause.
Cette démarche s’inscrit dans la continuité des échanges menés récemment par Naïma Moutchou, ministre des Outre-mer, lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie. Ces discussions avaient permis de dégager quatre convergences majeures : le soutien réaffirmé des signataires à l’accord de Bougival, le principe d’une consultation anticipée, la poursuite des discussions politiques et le lancement d’un plan de relance économique.
Trois experts rompus aux questions calédoniennes
Thierry Lataste ancien Secrétaire général de la Nouvelle-Calédonie entre 1991 et 1994, fut l'un des principaux négociateurs de l'accord de Nouméa en 1998, qu'il signa en tant que représentant du secrétaire d'État à l'outre-mer. Il a ensuite occupé deux fois le poste de haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie : une première fois de 1999 à 2002, au début de l'application de l'accord de Nouméa, puis de 2016 à 2019, avec notamment la charge d'organiser le référendum de 2018 sur l'indépendance. Sa connaissance des accords de Nouméa et sa participation aux négociations fondatrices font de lui un acteur clé de ce processus.
Rémi Bastille est un spécialiste reconnu de la Nouvelle-Calédonie depuis sa première mission sur le territoire en 2016, lorsqu'il était chef adjoint du cabinet du Premier ministre Manuel Valls. Ancien conseiller auprès de l’ancienne ministre des Outre-mer, Annick Girardin -il avait entre autres participé à l’organisation des deux premiers référendums-, Rémi Bastille a officié au Haut-commissariat de la Nouvelle-Calédonie, en novembre 2020, en tant que secrétaire général. Il avait notamment été nommé « préfet en charge d’une mission de service public », celle de conduire les travaux sur l’avenir institutionnel de l’archipel. Il a également accompagné Emmanuel Macron lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie en mai 2024.
Benoît Lombrière apporte une expertise complémentaire acquise au fil de plusieurs missions. Il a fait partie du groupe d'experts dirigé par Alain Christnacht et Jean-François Merle, constitué en 2014 lors du XIIe comité des signataires pour travailler sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Ancien conseiller Outre-mer de Nicolas Sarkozy, il a participé, en juillet, aux négociations de l'accord de Bougival.
Cette mission de facilitation intervient dans un contexte marqué par de profondes divisions. L'accord de Bougival, signé le 12 juillet 2025 après dix jours de négociations intenses menées par Manuel Valls, prévoit la création d'un "État de la Nouvelle-Calédonie" au sein de la République française, une nationalité calédonienne coexistant avec la nationalité française, et un nouveau partage des compétences entre l'État et les institutions locales.
Un calendrier resserré
Le gouvernement prévoit de présenter le projet de loi organisant la consultation en Conseil des ministres le 17 décembre, en vue d’un examen parlementaire dès le début du mois de janvier 2026. Ce calendrier doit permettre d’intégrer, le cas échéant, les conclusions issues des travaux de la mission de facilitateurs.
Dans un contexte où la confiance reste fragile entre l’État et les forces politiques locales, l’exécutif mise sur cette mission pour restaurer un cadre de dialogue crédible, condition indispensable à la poursuite du processus institutionnel et à la stabilisation durable de la Nouvelle-Calédonie.























