Nouvelle-Calédonie : Le FLNKS réclame de nouveau le retrait des forces de l’ordre, la libération des « prisonniers politiques » et l’abandon du dégel du corps électoral

©Anthony Tejero / Les Nouvelles Calédoniennes

Nouvelle-Calédonie : Le FLNKS réclame de nouveau le retrait des forces de l’ordre, la libération des « prisonniers politiques » et l’abandon du dégel du corps électoral

Le bureau politique du FLNKS a tenu une conférence de presse, ce mercredi à Dumbéa, afin de réitérer plusieurs réclamations des indépendantistes : le retrait des forces de l’ordre et la libération de « ses prisonniers politiques », le retrait définitif du projet sur le dégel du corps électoral, et la venue d’une mission de dialogue « neutre et de niveau international » afin de faire émerger un « consensus vers la pleine souveraineté » de Kanaky. Un sujet de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Le Front réclame le départ « immédiat » des forces de l’ordre

Si leur arrivée en masse a été vécue comme un véritable soulagement pour une partie de la population, notamment dans les quartiers tenus aux mains des émeutiers, les forces de l’ordre font encore l’objet de vives critiques de la part du camp indépendantiste, à commencer par le FLNKS, qui organisait une conférence de presse, ce mercredi 17 juillet, à Dumbéa.

Le Front réitère la demande maintes fois formulée par l’Union calédonienne (UC), à savoir que l’État retire « immédiatement » ses troupes du pays « car cela n’a pour seule conséquence que d’envenimer la situation ». Et ce, estimant que « la répression militaire et policière n’est pas la solution d’un État de droit mais bien celle d’un État autoritaire où la démocratie n’est qu’une mascarade. »

Le FLNKS dénonce également « la différence de traitement » dans les affaires judiciaires, avec d’une part la « déportation » de ses « prisonniers politiques » (comprenez les chefs de file de la CCAT dont ils réclament la libération et le rapatriement), et d’autre part la « liberté de certains élus politiques anti-indépendantistes qui font acte de violence et restent libres de circuler ».

Une nouvelle fois le bloc indépendantiste demande le renvoi dans l’Hexagone du haut-commissaire et du procureur de la République, considérés comme « les représentants de sa dictature coloniale qui sont des sources évidentes d’instabilité ».

Retrait « définitif » du projet de dégel électoral

Sur le projet de dégel du corps électoral « passé en force » et à l’origine des émeutes, le Front pressent que ce dossier, en raison de la dissolution de l’Assemblée Nationale et de l’incertitude politique qu’elle génère, « risque d’être placé dans un tiroir en attendant des jours meilleurs ». Sans surprise, les indépendantistes réitèrent donc leur demande de retirer « définitivement » ce projet de loi constitutionnelle.

Par ailleurs, ils incitent le président Emmanuel Macron à nommer son Premier ministre « rapidement » et de le désigner « en qualité d’interlocuteur privilégié auprès du FLNKS » qui souhaite la venue d’une mission de dialogue de « composition politique, neutre et de niveau international ».

Vive réaction au discours « rétrograde » de Sonia Backès

Après le Palika et Calédonie ensemble, le mouvement tient à son tour à réagir vivement à la longue allocution de Sonia Backès, dimanche 14 juillet, prônant notamment une autonomisation des provinces. « La triste déclaration de ces derniers jours est clairement un aveu de faiblesse de l’opposition, qui n’a eu de cesse de cumuler les échecs politiques en s’enfermant dans des discours rétrogrades, prouvant leur méconnaissance flagrante de l’histoire et démontrant leur déni de la culture kanak et océanienne », martèle le FLNKS, pour qui, au contraire, le consensus doit être « une trajectoire qui nous mènera tous peu importe notre origine vers notre pleine et entière souveraineté. » 

Le Front souhaite d’ailleurs « réaffirmer » aux Calédoniens « sa vision d’une Kanaky indépendante » qui « s’inscrit clairement dans le cadre d’un pays un et indivisible, d’un peuple Kanak riche de sa diversité identitaire, ethnique et culturelle et d’un gouvernement élu démocratiquement par son peuple. »

À travers la proposition de la présidente de la province Sud, le camp indépendantiste dénonce enfin « la volonté de l’opposition de reproduire à l’échelle du territoire, l’apartheid social qui sévit à Nouméa » et regrette « l’échec » de l’Accord de Nouméa qui est, selon le Front, « le bilan politique des anti-indépendantistes majoritaires » depuis 1988.

Bientôt un nouveau Congrès

Le Front profite de cette conférence de presse pour remercier la mobilisation massive de ses électeurs, aux dernières législatives qui ont vu la victoire du député indépendantiste Emmanuel Tjibaou « afin que notre pays puisse être dignement représenté à l’Assemblée nationale, que notre voix, celle du peuple kanak, celle du peuple océanien, celle de toute la population calédonienne, puisse enfin être entendue au niveau national ».

Dans ce contexte, le FLKNS tiendra son Congrès « prochainement » afin de définir la « nouvelle stratégie (pour accéder à la pleine souveraineté) en réponse à la réalité politique nationale qui se dessinera dans les prochains jours ».

Anthony Tejero pour Les Nouvelles Calédoniennes